DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Cantinelli, Richard: Gustave Ricard
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0120
GUSTAVE RICARD
103
du coloris outré, et quand je pense que tu as craint de me mortifier
en me donnant ton sentiment sans détour, tandis que, sentant la
vérité sous l’affection, je baissais la tête et interrogeais l’issue de ce
labyrinthe qui se résout par plus de simplicité! »
La simplicité, tel est le secret de la force de Ricard. Alors que la
recherche de la nuance a conduit tant d’artistes à l’invraisemblance,
à la puérilité, à la préciosité, l’art de Ricard, malgré son extrême
linesse, demeure sain et robuste. Je n’en veux pour preuve que le
dernier portrait de Chenavard, fait, semble-t-il, « avec rien » et d’un
modelé si parfait, d’une harmonie si sobre et si intense.
Ce nous est une joie que de proposer ici en exemple aux artistes
une vie tout entière consacrée, par-dessus le monde et ses triomphes
de verre, à l’art, à l’amour, à ia pensée, au travail. Suivant le pré-
cepte du Vinci « e se tu sciraisolo, sevrai tutto tuo », Ricard s’enferma
dans sa tour idéale et sut trouver en lui-même tout encouragement
et toute récompense.
Et des phrases de sa correspondance sont comme des bouffées
de parfums venant d’une âme cependant jalouse... : « Je travaille
toujours à grande application... J’avance tout délicatement... Avant
hier, j’avais levé d’une devanture de boutique un croquis à la
plume de Rembrandt, quatre traits, les deux pêcheurs appelés
à la mission de pêcher les hommes, peu de gestes et l’émouvant
d’une grande âme d’artiste. Ça a suffi pour chasser mon brouil-
lard, ça et quatre mois de relâche absolue. Quel contrepoids à la
vie humaine que le travail ! Quelle source mystérieuse de paix et de
calme! Il ma semblé que la Peinture se souvenait d’un sien servi-
teur et qu’elle lui donnait des assurances formelles de ne plus le
quitter. »
Et ce souhait à son frère :
<( ... Que l’an neuf te soit comme une coupe généreuse... santé
et hauteur d’esprit. »
KlCH AUD CANTINEL$t 1
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du coloris outré, et quand je pense que tu as craint de me mortifier
en me donnant ton sentiment sans détour, tandis que, sentant la
vérité sous l’affection, je baissais la tête et interrogeais l’issue de ce
labyrinthe qui se résout par plus de simplicité! »
La simplicité, tel est le secret de la force de Ricard. Alors que la
recherche de la nuance a conduit tant d’artistes à l’invraisemblance,
à la puérilité, à la préciosité, l’art de Ricard, malgré son extrême
linesse, demeure sain et robuste. Je n’en veux pour preuve que le
dernier portrait de Chenavard, fait, semble-t-il, « avec rien » et d’un
modelé si parfait, d’une harmonie si sobre et si intense.
Ce nous est une joie que de proposer ici en exemple aux artistes
une vie tout entière consacrée, par-dessus le monde et ses triomphes
de verre, à l’art, à l’amour, à ia pensée, au travail. Suivant le pré-
cepte du Vinci « e se tu sciraisolo, sevrai tutto tuo », Ricard s’enferma
dans sa tour idéale et sut trouver en lui-même tout encouragement
et toute récompense.
Et des phrases de sa correspondance sont comme des bouffées
de parfums venant d’une âme cependant jalouse... : « Je travaille
toujours à grande application... J’avance tout délicatement... Avant
hier, j’avais levé d’une devanture de boutique un croquis à la
plume de Rembrandt, quatre traits, les deux pêcheurs appelés
à la mission de pêcher les hommes, peu de gestes et l’émouvant
d’une grande âme d’artiste. Ça a suffi pour chasser mon brouil-
lard, ça et quatre mois de relâche absolue. Quel contrepoids à la
vie humaine que le travail ! Quelle source mystérieuse de paix et de
calme! Il ma semblé que la Peinture se souvenait d’un sien servi-
teur et qu’elle lui donnait des assurances formelles de ne plus le
quitter. »
Et ce souhait à son frère :
<( ... Que l’an neuf te soit comme une coupe généreuse... santé
et hauteur d’esprit. »
KlCH AUD CANTINEL$t 1