Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 25.1901)

QUELQUES OEUVRES INÉDITES DE PHILIPPE ROLAND 181

Affaires étrangères, groupe les Quatre Saisons sur un char traîné
par deux lions que conduit un génie. Le motif est tout ce qu’il y a
de plus traditionnel. L’artiste l’a rajeuni par l'exquise élégance de
ses figures drapées ou nues. L’Automne, en particulier, dont la
main levée tient une grappe de raisin, tandis que son torse se ren-
verse et s’abandonne sur le rebord du char, décrit de la nuque à
l’orteil une courbe de la plus suave mollesse. Les formes sont, ici,
jeunes et longues, un peu dans la tradition du xvic siècle, et nulle-

PENDULE DES QUATRE SAISONS, TERRE CUITE, PAR PU. ROLAND
(Collection de Mmc Bouissou.)

ment dans le goût de Clodion, qui n’eût pas manqué d’étoffer les
poitrines et les hanches, d’affiner outre mesure les parties infé-
rieures, d’accentuer, en un mot, les caractères féminins, dans cette
hantise sexuelle et sensuelle qui fait le piment, mais aussi la pointe
de vulgarité de son art.

Un troisième ouvrage, également reproduit avec ces lignes, est
une terre cuite représentant un garçon et une fillette de trois à quatre
ans, qui s’embrassent. Lui, plus robuste et plus osé, étreint à plein
corps et attire à lui sa petite compagne, dont la pose timide et le
geste hésitant contrastent avec son assurance C’est déjà, en miniature,
toute la comédie de l’amour, mettant les deux moitiés de l’humanité
aux prises, avec leurs oppositions de caractère et d’allure. Les formes,