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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, 6, Les écoles du nord: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0353

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338

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

quable, mais fait songer à Moro. Le portrait d’homme a moins
d’accent. Le gouvernement belge a fait jadis copier ces deux
portraits. J’ignore ce qui avait motivé son choix.

Mais c’est aux effigies du prodigieux artiste ayant nom Antoine
Moro, que la section flamande du Musée de Madrid doit quelques-uns
de ses principaux éléments d’attrait. Ni les élégances de Van
Dyck, ni les effigies vraiment royales de Vélasquez, ne sauraient
rejeter dans l’ombre ces incomparables morceaux où rien n’est
abandonné au hasard, où le peintre arrive, sans l’apparence d’un
effort, à serrer de si près la nature.

Les portraits de femmes sont en majorité, mais c’est là un
simple effet du hasard, car Moro n’excellait pas moins à traduire la
physionomie masculine. Le portrait en pied du jeune empereur
Maximilien II, vêtu de blanc, est une page admirable, n’ayant peut-
être d’égale, dans l’œuvre de l’artiste, qu’un autre portrait en pied,
celui-ci du jeune Alexandre Farnèse du Musée de Parme.

Seul, de tous les portraits de Moro, celui de Marie Tudor a été
admis aux honneurs du Salon d’Isabelle II L II en constitue un des
succès les plus indiscutés, moins encore à cause de la distinction
suprême et vraiment royale de l’ensemble, que de la rigoureuse
observation de tout ce qui tient au personnage et sert à le caracté-
riser. Il serait facile de se lancer dans un monde de considérations
sur l’image d’une femme que l’histoire revêt de la sinistre épithète
de « sanglante », mais en vérité, pour n’être ni jeune ni belle, la fille
d’Henri VIII n’a rien de répulsif. Ce qui frappe surtout en elle est
l’accentuation d’une volonté indomptable. Pour le reste, nous rencon-
trons tous les jours des Anglaises, d’un âge mûr, qui lui ressemblent.
Il est vrai que celles-là ne sont point reines. Le portrait de Marie Tudor
fut une des rarespeintures queCharles-Quintemporta dans sa retraite.
Je ne crois pas, à tout prendre, qu’il fût possible de trouver un art
plus consommé mis au service d’un plus haut et plus sincère res-
pect de la vérité, que celui de Moro. Si le peintre ne cherche point à
poétiser ses modèles, cela ne l’empêche pas de les résumer avec une
éloquence qui les soustrait à toute acception de temps et de milieu.
Les portraits de Catherine de Portugal, de Marie et de Jeanne, les
filles de Charles-Quint, ou encore le portrait de la Dame en noir
(n° 1490) appartiennent aux plus magnifiques créations du genre.
Il serait hautement à désirer que le Prado trouvât le moyen, même 1

1. Voir l’eau-forfe parue dans le numéro cle la Gazette du 1er mai 1893.
 
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