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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Largillière, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0112

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LARGILLIÈRE.

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quatre louis, c’est ce qu’il y a de plus limpide dans l’histoire. Le fils
de Largillière reste un peu voilé.

Largillière entouré de sa famille apparaît comme un homme tout
à fait heureux, il gagnait de l’argent, il avait fait des placements
productifs, nous voyons que, dès le 17 février 1700, il possédait une
rente de 700 livres sur les aydes et gabelles1, il vivait comme un
bourgeois qui ne se refuse pas un certain luxe. Nous le savons par un
curieux document qui nous permet d’entrer chez lui. Vers la fin du
siècle, Louis XIV, qui avait donné de si pompeux exemples de prodi-
galité, signifia à ses sujets la nécessité de faire des économies. On vit
paraître successivement plusieurs édits somptuaires. Le roi entendait
qu’on n’abusât pas de la dorure. De là l’édit de mars 1700, qui limi-
tait, d’une manière gênante et tant soit peu abusive, le poids des
ouvrages d’or dont la fabrication restait permise. On fit des visites
dans les quartiers riches, on sollicita de la part des gens suspects
d’être bien meublés des déclarations dont il fallait attester la sincé-
rité en les revêtant de sa signature. Le 17 avril 1700, Largillière,
peintre ordinaire du roi en son Académie, demeurant rue Sainte-
Avoye, fut invité à comparaître. Le digne homme avoua noblement
son crime. Il possédait un clavecin doré et peint avec son pied doré,
assez beau meuble qui prouve qu’on faisait de la musique chez le
portraitiste; mais son luxe se manifestait par d’autres fantaisies
condamnables : « le pied d’une table de marbre de bois doré, quatre
fauteuils, six chaises et quatre tabourets dont les bois sont dorés,
deux garnitures de feu, pelles, pincettes et tenailles dont les pommes
sont dorées, deux bras de cuivre doré, deux guéridons de marque-
terie, garnis de quelques ornements de bois doré; enfin, Largillière,
dont la loyauté est sans mesure, va jusqu’à déclarer « huit petits
pieds de bois doré pour mettre des porcelaines 2 ». Toutes ces magni-
ficences révoltèrent peut-être l’agent chargé de la visite, mais elles
témoignent d’un bien-être qui ne nous est pas indifférent, car il ne
nous déplaît pas de voir un portraitiste bien meublé.

Cette visite précéda de quelques mois l’acte que Largillière signa
bientôt à l’Hôtel de Ville. Le 4 septembre 1702, il fut mandé par les
échevins et contracta avec eux un nouveau marché. D’après le
contrat que Leroux de Lincy nous a conservé, il s’agissait de peindre,
au prix de 5,300 livres, tous les officiers en charge. Nous ne savons

L Nouvelles Archives de l’Art français, 1876, p. 78.

2. Nouvelles Archives de l’Art français, 1874-1875, p. 223.
 
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