Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 29.1903)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

mauvais rendement de l’officine, soit conseils de beau-père, tro-
quait bientôt, pour une charge d’inspecteur dans l’administration
pénitentiaire, où les postes successifs de directeur d’Ensisheim et
de Loos vinrent occuper un laps étendu de sa vie de fonctionnaire.
Dès 1842, à cinquante ans, il prenait sa retraite, et, de cette date
jusqu’à sa mort (1878), sa libre maturité, son ingambe vieillesse
s’écoulèrent à Melun, puis au domaine de Limoges-Fourches, dont,
héritier par la mort de sa mère (1846), il aima composer un faisant-
valoir modèle. En septembre 1876V1 a perte d’un fils, Antoine-Rémy,
son seul enfant, fut Le chagrin de ses derniers jours. Sous le coup
de ce glas final de son nom, et soucieux de la survie des souvenirs
et des intima de famille, Bias résolut d’en confier la garde au meil-
leur camarade d’Antoine-Rémy, le Dl Henry Gillet, de Melun. Sou-
haitons aux testateurs dans l’embarras un flair toujours analogue.
Ainsi vinrent au Dr Gillet, avec la terre de Limoges-Fourches et le
bien de Bias, les objets d’art et les peintures du lils cadet de François
Dumont. Au rebours d’un légataire respectueux mais banal, le
Dr Gillet se fondit de cœur et de souvenirs dans l’histoire de Dumont
et voulut en être la tradition vivante.

Et voilà comme le Louvre reçoit aujourd’hui cette suite de mi-
niatures de François Dumont. En 1891, déjà, la libéralité du
D1 Henry Gillet s’exerçait au profit du musée par le don du buste de
Dumont, œuvre de Dejoux, et de la maquette, en terre cuite, du
Voltaire de Houdon. Et, quand il ne donne pas, le D1' Gillet prête
sans compter. A toutes les occasions propices au regain d’honneur
du miniaturiste, sa conscience d’héritier se fait un devoir de pro-
duire quelque œuvre séduisante de Dumont : il est peu d’expositions
rétrospectives où ne figurent de ses généreuses contributions. C’est
mériter, non seulement des lidèles de l’art ancien, mais encore du
courageux essai de résurrection de la miniature tenté de nos jours
par Mm0 Débitlemont et MUe Odérieu.

De l’étude de Dumont, quel profit nos modernes ne tireraient-
ils pas? Depuis la finesse de facture et l’enveloppe poétique jusqu’à
1 air respirable où vivent les personnages, jusqu’à leur aisance d’at-
titudes, leur variété de poses, jusqu’à la franchise du dessin et le
ferme vouloir de n’éluder aucun problème de modelé, tout s’y trouve
à l’état de parfait exemple et de l’imitation la plus aisée, car ces
multiples agréments abondent de la grande clarté française.

11 Y. ~S R Y DE CHEMN E VIÈ UES