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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
par un grand édifice de forme circulaire. Cette même ville, ou du
moins sa toute pareille, également avec le grand édifice circulaire
d’aspect très caractéristique, ferme aussi l’horizon dans le tableau
des Trois Marie de Ai. Cook1, ainsi que dans le Calvaire du musée
de Berlin. Et, de part et d’autre, sur les originaux, on peut voir
dans la coloration des édifices de la ville les mêmes préoccupations
de rendre les jeux d’une lumière arrivant obliquement.
L’avant-dernière de nos miniatures2 est, sous le rapport de l’exé-
cution, une des plus admirables pagefe du manuscrit de Turin. C’est
une Pietà : la Vierge soutenant le corps du Christ mort, avec saint
Jean, la Madeleine et deux autres Saintes Femmes. Rarement
l’expression du pathétique s’est élevée plus haut, et d’une façon plus
simple, dans les œuvres de l’école flamande du xve siècle. Or,
quoique les types diffèrent, nous retrouvons ce même sentiment,
imprimé avec un accent tout à fait identique aux figures de la
Vierge et de saint Jean, dans le Calvaire du musée de Berlin. Peut-
être aussi y aurait-il lieu de comparer cette Pietà avec le groupe de
la Vierge abîmée dans sa douleur au milieu des Saintes Femmes et
de saint Jean au bas du Calvaire de l’Ermitage. Mais, ainsi que
je l’ai déjà dit, je ne connais malheureusement les peintures de
Pétersbourg que par des photographies. En revanche, ce qui est ccr-
tain, c’est que le paysage du fond rappelle beaucoup celui que l’on
voit dans les deux répliques du Saint François. Même ville placée
au centre : mêmes rochers, formés d’assises stratifiées, interrompant
sur la droite la perspective de cette ville. Ce qui est certain aussi,
c’est que la couleur est exactement dans la même gamme que la
partie centrale du retable de Y Agneau mystique? pour l’accord des
rouges, des verts et des bleus.
Enfin la dernière miniature du groupe, dans Je manuscrit de
Turin 3, illustre une oraison à dire à sainte Marthe et à saint Julien
pour demander leur protection dans les voyages. Elle nous montre
une barque ballottée sur les vagues, que ses passagers cherchent à
diriger vers un château que l’on aperçoit à l’arrière-plan4.
Pour juger de cette miniature, il faut absolument voir l’original.
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. XXVIII, p. 96.
2. Reproduction des Heures de Turin, planche XXIX.
3. Reproduction des Heures de Turin, planche XXX.
4. Ce château n’est pas sans analogie avec le Mont Saint-Michel, tel surtout
qu’il a été représenté, au commencement du xve siècle, dans le livre d’Heures
du duc de Berry de Chantilly. Cependant, ni le paysage ni certains détails d’ar-
chitecture ne paraissent autoriser une identification certaine.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
par un grand édifice de forme circulaire. Cette même ville, ou du
moins sa toute pareille, également avec le grand édifice circulaire
d’aspect très caractéristique, ferme aussi l’horizon dans le tableau
des Trois Marie de Ai. Cook1, ainsi que dans le Calvaire du musée
de Berlin. Et, de part et d’autre, sur les originaux, on peut voir
dans la coloration des édifices de la ville les mêmes préoccupations
de rendre les jeux d’une lumière arrivant obliquement.
L’avant-dernière de nos miniatures2 est, sous le rapport de l’exé-
cution, une des plus admirables pagefe du manuscrit de Turin. C’est
une Pietà : la Vierge soutenant le corps du Christ mort, avec saint
Jean, la Madeleine et deux autres Saintes Femmes. Rarement
l’expression du pathétique s’est élevée plus haut, et d’une façon plus
simple, dans les œuvres de l’école flamande du xve siècle. Or,
quoique les types diffèrent, nous retrouvons ce même sentiment,
imprimé avec un accent tout à fait identique aux figures de la
Vierge et de saint Jean, dans le Calvaire du musée de Berlin. Peut-
être aussi y aurait-il lieu de comparer cette Pietà avec le groupe de
la Vierge abîmée dans sa douleur au milieu des Saintes Femmes et
de saint Jean au bas du Calvaire de l’Ermitage. Mais, ainsi que
je l’ai déjà dit, je ne connais malheureusement les peintures de
Pétersbourg que par des photographies. En revanche, ce qui est ccr-
tain, c’est que le paysage du fond rappelle beaucoup celui que l’on
voit dans les deux répliques du Saint François. Même ville placée
au centre : mêmes rochers, formés d’assises stratifiées, interrompant
sur la droite la perspective de cette ville. Ce qui est certain aussi,
c’est que la couleur est exactement dans la même gamme que la
partie centrale du retable de Y Agneau mystique? pour l’accord des
rouges, des verts et des bleus.
Enfin la dernière miniature du groupe, dans Je manuscrit de
Turin 3, illustre une oraison à dire à sainte Marthe et à saint Julien
pour demander leur protection dans les voyages. Elle nous montre
une barque ballottée sur les vagues, que ses passagers cherchent à
diriger vers un château que l’on aperçoit à l’arrière-plan4.
Pour juger de cette miniature, il faut absolument voir l’original.
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. XXVIII, p. 96.
2. Reproduction des Heures de Turin, planche XXIX.
3. Reproduction des Heures de Turin, planche XXX.
4. Ce château n’est pas sans analogie avec le Mont Saint-Michel, tel surtout
qu’il a été représenté, au commencement du xve siècle, dans le livre d’Heures
du duc de Berry de Chantilly. Cependant, ni le paysage ni certains détails d’ar-
chitecture ne paraissent autoriser une identification certaine.