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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Lostalot, Alfred de: Charles Gounod
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0456

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CHAULES GOUNOD.

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mule délaissée et remplacée par une autre plus éclatante, mais ceci ne diminue
en rien son mérite et ses œuvres n’ont rien perdu de leur valeur intrinsèque.

Il sut trouver des idées originales et une façon originale de les exprimer.
On peut résumer sa manière en disant que, le plus souvent, il développe une
idée mélodique par progression chromatique, et il conclut sur une cadence
d’une forme tellement particulière qu’on l’a baptisée de son nom.

Pour ce qui touche le fond de son art, il nous faut parler du mysticisme
de Gounod, mysticisme connu, popularisé, pour ainsi dire, par différents
épisodes de la vie de l’artiste, et qui se reflète vivement dans plusieurs de ses
œuvres. C’est une religiosité fortement mêlée de sensualité, qui s’épanche
dans ses oratorios et dans quelques-unes de ses mélodies ; il amis en musique
les extases de sainte Thérèse.

Je crois inutile de dire que ce n’est pas dans ses morceaux religieux,
p our la plupart entachés de gongorisme, qu’il faut chercher le meilleur de ses
inspirations; il manque à ce Parisien, à cet homme d’esprit, le condiment
essentiel : la foi naïve. Dans ses ouvrages profanes, le mysticisme de Gounod
se fond en effusions tendres, d’un sentiment exquis, si elles n’ont pas une
grande profondeur.

Mysticime à part, Gounod toucha parfois à la vraie grandeur; certaines
pages de Sapho, de ses oratorios et les chœurs d’Ulysse sont d’un maître
puissant. Mais n’eût-il été que le musicien délicat, gai, spirituel et doucement
attendri de Faust, de Philémon et Bciucis et du Médecin malgré lui, on ne
saurait trop déplorer sa perte. Là, en effet, nous retrouvons la vraie muse
française, notre chère muse si cruellement délaissée aujourd’hui et dont,
pour ma part, je ne me lasserai pas de porter le deuil.

Né à Paris en 1818, François-Charles Gounod fut, au Conservatoire, élève
dTIalévy, de Lesueur et de Paër; prix de Rome en 1839, il fit exécuter à
Saint-Louis-des-Français, dans la Ville éternelle, une messe qui lui valut le
titre de maître de chapelle à vie. A son retour à Paris, il était nommé direc-
teur de la musique à l’église des Missions étrangères. C’est alors qu’il voulu t
se vouer à l'état ecclésiastique; on connaît de cette époque divers morceaux
de musique signés : l’abbé Gounod, avec son portrait en soutane, en frontis-
pice. Fort heureusement, l'art eut raison de cette vocation indécise et, dès 1851,
Gounod débutait à l’Opéra avec une Sapho dont le livret était d’Emile Augier.
Berlioz dit à propos de cet ouvrage : « Si les deux premiers actes étaient
égaux en valeur au troisième, M. Gounod aurait débuté par un chef-d’œuvre. »
Quelques mois auparavant, le grand avenir de l'artiste avait été pressenti
dans un article du journal 1 ’Athenœum où l’on rendait compte d’un concert
dont le programme comportait diverses compositions du jeune musicien.

Des chœurs écrits pour V Ulysse de Ponsard,au Théàtre-Fançais, viennent
ensuite, puis la Momie sanglante, représentée sans succès à l’Opéra (1854); le
Médecin malgré lui, au Théâtre-Lyrique (1858) ; Faust, enfin, au même théâtre
 
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