L’ART JAPONAIS A L’EXPOSITION
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réunies, nous voyons dans ces deux peintures les deux influences
qui donnent à la technique des siècles suivants son caractère : le
magnifique dessin calligraphique de la Chine, la mystérieuse couleur
hindoue, qui renaît au ixc siècle au Japon pour s’éteindre et se glacer
sous les derniers Foujiwara. Entre les mains d’un maître des époques
de foi, cette alliance nous vaut parfois des œuvres rayonnantes et
profondes comme nos verrières ; seul, en effet, dans l’Occident, l’art
du vitrail a ouvert au rêve de telles échappées sur un monde de dou-
ceur et de splendeur. Entre les mains des peintres efféminés des
époques de luxe, la grandeur chinoise dégénère en froideur, le
dessin en calligraphie, la scintillante et sombre couleur eu pein-
turlurages discordants, l’émotion en mièvreries et en gentillesses
glacées. Trop de ces œuvres suspectes et tardives nous ont été
montrées, telles ce Monju du Tôji, qui n’est que la copie d’une copie,
et trop peu de la noble école de Takouma, héritière de Ivosé Ivanaoka,
ou de tels maîtres qui gardent jusqu’au xivc siècle la ferveur sacrée.
Pour un Motomitsu, ce panneau où brillent faiblement comme des
émeraudes ou des rubis dans l’ombre les irisations fines, pour un
Yeshin, un Nobuzané, un Nagataka authentiques, que d’œuvres
fausses ou médiocres !
Les Yeshin, le Nagataka, les Nobuzané méritent cependant de
nous arrêter. De Yeshin, nous avons vu les deux admirables kaké-
monos du comte Inouyé : le Bouddha resplendissant qui surgit au
milieu d’un paysage d’automne, la descente des suivantes du maître,
ondulant au ciel comme une écharpe d’or. Ces œuvres capitales
montrent toute la transformation subie au xc siècle par l’art calme
de Nara.
ÉMILE H OYELACQUE
(La suite prochainement.)
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réunies, nous voyons dans ces deux peintures les deux influences
qui donnent à la technique des siècles suivants son caractère : le
magnifique dessin calligraphique de la Chine, la mystérieuse couleur
hindoue, qui renaît au ixc siècle au Japon pour s’éteindre et se glacer
sous les derniers Foujiwara. Entre les mains d’un maître des époques
de foi, cette alliance nous vaut parfois des œuvres rayonnantes et
profondes comme nos verrières ; seul, en effet, dans l’Occident, l’art
du vitrail a ouvert au rêve de telles échappées sur un monde de dou-
ceur et de splendeur. Entre les mains des peintres efféminés des
époques de luxe, la grandeur chinoise dégénère en froideur, le
dessin en calligraphie, la scintillante et sombre couleur eu pein-
turlurages discordants, l’émotion en mièvreries et en gentillesses
glacées. Trop de ces œuvres suspectes et tardives nous ont été
montrées, telles ce Monju du Tôji, qui n’est que la copie d’une copie,
et trop peu de la noble école de Takouma, héritière de Ivosé Ivanaoka,
ou de tels maîtres qui gardent jusqu’au xivc siècle la ferveur sacrée.
Pour un Motomitsu, ce panneau où brillent faiblement comme des
émeraudes ou des rubis dans l’ombre les irisations fines, pour un
Yeshin, un Nobuzané, un Nagataka authentiques, que d’œuvres
fausses ou médiocres !
Les Yeshin, le Nagataka, les Nobuzané méritent cependant de
nous arrêter. De Yeshin, nous avons vu les deux admirables kaké-
monos du comte Inouyé : le Bouddha resplendissant qui surgit au
milieu d’un paysage d’automne, la descente des suivantes du maître,
ondulant au ciel comme une écharpe d’or. Ces œuvres capitales
montrent toute la transformation subie au xc siècle par l’art calme
de Nara.
ÉMILE H OYELACQUE
(La suite prochainement.)