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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
étude faite d’après le modèle, et ayant servi pour le tableau actuel-
lement au musée de Liverpool, La Descente de Croix L
C’est M. Venturi qui, le premier, publia un dessin d’une Vierge
entourée de saints et cl'anges, croyant y voir une œuvre de Bianchi-
Ferrari, le maître présumé du Corrège1 2. Cette esquisse doit néan-
moins être restituée à l'insignifiant Francesco Yerla, ainsi que la
parfaite correspondance du dessin avec son tableau signé (n° 300 au
palais Brcra, à Milan) le démontre. Sur le revers de la feuille se
trouve un croquis d’ange. Les deux travaux paraîtront d’un style
bien dissemblable; néanmoins cette impression ne doit en rien
faire douter de leur paternité identique, Yerla, qui fut un pur éclec-
tique, ayant subi l’inlluence de Mantegna autant que celle de l’école
ombrienne. Je ne puis que mentionner ici le dessin du Corrège
VApôtre Paul et deux Anges, étude au bistre pour la coupole de
Saint-Jean de Parme, que le lecteur trouvera reproduite dans la
belle monographie que M. Corrado Ricci a consacrée à ce peintre.
Notre collection ne comprend pas de dessins importants de l’école
d’Ombrie. Une feuille, pourtant, relie cette école à celle de \renise,
son auteur étant Francesco Zaganelli de Cotignola, ville des Marches.
Elle nous montre une Vierge aux anges d’une douceur tout intime.
Le travail, des plus soignés, laisse voir les premières lignes tracées
à la pointe d’argent, sur la base desquelles l’artiste s’est servi d’une
encre bleue pour rehausser l’effet de la composition. Je me souviens
d’avoir vu chez Bardini, l’antiquaire de Florence, le très beau tableau,
de grandes dimensions, exécuté d’après cette étude.
L’art toscan nous a légué de bien plus nombreux dessins que tou te
autre école. La raison n’en est pas seulement qu’ici les artistes
étaient dessinateurs par excellence, mais aussi que toujours à Flo-
rence les collectionneurs et les historiens de l’art se sont occupés
de l’étude des maîtres et recueillaient pieusement ces documents
d’une valeur incomparable. A Venise, on ne demandait à l’œuvre
d’art que le mérite d’être un ornement. Ce fut le pur hasard qui
nous a conservé un rare dessin de Giorgione. Et c’est aux Florentins,
surtout à Vasari et à Baldinucci, que nous devons les grands recueils
de dessins qui nous sont parvenus. Aussi la collection médicéenne
restera-t-elle la source mère des dessins italiens en partie dispersés
par le monde, et ce sera encore à elle que nous devrons tou-
1. Le dessin ainsi que le tableau se trouvent reproduits dans l’article du
professeur Venturi sur ce maître : Archivio storico delV Arte, séide I, vol. II, p. 347.
2. Arte, vol. I, p. 279.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
étude faite d’après le modèle, et ayant servi pour le tableau actuel-
lement au musée de Liverpool, La Descente de Croix L
C’est M. Venturi qui, le premier, publia un dessin d’une Vierge
entourée de saints et cl'anges, croyant y voir une œuvre de Bianchi-
Ferrari, le maître présumé du Corrège1 2. Cette esquisse doit néan-
moins être restituée à l'insignifiant Francesco Yerla, ainsi que la
parfaite correspondance du dessin avec son tableau signé (n° 300 au
palais Brcra, à Milan) le démontre. Sur le revers de la feuille se
trouve un croquis d’ange. Les deux travaux paraîtront d’un style
bien dissemblable; néanmoins cette impression ne doit en rien
faire douter de leur paternité identique, Yerla, qui fut un pur éclec-
tique, ayant subi l’inlluence de Mantegna autant que celle de l’école
ombrienne. Je ne puis que mentionner ici le dessin du Corrège
VApôtre Paul et deux Anges, étude au bistre pour la coupole de
Saint-Jean de Parme, que le lecteur trouvera reproduite dans la
belle monographie que M. Corrado Ricci a consacrée à ce peintre.
Notre collection ne comprend pas de dessins importants de l’école
d’Ombrie. Une feuille, pourtant, relie cette école à celle de \renise,
son auteur étant Francesco Zaganelli de Cotignola, ville des Marches.
Elle nous montre une Vierge aux anges d’une douceur tout intime.
Le travail, des plus soignés, laisse voir les premières lignes tracées
à la pointe d’argent, sur la base desquelles l’artiste s’est servi d’une
encre bleue pour rehausser l’effet de la composition. Je me souviens
d’avoir vu chez Bardini, l’antiquaire de Florence, le très beau tableau,
de grandes dimensions, exécuté d’après cette étude.
L’art toscan nous a légué de bien plus nombreux dessins que tou te
autre école. La raison n’en est pas seulement qu’ici les artistes
étaient dessinateurs par excellence, mais aussi que toujours à Flo-
rence les collectionneurs et les historiens de l’art se sont occupés
de l’étude des maîtres et recueillaient pieusement ces documents
d’une valeur incomparable. A Venise, on ne demandait à l’œuvre
d’art que le mérite d’être un ornement. Ce fut le pur hasard qui
nous a conservé un rare dessin de Giorgione. Et c’est aux Florentins,
surtout à Vasari et à Baldinucci, que nous devons les grands recueils
de dessins qui nous sont parvenus. Aussi la collection médicéenne
restera-t-elle la source mère des dessins italiens en partie dispersés
par le monde, et ce sera encore à elle que nous devrons tou-
1. Le dessin ainsi que le tableau se trouvent reproduits dans l’article du
professeur Venturi sur ce maître : Archivio storico delV Arte, séide I, vol. II, p. 347.
2. Arte, vol. I, p. 279.