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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Hermant, Jacques-René: L' art a l'exposition de Chicago, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0440

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424

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’étonnement et de respect les populations naïves et ignorantes
de l’Ouest, en même temps qu’il amuserait l’Européen gouailleur et
sceptique, moins disposé à prendre du staff pour de la pierre et
du cuivre pour de l’or massif.

Ce ne sont plus ici des œuvres raisonnées et pratiques. Nous
sommes en présence du rêve d’imaginations brillantes se livrant tout
d’un coup pour la première fois au bonheur d’être débarrassées
de toute entrave et s’en donnant à cœur joie.

Un cadre superbe, un ciel bleu sans un nuage pendant de longs
mois d’été, de l’eau à profusion, du terrain à volonté : voilà le point
de départ. Un pyramidal entassement de palais, de dômes, d’arcs de
triomphe, de constructions silhouettant bizarrement sur le ciel, de
fontaines, de quais et de ponts, d’îles pittoresquement plantées et
de lagunes sillonnées de barques vénitiennes, le tout couvrant
la surface d’une véritable ville : voilà le résultat.

Peut-on, en parcourant tout cela, y rencontrer quelque coin où
l’émotion vous saisisse, où l’on se sente tout à coup attiré par une
œuvre maîtresse qui vous captive et vous passionne?— Non. — Mais
sent-on un seul instant la lassitude ou l’ennui que cause le contact
des choses laides? —• Pas davantage.

D’abord, l’impression dominante, celle qui frappe le plus vive-
ment le visiteur entrant pour la première fois, par un beau jour d’été,
dans la World’s Pair, c’est la sensation du blanc. Tout est blanc, d’un
blanc éclatant sur lequel les puissantes saillies des entablements et
des colonnes projettent des ombres légèrement bleutées dont la fine
transparence contribue à donner à l’ensemble l’aspect d’une ville
d’Orient se détachant sur un ciel légèrement adouci par la brume.
« La Ville blanche », c’est le nom poétique que lui ont donné les
habitants de Chicago, par opposition sans doute avec celui que méri-
terait la cité même, que l’on traiterait encore avec mansuétude, en
l’appelant simplement « la Ville noire ».

Au milieu de tout ce blanc, deux notes : l’une donnée par la poly-
chromie hardie du palais des Transports; l’autre par la teinte sombre
de quelques constructions en bois, comme le pavillon suédois et le res-
taurant de la Marine. Ces derniers, dont les silhouettes amusantes et
compliquées se détachent au confluent de deux bras du lac, au centre
d’un délicieux bouquet de verdure, viennent donner une impression
tout à fait champêtre au milieu de la gravité des palais officiels.
C’est sous ce jour que tous les visiteurs descendant du chemin de fer
à la grande gare de Midway-Plaisance, voient d’abord l’Exposition.
 
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