Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 29.1903)

LES PORTRAITS DE LOUIS XI

219

collectionneur, en son hôtel voisin de Saint-Eustache1. 11 y a celte
curiosité que cette effigie est justement orientée dans le sens du por-
trait de Gaignières; que le collier y a la même chute en arrière,
que le chapeau est identique. Madame de Nemours occupait l’ancien
hôtel de Catherine de Médicis, et il y a lieu de penser que depuis la
reine mère — qui pos-
sédait un Louis XI —
l’œuvre n’avait pas
quitté la maison. Gai-
gnières a fait repro-
duire ce Louis XI en
pied dans son recueil,
à côté du sien, de sorte
que le rapprochement
s’impose. A part la cou-
leur de l’habit, nulles
différences. Même le
chapeau, de forme si
spéciale, est semblable.

Je ne tire aucune con-
clusion de cette remar-
que; elle me paraît
cependant assez notable
dans la circonstance;
elle contribue à faire
naître un soupçon,
surtout lorsque nous
surprenons dans la cor-
respondance du collec-
tionneur les nombreu-
ses demandes de copies, les ordres d’exécution envoyés partout2.
Toutefois, ne l’oublions pas : le type du roi dont nous nous occupons

PORTRAIT DE LOUIS XI, AQUARELLE
D’APRÈS LA PEINTURE DE Mme DE NEMOURS
(Recueil de Gaignières, Cabinet des estampes, Paris.)

1. Cabinet des estampes, Oa 15, fol. 3.

2. Une circonstance spéciale nous fait douter que le portrait de la duchesse
dé Nemours fût ancien : le roi, au lieu des poulaines de son temps, y porte les
chaussures à crevés de François Ier. Ceci nous montre que la reine Catherine
l’avait demandé à un artiste de son temps, qui, n'ayant pas compris le caractère
du portrait de Fontainebleau, l’avait arrangé à la mode du xvie siècle. Cette
constatation est péremptoire et clôt le débat d’une façon formelle. Le chapeau
sans médaille serait donc une interprétation du xvi° siècle, et l’éditeur du
Prompluaire aurait été égaré par la copie aperçue à la cour de France.