Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Michel, Émile: Tableaux et dessins, [1]: la collection Dutuit
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0037

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
30

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

suffire à toutes les commandes qui vont l’assaillir. Devenu célèbre et
portraitiste à la mode, il ne trouvera plus, de quelque temps du
moins, le loisir de se prendre pour modèle et de se livrer ainsi sur sa
propre personne à toutes ses fantaisies de déguisements, à toutes ses
expériences de clair-obscur. En dépit de son apparence, l’œuvre est
donc intéressante à bien des titres. Historiquement, elle représente
une face peu connue du talent du maître, pour cette période primi-
tive dont nos collections publiques ne nous offraient jusqu’ici aucun
spécimen.

Dans ses dimensions restreintes et avec un peu moins d’éclat que
d’habitude, la Dentellière signée de Nicolas Maes, un des meilleurs
élèves de Rembrandt, est un assez bon exemplaire de sa manière.
L’artiste, cette fois, s’est confiné dans une harmonie éteinte et gri-
sâtre ; sauf une très mince bande rouge qui encadre l’ouvrage de la
dame, il a exclu de ce petit tableau cette note gaie du vermillon
très vif qui d’ordinaire joue dans ses peintures un rôle assez impor-
tant. Mais la discrétion voulue des tonalités ajoute à celle-ci un
charme d’intimité bien en rapport avec la simplicité du sujet.

Pour terminer cette rapide revue des peintres de genre, nous
devons encore mentionner un petit Portrait cran homme âgé, par
Th. de Keyser, mais d’une exécution molle et un peu lourde. Jusque
dans ces dimensions exiguës, de Keyser conserve d’habitude plus
d’élégance, de fermeté et de largeur. Citons encore de C. Bcga un
Intérieur qui rappelle celui du Louvre, et un tableau de Wouvcrman
brossé avec la facilité un peu banale dont ce peintre est coutumier.

Un artiste qui a touché à tous les genres, Jean-Baptiste Weenix,
nous servira d’intermédiaire pour passer aux paysagistes, avec ce
Port cle mer, d’un arrangement un peu factice, où il semble qu’il ait
voulu réunir toutes les acceptions de son talent et donner la mesure
de ses nombreuses aptitudes. Weenix s’y montre, en effet, peintre
de figures, peintre d’animaux et paysagiste très habile. Le groupe du
premier plan où il a représenté un fils de famille festoyant avec une
beauté facile, dont il vient de payer les faveurs à une vieille drôlesse,
est, il est vrai, d’une facture un peu appuyée et trop gauchement
apparente. En revanche, les musiciens qui régalent le jeune prodigue
d’une symphonie, le temple antique en ruine dont les colonnes
dorées par le soleil se détachent éclatantes sur l’azur du ciel, le port
qu’on aperçoit dans le lointain avec de nombreux bateaux amarrés,
le ciel lui-même, lumineux et profond, où flottent gaiement quelques
légers nuages, tout cela forme un ensemble très clairet très brillant.
 
Annotationen