Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Loeser, Charles: La collection Beckerath au Cabinet des estampes de Berlin, [2]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0061

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
54

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

manteau qui le revêt décrit de grands plis du plus beau style. L’ho-
rizon bas de la mer, vaguement indiqué au fond, relève encore
l’aspect monumental du prophète. Remarquez ce pied de géant qui
tient de la puissance de la race toscane ; de même la main toute
délicate. La tête, avec ses fines touches de blanc de céruse, brille
d’une lumière intérieure. Dans l’ensemble s’unissent une austérité
patriarcale et le sens artistique aigu du grand maître. Le dessin
semble appartenir aux années qui ont précédé le voyage de Botticelli
à Rome en 1481. Il est intéressant d’en noter la technique : esquissé
en premier lieu par de légères traces à la pointe d’argent, accentué
ensuite à la plume pour dégager les formes, et rehaussé au blanc
pour lui donner la plus grande puissance de relief, il est enfin voilé
d’ombre dans les fonds, pour achever l'enveloppe picturale. Je ne
ferai que mentionner d’autres dessins du même maître que possède
la collection. L’avers d’une de ces feuilles nous montre trois per-
sonnages dont un rappelle, par sa pose, le Saint Georges de Dona-
tello. Sur le revers se trouve un homme nu, assis et un autre debout
tenant une grande épée. Il existe maintes feuilles, de caractère ana-
logue, qui rappellent de près les statues que Botticelli a introduites
dans le fond de son tableau de La Calomnie. Je citerais, en parti-
culier, ceux de la collection du Christ Church College, à Oxford.
Un autre dessin a pour sujet l’épisode de la Femme épileptique; il
est plus dur de facture et conserve un cachet archaïque. Au musée
du Louvre se trouve un dessin de bœufs traînant un char, de facture
semblable.

On connaît la rareté des dessins du grand chef d’école Verrocchio.
Notre collection en possède un qui fut très remarqué à l’Expos ition des
Beaux-Arts de Berlin en 1898, et qui se trouve reproduit dans la remar-
quable monographie de Verrocchio que l’érudit connaisseur M. Mac-
kowsky a récemment publiée. Je ne le présenterai donc pas ici. Il
convient d’attirer encore l'attention sur le fragment d’une seconde tête
empreinte d’une intensité d’expression tout exceptionnelle dans ses
yeux et ses lèvres nerveuses. Ce croquis occupe le revers de la même
feuille. N’ayant pas été piqué dans ses contours pour être transporté
sur le panneau, il conserve une fraîcheur qui manque à l’autre, plus
travaillé, mais aussi plus fatigué sur toute sa surface.

Une étude d’un enfant nu assis, dont les formes joufflues indiquent
l’école de Verrocchio, ne se saurait attribuer en toute certitude au
maître, étant donné les lourdes taches d’ombre qui pourraient être
l’œuvre d'une main étrangère et nuisent ostensiblement aux contours
 
Annotationen