UN MANUSCRIT DE PHILIPPE LE BON
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Il est évident que le frontispice a été exécuté en dernier lieu, car
tel des personnages représentés, notamment le vieux Rolin, aurait
pu mourir dans l’intervalle, et le travail eût été à recommencer. Or,
cette miniature ne peut être antérieure au mois de mai 1456, date de
la collation de l’ordre de la Toison d’or au Grand Bâtard de Bourgogne ;
elle ne peut être postérieure à 1460, époque où Fillastre, évêque
de Toul de 1449 à 1460, devint évêque de Tournai. On sera donc
très près de la vérité en
admettant que le ma-
nuscrit fut offert à Phi-
lippe le 1er janvier 1458 ;
la miniature initiale se-
rait de 1457, et le tra-
vail d’enluminure au-
rait été commencé en
1454. Nous avons des
exemples, contempo-
rains de manuscrits
historiés qui ont exigé
trois ans de travail.
L’âge apparent des
personnages sur le fron-
tispice confirme pleine-
ment ces conclusions.
Le duc de Bourgogne,
né en 1396, a soixante-
un ans ; le comte de Cha-
rolais en a vingt-quatre;
le chancelier Rotin en
a quatre-vingt-deux.
Assurément, Philippe le Bon paraît un peu plus vieux que son âge;
mais les autres portraits que nous possédons de lui témoignent tous
d’une usure physique prématurée1 2.
Il est intéressant de comparer ce frontispice à ceux des Histoires
de Hainaut, à Bruxelles, et du Gérard de Roussillon, à Vienne3. Dans
ASSASSINATS DE C II I L P É R I C E T D É B E K U L P H E 1
MINI A T U R E
DES « GRANDES CHRONIQUES DE S A INT-DE N Y S
(Bibliothèque impériale, Saint-Pétersbourg.)
1. Grandes Chroniques, éd. Paulin Paris, t. I, p. 218 et 235.
2. Par exemple le beau portrait d’Anvers [Bilderschatz, t. VIII, no 1117).
3. Le frontispice des Histoires de Hainaut a été gravé dans le Jahrhuch d’Au-
triche, 1899, p. 207; celui du Gérard de Roussillon dans le même recueil, p. 205
et dans la revue viennoise Kunst und Kunsthandwerk, 1902, p. 352.
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Il est évident que le frontispice a été exécuté en dernier lieu, car
tel des personnages représentés, notamment le vieux Rolin, aurait
pu mourir dans l’intervalle, et le travail eût été à recommencer. Or,
cette miniature ne peut être antérieure au mois de mai 1456, date de
la collation de l’ordre de la Toison d’or au Grand Bâtard de Bourgogne ;
elle ne peut être postérieure à 1460, époque où Fillastre, évêque
de Toul de 1449 à 1460, devint évêque de Tournai. On sera donc
très près de la vérité en
admettant que le ma-
nuscrit fut offert à Phi-
lippe le 1er janvier 1458 ;
la miniature initiale se-
rait de 1457, et le tra-
vail d’enluminure au-
rait été commencé en
1454. Nous avons des
exemples, contempo-
rains de manuscrits
historiés qui ont exigé
trois ans de travail.
L’âge apparent des
personnages sur le fron-
tispice confirme pleine-
ment ces conclusions.
Le duc de Bourgogne,
né en 1396, a soixante-
un ans ; le comte de Cha-
rolais en a vingt-quatre;
le chancelier Rotin en
a quatre-vingt-deux.
Assurément, Philippe le Bon paraît un peu plus vieux que son âge;
mais les autres portraits que nous possédons de lui témoignent tous
d’une usure physique prématurée1 2.
Il est intéressant de comparer ce frontispice à ceux des Histoires
de Hainaut, à Bruxelles, et du Gérard de Roussillon, à Vienne3. Dans
ASSASSINATS DE C II I L P É R I C E T D É B E K U L P H E 1
MINI A T U R E
DES « GRANDES CHRONIQUES DE S A INT-DE N Y S
(Bibliothèque impériale, Saint-Pétersbourg.)
1. Grandes Chroniques, éd. Paulin Paris, t. I, p. 218 et 235.
2. Par exemple le beau portrait d’Anvers [Bilderschatz, t. VIII, no 1117).
3. Le frontispice des Histoires de Hainaut a été gravé dans le Jahrhuch d’Au-
triche, 1899, p. 207; celui du Gérard de Roussillon dans le même recueil, p. 205
et dans la revue viennoise Kunst und Kunsthandwerk, 1902, p. 352.