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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Michel, Émile: Tableaux et dessins, [1]: la collection Dutuit
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0027

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50

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

avait faite le tremblement de terre de la Guadeloupe, dans lequel il
perdait toute sa fortune. Ni les habitudes, ni la tenue de M. Dutuit
ne différaient de celles de son ami, et peu de personnes, je crois,
avaient pénétré dans le petit logement qu'il habitait. On le disait
cependant très riche; mais ses allures étaient des plus simples. Au
café Greco, où on le voyait quelques instants matin et soir, il se
montrait bienveillant et réservé, un peu paradoxal dans ses conver-
sations. Plusieurs fois il nous avait accompagnés, quand les pluies
incessantes de cet hiver nous permettaient de rares courses en voi-
tures faites au dehors, en compagnie des frères Grenier, de deux
paysagistes suisses, E. David et Léon Berthoud, tous morts aujour-
d’hui, et de Pauvert de La Chapelle qui donnait, il y a quelques
années, sa précieuse collection de pierres gravées au Cabinet des
médailles.

Depuis lors, je n’avais plus revu M. Dutuit, lorsque, à la suite
d’une courte étude sur Rembrandt parue à la librairie de l'Art et
alors que je commençais à m’occuper d’un travail plus étendu sur le
maître, je reçus un beau matin l’envoi de la magnifique publica-
tion faite par M. Dutuit des reproductions en héliogravure de
toutes les eaux-fortes de Rembrandt, exécutées d’après les épreuves
de choix qu’il avait réunies et dont la Ville de Paris est aujourd’hui
en possession. L’envoi portait la simple mention : De la part de
M. Dutuit. M’étant informé de son adresse, je l’avais remercié de
mon mieux dans une lettre où, après avoir parlé du beau présent
que me valait notre commune admiration pour Rembrandt, j’évo-
quais les souvenirs lointains de notre séjour à Rome. Mais cette
lettre était restée sans réponse et je n’avais plus entendu parler de
mon aimable donateur qu’à propos du legs fait après sa mort par
son frère, dans les conditions généreuses et avec les mesures de pru-
dence qui en ont assuré la prompte réalisation.

La plupart des tableaux de la collection Dutuit sont dus à des
peintres hollandais et témoignent ainsi des prédilections de son
ancien possesseur. Il avait particulièrement étudié ces maîtres et
commenté dans le catalogue publié par lui les œuvres des graveurs
de cette école. Leur entière sincérité et leur talent l’avaient séduit,
et dans ses fréquents séjours à Rome, vivant parmi les chefs-d’œuvre
de la Renaissance italienne qu’à ce moment encore on trouvait à
acquérir à des prix modérés, ses goûts ne l’avaient jamais porté de
ce côté. Une des premières peintures qu’il achetait en Italie était cet
admirable tableau de Terborch, payé par lui le prix dérisoire de
 
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