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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de façon à former une sorte d’ogive, sont comme un rayonnement
du ciel autour de la sainte. Ce bas-relief est aussi remarquable par
le sentiment que par l’exécution1. — Un autre bas-relief, qui fait
penser à Antonio Rossellino, représente la Vierge assise, vue de
trois quarts à droite, tenant sur ses genoux l’Enfant Jésus, vu de
face ; dans le haut, de chaque côté, une tète de séraphin parmi les
nuages. Ce bas-relief en terre cuite conserve des traces de dorure.
Les tons amortis de l'or ne contribuent pas peu à rehausser le
charme des figures, à mettre en relief leur expression douce et
grave, à la fois très humaine et très religieuse. Un magnifique cadre
ancien accompagne l’œuvre du sculpteur. Il est pourvu de pilastres
bleus, bordés de rouge, et décorés d’arabesques d’or. On lit sur la
corniche : « Regifia cœli » et sur le soubassement : « S. Maria dell’
ami lia ».
Pour se rendre compte de ce qu’a été la sculpture en France, les
témoignages ne manquent pas non plus. On trouve représentés dans
la collection Bonnat, soit par des maquettes, soit par des œuvres
achevées, Puget, Bouchardon, Falconet, Pajou, David d’Angers,
Rivière, Ramey, Crozatier, Carpeaux, Chapu, Barye, M. Guillaume,
M. Frémiet et M. Dubois. Si les œuvres de Barye, souvent repro-
duites, n’étaient pas dans toutes les mémoires, il ne serait que juste de
passer en revue les principales ; mais avec les notices de Paul Mantz,
de M. Eugène Guillaume et de M. Bonnat2, chacun peut s’en faire
une idée très complète. Ce qu’il faut, au contraire, signaler avec
insistance, ce sont les bustes en bronze d'Ingres, par M. Eugène
Guillaume, et de M. Bonnat, par M. Paul Dubois3. Ces bustes sont des
merveilles de ressemblance et d’habileté. Personne ne s’étonnera de
les trouver dans le musée de Bayonne. Ingres, par le nombre de ses
dessins, est la principale gloire de ce musée. Quant à M. Bonnat, il
est ici chez lui, et l’on aime à regarder, non sans un sentiment de
gratitude, les traits de l’artiste éminent qui, après avoir formé une
si belle collection, procure par sa libéralité tant de jouissances
exquises aux visiteurs attentifs.
G l S T A V K G R U Y E R
t. Un bas-relief identique, mais beaucoup moins beau, se trouve au Louvre
(n° 465), où il est attribué à Benedelto da Majano.
2. V. Gazelle des Beaux-Arts, 3e pér., t. I, p. 374.
3. Ce buste en cire perdue, que nous reproduisons en lettre, a été exécuté en
1888 et a figuré au Salon de 1889. En 1888, M. Bonnat avait cinquante-cinq ans.
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de façon à former une sorte d’ogive, sont comme un rayonnement
du ciel autour de la sainte. Ce bas-relief est aussi remarquable par
le sentiment que par l’exécution1. — Un autre bas-relief, qui fait
penser à Antonio Rossellino, représente la Vierge assise, vue de
trois quarts à droite, tenant sur ses genoux l’Enfant Jésus, vu de
face ; dans le haut, de chaque côté, une tète de séraphin parmi les
nuages. Ce bas-relief en terre cuite conserve des traces de dorure.
Les tons amortis de l'or ne contribuent pas peu à rehausser le
charme des figures, à mettre en relief leur expression douce et
grave, à la fois très humaine et très religieuse. Un magnifique cadre
ancien accompagne l’œuvre du sculpteur. Il est pourvu de pilastres
bleus, bordés de rouge, et décorés d’arabesques d’or. On lit sur la
corniche : « Regifia cœli » et sur le soubassement : « S. Maria dell’
ami lia ».
Pour se rendre compte de ce qu’a été la sculpture en France, les
témoignages ne manquent pas non plus. On trouve représentés dans
la collection Bonnat, soit par des maquettes, soit par des œuvres
achevées, Puget, Bouchardon, Falconet, Pajou, David d’Angers,
Rivière, Ramey, Crozatier, Carpeaux, Chapu, Barye, M. Guillaume,
M. Frémiet et M. Dubois. Si les œuvres de Barye, souvent repro-
duites, n’étaient pas dans toutes les mémoires, il ne serait que juste de
passer en revue les principales ; mais avec les notices de Paul Mantz,
de M. Eugène Guillaume et de M. Bonnat2, chacun peut s’en faire
une idée très complète. Ce qu’il faut, au contraire, signaler avec
insistance, ce sont les bustes en bronze d'Ingres, par M. Eugène
Guillaume, et de M. Bonnat, par M. Paul Dubois3. Ces bustes sont des
merveilles de ressemblance et d’habileté. Personne ne s’étonnera de
les trouver dans le musée de Bayonne. Ingres, par le nombre de ses
dessins, est la principale gloire de ce musée. Quant à M. Bonnat, il
est ici chez lui, et l’on aime à regarder, non sans un sentiment de
gratitude, les traits de l’artiste éminent qui, après avoir formé une
si belle collection, procure par sa libéralité tant de jouissances
exquises aux visiteurs attentifs.
G l S T A V K G R U Y E R
t. Un bas-relief identique, mais beaucoup moins beau, se trouve au Louvre
(n° 465), où il est attribué à Benedelto da Majano.
2. V. Gazelle des Beaux-Arts, 3e pér., t. I, p. 374.
3. Ce buste en cire perdue, que nous reproduisons en lettre, a été exécuté en
1888 et a figuré au Salon de 1889. En 1888, M. Bonnat avait cinquante-cinq ans.