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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Durrieu, Paul: Les débuts des Van Eyck, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0134

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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couronne des Heurs de lys, beau-frère du duc de Bourgogne,
Guillaume IV se trouva naturellement très attiré eu France. Les
chroniqueurs et les textes d'archives signalent à diverses reprises
sa présence à Paris, où il eut même une installation, et jusque vers
le centre de notre pays, en Touraine. Il entretenait, en particulier,
d’excellents rapports avec son oncle le duc Jean de Berry. Ce fut
celui-ci qui lui fit don de l'hôtel où il venait faire ses résidences à
Paris. Maintes occasions durent donc s’offrir au comte Guillaume
de rencontrer, auprès de son oncle dé Berry, celui qui était un des
plus fidèles serviteurs de ce dernier, précisément ce Robinet d’Es-
tampes, entre les mains de qui les Heures de Turin ont passé un
instant, après être sorties des collections de Jean de Berry.

D’autre part, on sait que le comte Guillaume IV de Bavière-
Hainaut-Hollande fut entraîné dans la terrible guerre, qui désola
la France, entre les partis d'Orléans et de Bourgogne. Beau-frère
du duc de Bourgogne, il fut aussi un des tenants de sa cause. Or,
une des miniatures, que nous n’avons fait que citer rapidement,
offre un caractère politique extrêmement curieux. Elle représente
le roi de France Charles VI, avec la barbe qu'il avait laissée pousser
dans son état de folie, à genoux en prière sous une tente. Cette
tente porte bien l’écusson royal, mais la tente elle-même, ainsi
que l’attestent des pennons et des drapeaux armoriés, est dressée au
milieu d’un camp bourguignon, sous la garde d’une armée bourgui-
gnonne. Les couleurs de Bourgogne flottent jusque sur le sommet
de la tente qui abrite le souverain. Avec Guillaume IV, cette allu-
sion aux prétentions de la maison de Bourgogne de mettre la main
sur le gouvernement de la France, s’explique à merveille. Elle
n’aurait, au contraire, aucune raison d'être pour l’évêque de Liège.

Bien plus, un de mes savants amis, M. Noël Valois, membre de
l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, a bien voulu me signa-
ler l’épisode suivant de la vue du comte Guillaume IV de Baviôre-
lTainaut qui prête à un rapprochement du plus haut intérêt.

Après la bataille d’Azincourt, Guillaume IV s'était rendu en
Angleterre, où était aussi l'empereur Sigismond, afin d’essayer
d’obtenir la paix pour la France. Arrivé en Angleterre le 28 mai 1416,
il en repartit le 21 juin. Au moment de se réembarquer sur sa Hotte
pour regagner le continent. « le comte Guillaume, dit une vieille
chronique, sur le conseil de quelques personnes, se mit à genoux et
invoqua Notre Dame de Poke, près de Vere en Zélande, célèbre par
ses miracles, faisant vœu de ne plus manger de viande jusqu’à ce
 
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