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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Cantinelli, Richard: Gustave Ricard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0116

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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Certains, pour qui l’art n'est qu'un ensemble de procédés, se
sont surtout attachés à reconstituer la technique du prodigieux
ouvrier que fut Ricard. Que de fois n’avons-nous pas entendu
vanter l’habile composition de ses « dessous »,la finesse de ses « gla-
cis », la sûreté de main, et presque la rouerie avec laquelle il super-
posait ses laques afin d’obtenir, par des transparences successives,
ces bleus chauds, ces rouges vibrants et comme saignants qu’il sut
répandre sur ses fonds et sur ses draperies. Certes, Ricard n’ignora
aucun des procédés de peindre. 11 seéaità désirer que tous les artistes
fussent aussi bien renseignés qu'il l’était sur les réactions chi-
miques, quelquefois favorables, souvent nuisibles, qui naissent du
mélange, voire de la superposition des couleurs. Mais comme tout
ce côté « métier » disparaît, le tableau achevé! Ainsi que dans les
choses naturelles, tout travail de préparation est invisible.

D’ailleurs, à proprement parler, Ricard, pas plus que tous les
vrais peintres, n’eut une technique immuable. Sa façon de procéder
variait suivant mille circonstances, l’état de sa santé, la qualité de
son modèle, le grain de sa toile, l’éclairage, les premiers pinceaux
tombés sous la main, la couleur laissée la veille sur la palette...

Quelquefois, il commençait par l’ensemble et brossait les mo-
delés principaux; d’autres fois, au contraire, suivant le procédé cher
à Henner, il terminait une partie de la figure et s’excitait ainsi,
peut-on dire, à pousser tout le reste à la même perfection, car, sou-
vent, l’œil, qui cherche tout d’abord à ne discerner que les ensembles,
perd la perception du détail et finit par « voir gris ».

11 existe, cependant, une technique générale, spéciale à toute
une époque, et à laquelle les peintres s’astreignent, un peu invo-
lontairement. On la retrouvera dans le Portrait de Lonbon et dans
le Portrait de Papcty, du musée de Marseille.

« J’aime à peindre ceux qui comprennent ma peinture », écri-
vait Ricard à son frère, au moment de commencer le portrait du che-
valier Nigra. On ne saurait entendre par là que l'artiste avait besoin
d’être loué au cours de son travail, mais bien qu’il ne savait faire
œuvre bonne que si l’affinité mystérieuse que l'on nomme sympa-
thie l’unissait à son modèle, lui permettant de le pénétrer et de
lire en lui. Et voici que la phrase citée plus haut veut dire aussi :
« J’aime à peindre les gens que je comprends. »
 
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