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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Kleinclausz, Arthur: Un atelier de sculpture en Bourgogne à la fin du Moyen Âge: l'atelier de Claus Sluter
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0147

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

qu’une évolution s’accomplit alors dans la condition des artistes.
« L’artiste,disait-il, devient le favori, le commensal, souvent l’agent
secret et le confident des princes. Il entre dans la domesticité1. »
Cette évolution doit être attribuée en grande partie aux ducs de
Bourgogne. Ce qui frappe, en effet, en parcourant leurs comptes, ce
n’est pas seulement le nombre des artistes qu’ils emploient, c’est la
situation honorable qu’ils leur font, c’est la qualité de « valet de
chambre de Monseigneur » qui vient s’ajouter habituellement à celle
de peintre ou de sculpteur officiel. Grâce à ce titre, l’artiste devient le
familier du prince, il a le droit d’approcher constamment de sa per-
sonne. Auparavant il exerçait sa fonction d’une manière provisoire;
maintenant il est titulaire de son emploi; il a un pied dans la
maison et tonte une série de prérogatives, dont la plus précieuse est
le droit de sceau. Véritable titre de noblesse, ce droit lui permet de
faire des achats de pierres et matériaux divers au nom du duc,
de donner quittance légale aux vendeurs2.

Sluter est le premier des artistes employés par la cour de Bour-
gogne qui ait reçu tous ces privilèges, et seul Jan van Eyck, le
peintre officiel de Philippe le Bon, diplomate à ses heures et chargé,
comme plus tard Rubens, de missions spéciales, a joui d’une faveur
plus grande. Philippe le Hardi ne s’est pas contenté de retenir Sluter
son « ouvrier d’imagerie » aux gages de « VIII gros par jour pour
lui, un varlet ouvrier, un autre varlet et un cheval » : il l’a nommé
son valet de chambre. D’autre part, le receveur Jean d’Auxonne a
été chargé de payer les matériaux suivant « certification dudit Glaus »,
et les ouvriers pour « les jours que ledit Claus lui certiffiera par son
serment et sa conscience et par ses lettres, qu’ils auront vacqué au
propre fait de mondit seigneur 3 ». On peut voir encore aux archives
départementales de la Côte-d’Or le sceau du grand imagier, figurant
un écu en pointe dont le champ est occupé par une clef travaillée;
pour supports, deux oiseaux aux ailes éployées; au-dessus, en lettres
gothiques, (Staiis; au-dessous, Slutrit4.

La confiance du duc était bien placée. Au début, sous Marville,
l’atelier de sculpture de Dijon avait pour objet principal, sinon uni-

1. Renan, État des Beaux-Arts en France au xive siècle, p. 308-310.

2. "Voir Simonnet, Le Tabellionage en Bourgogne, p. 114.

3. Lettres datées de Melun, du 23 juillet 1389 (Arch. dép. Côte-d’Or, B 4434,
folio 20.)

4. Dehaisnes, op. cit., t. II, p. 695. — La découverte de cette empreinte a résolu la
question de l’orthographe du nom de Sluter, que les receveurs du duc de Boui’-
gogne écrivaient indifféremment Celoistre, Celustre, Celeustre, Slustre, Slutre.
 
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