COLLECTION D’ARMES DU MUSÉE D’ARTILLERIE. 287
lions deux figures. Cette belle armure qui date de la fin du xvie siècle,
était attribuée, à l’arsenal de Sedan, à Godefroy de Bouillon, tout
comme la belle armure d’un Médicis, aujourd’hui bien identifiée par sa
date et ses devises, fabriquée en 1515, date pourtant gravée sur un de
ses gantelets, était considérée comme ayant appartenu à Jeanne d’Arc.
Nous ne parlerons que pour mémoire de la demi-armure du Béar-
nais, car sa valeur artistique est nulle. C’est celle d’un rude soldat
comme le fut Henri IV et qui n’a d’intéressant que son extrême sim-
plicité, ses belles qualités de forge, les traces de coups qu’elle porte.
Comme nous l’avons dit d’autre part, avec son casque qui est une
simple salade en forme de morion où les clous des garnitures pré-
sentent leur tète dorée, façonnées en fleurs de lis, ce harnois de
guerre, de fer noirci, semble déjà rentrer dans la tradition moderne.
Quel contraste avec l’élégante demi-armure mordorée du dernier des
Valois, qui est pourtant sa contemporaine. Cette cuirasse à épais
renfort, à simple arrière-bras en écrevisse, à avant-bras formant
bras de fer, à grande braconnière courte enserrant avec le garde-
rein le bassin dans un tonnelet d’acier, est bien celle de ce fort
homme de guerre qui fit le coup de pistolet comme un simple ritt-
mestre, voire contre le grand Alexandre Farnèse, le seul dont l'étoile
n’ait point pâli devant celle d’Henri de Navarre.
Par un hasard singulier, on peut voir, dans la salle faisant suite
à celle des armures où sont les harnois des souverains, un casque
ayant appartenu à ce grand-duc de Parme qui fit tant de mal au Béar-
nais. C’est une salade de tournoi gravée à entrelacs et peinte, comme
une reliure à la Majoli ; elle faisait partie de cette armure d’Alexandre
Farnèse que l’on conserve au Musée de Vienne. Les amateurs de
peinture ont pu voir cette salade, non sans quelque surprise, figurer
sur la tète du duc Charles le Téméraire dans le tableau que M. Roybet
exposa, en ces dernières années, à Paris, sous prétexte de représenter
le massacre des habitants de la ville de Nesle en 1472 et auquel on a
fait un succès bien immérité au dernier Salon de peinture 1. En pas-
sant, reconnaissons que ce massacre n’a jamais eu lieu et qu’il se
réduisit à une exécution militaire de quelques francs-archers picards
qui avaient assassiné le parlementaire du duc chargé de les som-
mer. Dans cette jolie salade, de fabrication allemande sans doute,
les gravures se relèvent de peintures rouges, blanches, noires avec
des dorures très accentuées sur la crête.
1. Y. la Chronique des Arts, nos 26, 28 et 29 de 1893.
lions deux figures. Cette belle armure qui date de la fin du xvie siècle,
était attribuée, à l’arsenal de Sedan, à Godefroy de Bouillon, tout
comme la belle armure d’un Médicis, aujourd’hui bien identifiée par sa
date et ses devises, fabriquée en 1515, date pourtant gravée sur un de
ses gantelets, était considérée comme ayant appartenu à Jeanne d’Arc.
Nous ne parlerons que pour mémoire de la demi-armure du Béar-
nais, car sa valeur artistique est nulle. C’est celle d’un rude soldat
comme le fut Henri IV et qui n’a d’intéressant que son extrême sim-
plicité, ses belles qualités de forge, les traces de coups qu’elle porte.
Comme nous l’avons dit d’autre part, avec son casque qui est une
simple salade en forme de morion où les clous des garnitures pré-
sentent leur tète dorée, façonnées en fleurs de lis, ce harnois de
guerre, de fer noirci, semble déjà rentrer dans la tradition moderne.
Quel contraste avec l’élégante demi-armure mordorée du dernier des
Valois, qui est pourtant sa contemporaine. Cette cuirasse à épais
renfort, à simple arrière-bras en écrevisse, à avant-bras formant
bras de fer, à grande braconnière courte enserrant avec le garde-
rein le bassin dans un tonnelet d’acier, est bien celle de ce fort
homme de guerre qui fit le coup de pistolet comme un simple ritt-
mestre, voire contre le grand Alexandre Farnèse, le seul dont l'étoile
n’ait point pâli devant celle d’Henri de Navarre.
Par un hasard singulier, on peut voir, dans la salle faisant suite
à celle des armures où sont les harnois des souverains, un casque
ayant appartenu à ce grand-duc de Parme qui fit tant de mal au Béar-
nais. C’est une salade de tournoi gravée à entrelacs et peinte, comme
une reliure à la Majoli ; elle faisait partie de cette armure d’Alexandre
Farnèse que l’on conserve au Musée de Vienne. Les amateurs de
peinture ont pu voir cette salade, non sans quelque surprise, figurer
sur la tète du duc Charles le Téméraire dans le tableau que M. Roybet
exposa, en ces dernières années, à Paris, sous prétexte de représenter
le massacre des habitants de la ville de Nesle en 1472 et auquel on a
fait un succès bien immérité au dernier Salon de peinture 1. En pas-
sant, reconnaissons que ce massacre n’a jamais eu lieu et qu’il se
réduisit à une exécution militaire de quelques francs-archers picards
qui avaient assassiné le parlementaire du duc chargé de les som-
mer. Dans cette jolie salade, de fabrication allemande sans doute,
les gravures se relèvent de peintures rouges, blanches, noires avec
des dorures très accentuées sur la crête.
1. Y. la Chronique des Arts, nos 26, 28 et 29 de 1893.