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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Hermant, Jacques-René: L' art a l'exposition de Chicago, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0433

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EXPOSITION DE CHICAGO.

417

yeux du passant la situation plus ou moins brillante de ses
possesseurs. Serait-ce modestie? Non certes. Tout bon Américain
aime trop à faire étalage de sa fortune. Les raisons de cette apparente
simplicité sont d’un ordre tout pratique.

D’abord le prix élevé de la domesticité et sa déplorable qualité
qui font reculer beaucoup de familles, même des plus riches, devant
l’emploi des hommes pour le service. Ensuite l’espoir de tout
propriétaire de voir sous peu la ville s’étendre d'une façon telle qu’il
pourra revendre son terrain avec un gros bénéfice; ce que d’ailleurs
il n’hésitera nullement à faire, quitte à en racheter un autre plus
loin et à y transporter tout simplement sa maison comme nous
emportons notre mobilier d’un appartement dans un autre.

Ces voyages de. constructions sont très fréquents en Amérique,
surtout à Chicago, et donnent souvent lieu à des aventures bien
étranges, comme celle de cette maison dont le déplacement avait été
commencé un samedi et n’avait pu être achevé le jour même. Le
dimanche elle barra toute la journée la chaussée, parce que les
ouvriers ne travaillaient pas. Le lundi elle était en place sur ses
nouvelles fondations.

Il va sans dire qu’il s’agit ici de ces maisons en bois, ou en pierre
avec ossature métallique, qui sont construites sans caves sur un
pilotis qui les supporte à 60 ou 80 centimètres au-dessus du sol.

Il existe pourtant des exemples de maisons ordinaires, transpor-
tées comme un simple bloc de pierre ; nous avons pu suivre en
pleine cité le déplacement de l'une d’elles qui fut sortie de sa place,
tournée deux fois par des rues à angles droits et rentrée comme dans
une alvéole entre deux maisons existantes.

Enfin, comme nous le disions tout à l’heure, le home est pour
ainsi dire exclusivement réservé à la femme et à ses enfants ; c’est elle
qui y ordonne tout, qui le plus souvent le décore et l’installe à sa
guise. Elle y vit constamment, sortant peu, sans autre distraction
que les soins de l’intérieur, quelques visites, le travail, la lecture et
la pratique des arts d’agrément. C’est chez elle qu’il faut chercher la
culture de l’esprit, le sentiment du goût et de la distinction, le
respect de l’art et l’amour du beau. C’est elle, nous dirions même
volontiers elle seule, qui est capable de comprendre les infinies
jouissances que procure le contact journalier des belles choses.
Aussi cherche-t-elle à s’en entourer le plus possible, et l’on peut,
sans crainte d’être taxé d’exagération, dire que rien n’est plus
coquet que la majeure partie des intérieurs des familles riches.

— 3e PÉRIODE. 53

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