PIERRE JULIEN
327
A quatorze ans, Pierre n’a encore reçu aucune instruction. Ses
journées se passent à veiller sur les troupeaux qui lui sont conliés.
Son amusement favori consiste à pétrir de la terre, puis à reproduire
de son mieux tout ce qui P entoure. Les esquisses, pour être grossières,
n’en dénotent pas moins un talent naissant. Un oncle du petit artiste,
religieux de la Compagnie de Jésus, sut apprécier ces dispositions.
Il conduisit son neveu au Puy et le plaça en apprentissage chez le
sculpteur-doreur Gabriel Samuel1. Les premières notions de dessin
reçues, Julien aida son maître à tailler dans le chêne ou le noyer
quelques statues de saints. Ces sujets, toujours les mêmes, dévelop-
paient peu l’esprit, mais donnaient à la main une grande sûreté dans
l’exécution, qualité que Julien conservera.
L’apprentissage touche à sa fin; son oncle l’appelle à Lyon et le
confie aux soins de Perrache. Julien se livre au travail avec ardeur
et obtient la première médaille distribuée par l’Académie nouvelle-
ment fondée. Plein d’espoir pour l’avenir de son élève, Perrache
l’amène à Paris et le recommande à Guillaume II Coustou.
Arrivé dans la capitale, probablement en 1758, Julien suit avec
docilité les leçons de son maître, et en peu de temps acquiert une
rare habileté, que Guillaume II Coustou mettra plus tard à contri-
bution. Son heureux caractère lui fait de nombreux amis parmi ses
camarades d’atelier : Beauvais, Dejoux, Quatremère de Quincy lui
resteront fidèles toute la vie.
Comme élève de l’Académie royale, nous voyons les efforts de
Julien couronnés de succès. Le 31 décembre 1760, il remporte la
première médaille de quartier; Barbier, peintre, la seconde, et Taurine,
sculpteur, la troisième.
11 s’écoule quatre ans avant que Julien soit admis au concours du
grand prix. Beauvais, Sénéchal, Vallée, Milot, Julien, Bourieff et
Pilon , sculpteurs, sont désignés pour la dernière épreuve du grand prix
de 1764. Beauvais, le camarade de Julien, obtient le premier prix.
y avait au foyer paternel Antoine, un second frère dont nous n’avons pas le
nom, et Anne, sa sœur. Antoine et Anne allèrent habiter Vais, près Le Puy; le
second frère resta à la maison.
1. G. Samuel était élève de Mathieu Bonlils, né en 1667 à Saint-Bonnet-le-
Clmteau en Forez. Bondis était lui-même élève de Pierre Vaneau (1653-1694),
sculpteur attitré d’Armand de Béthune, évêque du Puy, et chef d’une petite école
régionale de tailleurs d’images aux œuvres remarquables.
A l’atelier Bondis, Samuel avait pour compagnons Pierre Layes, Jean Marcon
et surtout Robert Michel (1721-1783), mort à Madrid directeur général de l’Aca-
démie de San Fernando. Les œuvres de ce dernier, nombreuses en Espagne,
témoignent autant de sa grande habileté que de son réel talent.
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A quatorze ans, Pierre n’a encore reçu aucune instruction. Ses
journées se passent à veiller sur les troupeaux qui lui sont conliés.
Son amusement favori consiste à pétrir de la terre, puis à reproduire
de son mieux tout ce qui P entoure. Les esquisses, pour être grossières,
n’en dénotent pas moins un talent naissant. Un oncle du petit artiste,
religieux de la Compagnie de Jésus, sut apprécier ces dispositions.
Il conduisit son neveu au Puy et le plaça en apprentissage chez le
sculpteur-doreur Gabriel Samuel1. Les premières notions de dessin
reçues, Julien aida son maître à tailler dans le chêne ou le noyer
quelques statues de saints. Ces sujets, toujours les mêmes, dévelop-
paient peu l’esprit, mais donnaient à la main une grande sûreté dans
l’exécution, qualité que Julien conservera.
L’apprentissage touche à sa fin; son oncle l’appelle à Lyon et le
confie aux soins de Perrache. Julien se livre au travail avec ardeur
et obtient la première médaille distribuée par l’Académie nouvelle-
ment fondée. Plein d’espoir pour l’avenir de son élève, Perrache
l’amène à Paris et le recommande à Guillaume II Coustou.
Arrivé dans la capitale, probablement en 1758, Julien suit avec
docilité les leçons de son maître, et en peu de temps acquiert une
rare habileté, que Guillaume II Coustou mettra plus tard à contri-
bution. Son heureux caractère lui fait de nombreux amis parmi ses
camarades d’atelier : Beauvais, Dejoux, Quatremère de Quincy lui
resteront fidèles toute la vie.
Comme élève de l’Académie royale, nous voyons les efforts de
Julien couronnés de succès. Le 31 décembre 1760, il remporte la
première médaille de quartier; Barbier, peintre, la seconde, et Taurine,
sculpteur, la troisième.
11 s’écoule quatre ans avant que Julien soit admis au concours du
grand prix. Beauvais, Sénéchal, Vallée, Milot, Julien, Bourieff et
Pilon , sculpteurs, sont désignés pour la dernière épreuve du grand prix
de 1764. Beauvais, le camarade de Julien, obtient le premier prix.
y avait au foyer paternel Antoine, un second frère dont nous n’avons pas le
nom, et Anne, sa sœur. Antoine et Anne allèrent habiter Vais, près Le Puy; le
second frère resta à la maison.
1. G. Samuel était élève de Mathieu Bonlils, né en 1667 à Saint-Bonnet-le-
Clmteau en Forez. Bondis était lui-même élève de Pierre Vaneau (1653-1694),
sculpteur attitré d’Armand de Béthune, évêque du Puy, et chef d’une petite école
régionale de tailleurs d’images aux œuvres remarquables.
A l’atelier Bondis, Samuel avait pour compagnons Pierre Layes, Jean Marcon
et surtout Robert Michel (1721-1783), mort à Madrid directeur général de l’Aca-
démie de San Fernando. Les œuvres de ce dernier, nombreuses en Espagne,
témoignent autant de sa grande habileté que de son réel talent.