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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0187

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Compagnie, à la dispersion des ordres religieux, à la dissolution des métiers,
grands détenteurs, eux aussi, de productions des maîtres, avait succédé l’enlè-
vement par les commissaires de la République de toute production jugée digne
de figurer au Louvre! Bruxelles, il est vrai, en compensation, allait obtenir un
musée, en vertu du décret du 14 fructidor an ix. « C’est aux bienfaits du premier
Consul que la Belgique est redevable d’un musée. Puissent les maîtres qu’il pré-
sente à l’émulation des artistes justifier l’attente de celui qui s’est occupé de
leur gloire et de leur succès ! » Ainsi s’exprime la préface du catalogue dupremier
Salon de peinture, organisé dans la capitale actuelle en l’an xi, c’est-à-dire en
1803. Vingt-trois exposants avaient répondu par quarante-cinq œuvres, dont une
dizaine de dessins au crayon noir, à l’appel des organisateurs.

En matière d’art, forcément, comme en matière politique, le mot d'ordre
venait de Paris. David régissait l’école belge avant môme que les hasards de la
politique l’eussent amené à faire de Bruxelles sa résidence. En prenant le chemin
de l’exil, l’illustre proscrit avai tpour compagnon de roule un jeune Belge, F.-J. Navez,
le plus fervent, sinon le plus éminent, de ses disciples, à qui devait échoir un jour
la direction de l’Académie de la capitale. Il avait dépassé la trentaine lorsque, en
1817, sur le conseil de David, renonçant à une situation déjà faite, il résolut de
faire en Italie un séjour de plusieurs années.

Au retour, plus imprégné encore des théories du maître, il n’allait point
tarder à devenir lui-même un .chef d’école. Sa correspondance avec d’anciens
camarades de Paris le montre, autant que sa peinture, absolument en guerre
avec les partisans de la tradition nationale. Loin de partager l’enthousiasme de
ses compatriotes à la vue des chefs-d’œuvre rentrés au pays après la Restau-
ration, Rubens et van Dyck, les maîtres néerlandais en général, lui inspirent
une véritable répulsion. « J’en ai plein le... dos, écrit-il au statuaire Roman, le
28 juillet 1822. Une tête gravée d’après Raphaël me ferait plus de plaisir que
tout cela.» D’autres pensaient sans doute de même,mais on s’explique assez qu'à
l’École de Bruxelles, dirigée d’après ces principes, et dont Navez fut le directeur
jusqu’en (839, il ne s’agissait pas de tempérer, si peu que ce fût, la rigueur des
préceptes de David, élevés à la hauteur d’un dogme.

A côté de l’Académie, Navez eut un atelier extraordinairement suivi, et où
se formèrent des élèves appelés à figurer un jour au premier rang de l’école
belge. Mais l’exposition organisée par l’Académie à l’occasion de l’événement
qu’il s’agissait de commémorer, n’a sûrement donné le change à personne : ont
seuls franchi les bornes d’une honnête médiocrité ceux qui, à l’exemple de
Ch. de Groux, d’Alfred Stevens et de quelques autres, ont entrepris de chercher
le succès dans des voies personnelles.

Au point de vue rétrospectif, l’exposition de l’Académie accusait ainsi des
courants fort divers et, en fait, très inégalement académiques. Est-ce à dire
qu’un large éclectisme présidât à l’enseignement? On ne peut guère le croire.
Jusqu’en 1849, l’atelier de Navez avait tenu lieu d’école de peinture. A cette
période de rigoureuse discipline succéda, toujours sous la direction du maître,
déjà sexagénaire, une classe officielle de peinture, où fréquentèrent de nom-
breux jeunes gens déjà gagnés, en grande partie, aux doctrines nouvelles et dont
les plus avancés même résolurent un jour de se constituer en atelier libre. Les
choses marchèrent ainsi jusqu’en 1859. La direction échut alors au statuaire
 
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