PIERRE JULIEN
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Julien commence à être recherché par les amateurs. Le président
Hocquart, le baron de Juis, le comte de Vaudreuil, lui commandenl
toujours des travaux. Ses protecteurs, le duc de Nivernais, M. de
Buffon, le cardinal de Bernis, doivent aussi posséder de ses œuvres.
Voyons si on lui est aussi favorable qu’à sa première appari-
tion au Salon. Il est vrai que son envoi est modeste.
Diderot, dans son Salon de 1781, n’adresse que des critiques à
notre artiste. La Figure d’Érigone est « sans expression, mal des-
sinée; le corps est ce qu'il y a de moins mal ». Pour la Tête de
Vestale, « les touches y sont dures et sèches, point de noblesse ».
L’art de Julien, fait de grâces pures d’une antiquité mieux
connue, ne pouvait convenir à Diderot qui ne s’est jamais prononcé
d’une manière bien explicite sur son type idéal de beauté.
Le Continuateur de BachaumonC est plus encourageant : « La
Figure d’Erigone de M. Julien est d’une grande expression, et le
marbre d’une blancheur parfaite. Sa Tète de Vestale exprime plus le
chagrin que le recueillement; on la jugerait moins une prêtresse de
l’antiquité qu’une recluse de nos jours dont une tristesse sombre
n’est que trop Je fréquent attribut; du reste, le faire en est superbe ! »
Panard au Salon est élogieux pour Erigone : « Belles proportions,
contours agréables et voluptueux, détails gracieux, chairs d’un moel-
leux achevé, attitude vraie et attrayante ; sagesse et facilité de dessin,
dont l’exécution aisée paraît n’avoir rien coûté au ciseau de l’artiste.»
Ces figures durent aller dans les collections particulières de leurs
propriétaires. Chez le comte de Vaudreuil, au milieu de mille curio-
sités, on voyait des copies de l’antique, des figures modernes de
Julien, de Boizot, de Clodion.
A peine deux années se sont-elles écoulées depuis l’entrée de
Julien à l’Académie que, le 8 décembre 1781, il est nommé profes-
seur adjoint, avec Berruer, Ménageot et Suvée2.
Du mois de février 1781 au mois de décembre 1782, Julien ne
prend aucune part aux délibérations de l’Académie. Il se trouvait à
Lyon, comme nous l’apprend un des comptes rendus : « Aujourd’hui,
26 janvier 1782, M. Julien, sculpteur et adjoint à professeur, présen-
tement à Lyon, ayant fait demander que la Diane antique soit déposée
chez M. de Joux, académicien, pour en faire une copie pour lui,
l’Académie accorde ladite demande. » Cette copie était probablement
destinée au président Hocquart ou au baron de Juis.
1. Tome XIX, p. 316.
2. Procès-verbaux de l’Académie, etc.
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Julien commence à être recherché par les amateurs. Le président
Hocquart, le baron de Juis, le comte de Vaudreuil, lui commandenl
toujours des travaux. Ses protecteurs, le duc de Nivernais, M. de
Buffon, le cardinal de Bernis, doivent aussi posséder de ses œuvres.
Voyons si on lui est aussi favorable qu’à sa première appari-
tion au Salon. Il est vrai que son envoi est modeste.
Diderot, dans son Salon de 1781, n’adresse que des critiques à
notre artiste. La Figure d’Érigone est « sans expression, mal des-
sinée; le corps est ce qu'il y a de moins mal ». Pour la Tête de
Vestale, « les touches y sont dures et sèches, point de noblesse ».
L’art de Julien, fait de grâces pures d’une antiquité mieux
connue, ne pouvait convenir à Diderot qui ne s’est jamais prononcé
d’une manière bien explicite sur son type idéal de beauté.
Le Continuateur de BachaumonC est plus encourageant : « La
Figure d’Erigone de M. Julien est d’une grande expression, et le
marbre d’une blancheur parfaite. Sa Tète de Vestale exprime plus le
chagrin que le recueillement; on la jugerait moins une prêtresse de
l’antiquité qu’une recluse de nos jours dont une tristesse sombre
n’est que trop Je fréquent attribut; du reste, le faire en est superbe ! »
Panard au Salon est élogieux pour Erigone : « Belles proportions,
contours agréables et voluptueux, détails gracieux, chairs d’un moel-
leux achevé, attitude vraie et attrayante ; sagesse et facilité de dessin,
dont l’exécution aisée paraît n’avoir rien coûté au ciseau de l’artiste.»
Ces figures durent aller dans les collections particulières de leurs
propriétaires. Chez le comte de Vaudreuil, au milieu de mille curio-
sités, on voyait des copies de l’antique, des figures modernes de
Julien, de Boizot, de Clodion.
A peine deux années se sont-elles écoulées depuis l’entrée de
Julien à l’Académie que, le 8 décembre 1781, il est nommé profes-
seur adjoint, avec Berruer, Ménageot et Suvée2.
Du mois de février 1781 au mois de décembre 1782, Julien ne
prend aucune part aux délibérations de l’Académie. Il se trouvait à
Lyon, comme nous l’apprend un des comptes rendus : « Aujourd’hui,
26 janvier 1782, M. Julien, sculpteur et adjoint à professeur, présen-
tement à Lyon, ayant fait demander que la Diane antique soit déposée
chez M. de Joux, académicien, pour en faire une copie pour lui,
l’Académie accorde ladite demande. » Cette copie était probablement
destinée au président Hocquart ou au baron de Juis.
1. Tome XIX, p. 316.
2. Procès-verbaux de l’Académie, etc.