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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 4
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Mély, Fernand de: Deux sarcophages anthropomorphes découverts à Carthage
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0344

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DEUX SARCOPHAGES ANTHROPOMORPHES

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Mais combien plus précieux le sarcophage de la prêtresse !

Sur la photographie, on peut à peine lire tous les détails, pourtant
d’un intérêt infini; la lettre du R. P. Delattre qui l’accompagnait
nous permet de les retrouver, une fois signalés.

Etendue sur son sarcophage entièrement peint des plus brillantes
couleurs rehaussées d’or, dans le costume des grandes déesses égyp-
tiennes Isis et Nephtys,le corps caché par les deux ailes du vautour
sacré, elle tient dans la main droite une colombe. Sa tête, hiérati-
quement calme, rappelle les plus splendides stèles antiques. Elle est
coiffée du Stéphane, surmonté d’un oiseau accouvé, voile court qui
laisse cependant apparaître sur les tempes les cheveux frisés au fer,
en permettant aussi aux boucles longues de retomber sur les épaules.
Son vêtement, composé d’une pièce d’étoffe légère et symétriquement
plissée, tel un long surplis, laisse à découvert le cou et le haut des
seins, sur lesquels deux fibules, dépendant d’un collier, le retiennent.
Les hanches et le bas du corps disparaissent dans l’enveloppement
des ailes de l’oiseau sacré.

A un point de vue très spécial, le caractère ethnique de cette
attachante figure offre un intérêt tout particulier. Qu’elle soit de style
grec, ou même de travail grec; qu’elle porte le costume religieux de
cette Egypte dont les rites carthaginois semblent tout imprégnés,
elle nous montre le type, certainement idéalisé, de cette race punique,
d’origine phénicienne, dont le siège de Carthage nous a fait connaître
les femmes, énergiques et vaillantes jusqu’à la mort.

Et je la rapproche de cette dame d’Elché (reproduite ici en
lettre), qui fut, lors de sa découverte, il y a quelques années, une
véritable révélation; j’y retrouve, comme sur la statue des rivages
d'Espagne et sur un des sarcophages de Sidon1, les mêmes carac-
tères très personnels d’austérité calme et de sérieux puissant.

Et c’est parce qu’au point de vue artistique, cette image funéraire-
vient prendre, dans une étude sut La Représentation féminine dans
R antiquité que nous préparons, une place demeurée vide jusqu’ici,
que nous avons cru pouvoir — quoique étranger aux choses d’Afrique
— présenter aux lecteurs de la Gazette ce merveilleux vestige d’une
lointaine civilisation, pour ainsi dire encore impénétrée.

F. DE MÉL Y

]. Cf. O. Hamdy Bey et Th. Reinach, Une nécropole royale à Sidon, Paris,,.
Leroux, 1902, gr. in-folio, pl. XLV, n° 82.

xxix. — 3e PÉRIODE.

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