280
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Ce n’est pas tout. On sait que les catalogues des expositions ne
détaillent pas toujours les envois; il arrive que la seule indication
donnée soit : plusieurs tableaux sous le même numéro. Là encore Saint-
Aubin nous rend un service immense : il nous croque des séries en-
tières de tableaux non catalogués et nous permet de savoir quels
étaient ces tableaux. L’on peut, avec ce précieux guide, identifier
bien des œuvres et ainsi retrouver leur trace; enfin, les quelques
notes manuscrites ne sont pas sans valeur.
I
C’est à la Bibliothèque Nationale, au Cabinet des estampes, que
se trouve la plus importante collection de ces livrets de Saint-Aubin.
Il y en a dix en tout : les catalogues des Salons de 1761, 1769 et 1777
et les catalogues de novembre 1772 (vente Louis-Michel Vanloo),
des 14 octobre et 18 novembre 1776 (ventes Fournelle), du 8 mai 1777
(vente du prince de Conti)1, du 18 mai 1778 (vente Fitz-James),
du 14 décembre 1778 (vente Natoire), du S mai 1779 (vente du mar-
quis de Calvière).
Parmi tant de trésors il fallait faire un choix; nous nous sommes
arreté au catalogue du Salon de 1761, et voici pourquoi : on aurait
pu butiner à droite et à gauche dans ce délicieux et tentant assem-
blage, mais il nous a semblé préférable de faire revivre un Salon qui
représente une date importante, et de nous en tenir à un seul de ces
catalogues, le plus curieux et par les illustrations, et par la quan-
tité des œuvres exposées. Le champ d’étude offre ainsi plus d’unité
et plus d’intérêt, semble-t-il ; et, tout en nous occupant du dessi-
nateur, il se trouvera peut-être que nous aurons fait, de croquis en
croquis, une histoire en miniature de l’art français au milieu du
xviii® siècle.
Au nombre des œuvres connues qui figuraient au Salon de
1761 il faut placer en tête, à cause de sa popularité, Y Accordée de
village de Greuze ; puis viennent dix pastels de La Tour dont La Dau-
phine Marie-Josèphe de Saxe (Louvre) et Crébillon (Saint-Quentin);
une réplique curieuse du Bénédicité de Chardin (collection de
Mme Jahan-Marcille) ; les deux Vues de Bayonne de Joseph Yernet
(Louvre) ; le Portrait de Madame Infante, duchesse de Parme, en habit
1. Ce catalogue ne renferme que quatre petits croquis de Saint-Aubin d’a-
près des pierres antiques, et un très joli frontispice de sa composition (dessin
original).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Ce n’est pas tout. On sait que les catalogues des expositions ne
détaillent pas toujours les envois; il arrive que la seule indication
donnée soit : plusieurs tableaux sous le même numéro. Là encore Saint-
Aubin nous rend un service immense : il nous croque des séries en-
tières de tableaux non catalogués et nous permet de savoir quels
étaient ces tableaux. L’on peut, avec ce précieux guide, identifier
bien des œuvres et ainsi retrouver leur trace; enfin, les quelques
notes manuscrites ne sont pas sans valeur.
I
C’est à la Bibliothèque Nationale, au Cabinet des estampes, que
se trouve la plus importante collection de ces livrets de Saint-Aubin.
Il y en a dix en tout : les catalogues des Salons de 1761, 1769 et 1777
et les catalogues de novembre 1772 (vente Louis-Michel Vanloo),
des 14 octobre et 18 novembre 1776 (ventes Fournelle), du 8 mai 1777
(vente du prince de Conti)1, du 18 mai 1778 (vente Fitz-James),
du 14 décembre 1778 (vente Natoire), du S mai 1779 (vente du mar-
quis de Calvière).
Parmi tant de trésors il fallait faire un choix; nous nous sommes
arreté au catalogue du Salon de 1761, et voici pourquoi : on aurait
pu butiner à droite et à gauche dans ce délicieux et tentant assem-
blage, mais il nous a semblé préférable de faire revivre un Salon qui
représente une date importante, et de nous en tenir à un seul de ces
catalogues, le plus curieux et par les illustrations, et par la quan-
tité des œuvres exposées. Le champ d’étude offre ainsi plus d’unité
et plus d’intérêt, semble-t-il ; et, tout en nous occupant du dessi-
nateur, il se trouvera peut-être que nous aurons fait, de croquis en
croquis, une histoire en miniature de l’art français au milieu du
xviii® siècle.
Au nombre des œuvres connues qui figuraient au Salon de
1761 il faut placer en tête, à cause de sa popularité, Y Accordée de
village de Greuze ; puis viennent dix pastels de La Tour dont La Dau-
phine Marie-Josèphe de Saxe (Louvre) et Crébillon (Saint-Quentin);
une réplique curieuse du Bénédicité de Chardin (collection de
Mme Jahan-Marcille) ; les deux Vues de Bayonne de Joseph Yernet
(Louvre) ; le Portrait de Madame Infante, duchesse de Parme, en habit
1. Ce catalogue ne renferme que quatre petits croquis de Saint-Aubin d’a-
près des pierres antiques, et un très joli frontispice de sa composition (dessin
original).