PIERRE JULIEN
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un cep de vigne, La Fontaine, les jambes croisées, le bras droit
appuyé sur une branche, le stylet à la main, tient de la gauche un
rouleau de papier où il vient de tracer le sujet de ses malignes
méditations : Le Renard et les Raisins. La tête est très expressive : le
regard plonge au loin, à la fois rêveur et réfléchi, avec une pointe
de malice tempérée
de bonhomie ; les
lèvres, à peine closes
et relevées aux com-
missures, nous lais-
sent entendre dis-
crètement : « Ils sont
trop verts,. dit-il, et
lions pour des gou-
jats. »
Cette perfection
de l’expression et de
la pose se trouve
encore accrue par la
vérité du costume et
la sobriété des acces-
soires.
La question du
costume était à l’or-
dre du jour. Faut-il
donner à un homme
le costume de son
temps? C’est ce
qu’avait fait Caffiéri
pour son Corneille
du Salon de 1779,
ainsi que Houdon pour Tourville au Salon suivant. Le directeur
anonyme1 d’un des journaux les plus estimés, le Journal de Paris,
ne désapprouve point cette innovation : « Une hardiesse du sculpteur
Caffiéri, ç’a été dans le rendu de la vérité du costume du temps le
plus exact, de ce vêtement épais qui fait ressortir davantage l’esprit,
le saillant de la physionomie. »
L’auteur des Observations générales sur le Salon de 1783 ne peut
L A F O N TA I N F, PAR JULIE X
(Institut de France.)
1. Bachaumont (dans le n° 270, 27 septembre 1779).
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un cep de vigne, La Fontaine, les jambes croisées, le bras droit
appuyé sur une branche, le stylet à la main, tient de la gauche un
rouleau de papier où il vient de tracer le sujet de ses malignes
méditations : Le Renard et les Raisins. La tête est très expressive : le
regard plonge au loin, à la fois rêveur et réfléchi, avec une pointe
de malice tempérée
de bonhomie ; les
lèvres, à peine closes
et relevées aux com-
missures, nous lais-
sent entendre dis-
crètement : « Ils sont
trop verts,. dit-il, et
lions pour des gou-
jats. »
Cette perfection
de l’expression et de
la pose se trouve
encore accrue par la
vérité du costume et
la sobriété des acces-
soires.
La question du
costume était à l’or-
dre du jour. Faut-il
donner à un homme
le costume de son
temps? C’est ce
qu’avait fait Caffiéri
pour son Corneille
du Salon de 1779,
ainsi que Houdon pour Tourville au Salon suivant. Le directeur
anonyme1 d’un des journaux les plus estimés, le Journal de Paris,
ne désapprouve point cette innovation : « Une hardiesse du sculpteur
Caffiéri, ç’a été dans le rendu de la vérité du costume du temps le
plus exact, de ce vêtement épais qui fait ressortir davantage l’esprit,
le saillant de la physionomie. »
L’auteur des Observations générales sur le Salon de 1783 ne peut
L A F O N TA I N F, PAR JULIE X
(Institut de France.)
1. Bachaumont (dans le n° 270, 27 septembre 1779).