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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Kleinclausz, Arthur: Un atelier de sculpture en Bourgogne à la fin du Moyen Âge: l'atelier de Claus Sluter
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0143

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

toutes les dépenses et tous les rôles U II se rendait aussi dans le voi-
sinage pour faire visite à son cher favori, le grand chambellan Gui
de la Trémoïlle, qu’il aimait entre tous ses conseillers, et auquel il
demanda par testament de se faire ensevelir « au plus près de ses
piés1 2 ». Pour voir ses sculpteurs, il lui suffisait donc de traverser le
jardin des Comptes ou la rue, et les distributions de vin qu'il fit aux
ouvriers prouvent qu’il n’y manquait point 3. Philippe le Hardi sut
unir avec un rare bonheur les intérêts de l’art et ceux de la religion,
en construisant la Chartreuse et en lui consacrant les meilleures
heures de sa vie. Peut-être n’est-il pas téméraire d’affirmer qu’il choi-
sit à dessein le local où se préparaient les embellissements de
l’église et du cloître, afin de pouvoir s’y transporter facilement et se
rendre compte par lui-même du travail quotidien.

La maison qu’il avait attribuée aux imagiers n’était d’ailleurs
pas une construction neuve, élevée spécialement pour eux. Lorsque
ses nouveaux hôtes s’y installèrent, c’était une vieille bâtisse, bran-
lante, étroite, mal éclairée, mal distribuée, presque sans fenêtres,
peu commode pour y travailler à l’aise : elle serait tombée, si l’on n’y
avait porté remède. Les ducs s’étaient trompés s’ils l’avaient choisie
par économie, car il fallut la réparer constamment tant que Sluter
l’habita, et les comptes de l’hôtel ducal sont pleins des dépenses
nécessitées presque annuellement par les travaux de consolidation,
d'appropriation et d’agrandissement. C’est d’ailleurs ce qui nous
fait connaître d’une manière exacte la physionomie de l’hôtel et
nous permet d’en retracer les dispositions essentielles.

Le mot hôtel est employé à dessein. 11 ne s’agit pas d’une maison
ordinaire, comme les construisaient alors les petits bourgeois et les
marchands, mais d’une demeure semblable à celles qu’habitaient les
seigneurs ou les riches bourgeois retirés des affaires : les comptes
disent « les hôtels ». Suivant l’usage fréquemment admis dans ce
genre de construction, et qui se trouvait appliqué, non loin de là, à
la maison de ville, la maison de Claus ne donnait pas sur la « voie
commune », mais elle en était séparée par une cour. Un mur couvert

1. Olivier de la Marche, État de la maison du duc de Bourgogne, p. 16, éd.
Buchon.

2. Arch. dép. Côte-d Or, B 309.

3. Arch. dép. Côte-d’Or, B 1467.'
 
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