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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Largillière, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0316

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LARGILLIÈRE.

303

Faverolles, n’est pas venue à la campagne : elle est absente du tableau.
Les têtes sont lumineuses et vivantes, le visage de la chanteuse est
éclairé par un jour de reflet tout à fait délicat, les costumes sont d’une
très belle exécution, le paysage est plein de liberté et d’esprit. C’est
une peinture conçue et achevée dans un jour heureux.

Largillière a eu quelques relations avec le théâtre. Nous
regrettons de ne pas savoir le nom du comédien qu’il a représenté,
dans la salle La Caze encore, et qui se montre à nous sous le visage
et avec les attributs d’Apollon. Ce porteur de lyre est étrangement
costumé. Il a une longue perruque, une robe orangée, un manteau
grenat. Au fond on aperçoit le chœur des Muses dans un décor
d’opéra.

La Comédie-Française conserve dans son Musée un portrait de
Mlle Duclos (Marie-Anne de Cliàteauneuf). Il lui vient, dit-on, de la
tragédienne elle-même qui l’aurait légué par son testament du
24 avril 1743; mais il est bien antérieur à cette date; nous ne
serions même pas surpris qu’il ait existé deux exemplaires de ce
portrait. Il y en avait un du moins chez l’amateur Ihton du Tillet.
Dans son édition de 1752, qui résume une situation plus ancienne.
d’Argenville voit chez Titon, rue de Montreuil, « la Duclos, fameuse
actrice du Théâtre-Français peinte en Ariane par Largillière et gravée
par Desplaces, Largillière connaissait bien Titon du Tillet, il
avait travaillé pour lui et peint son portrait qui a été gravé par
Petit dans une estampe dont nous parle le Mercure de décembre 1737.
Il avait fait aussi celui de Marguerite Bécaille, femme de Titon
(gravé par Desplaces).

Dans l'exemplaire de la Comédie-Française, Mlle Duclos apparaît
comme le type inoubliable de l’ancienne tragédie, la tragédie à
panache. File joue en effet Y Ariane de Thomas Corneille dans un
costume de la Régence qui accumule tous les colifichets et tous les
délires d’un déguisement de fantaisie. Elle était emphatique, plan-
tureuse, tout en dehors. Maritorne habillée en reine, elle ne fut
jamais d’une distinction suprême et elle eut de beaux emportements.
Un jour, comme elle jouait Inès de Castro, la pièce de Lamotte, le
public, saisi d’une gaiété intempestive, accueillit par des rires une
scène que la Duclos jugeait pathétique: elle se tourna vers le
parterre et lui dit presque des injures. Largillière a très bien
représenté cette commère tragique à qui Yoltaire envoya plus d’un
bouquet. Son Ariane est très exaltée avec de grands gestes et un
froufrou de draperies ronflantes ; c’est le modèle des portraits à
 
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