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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0382

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BIBLIOGRAPHIE

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faite à la Sorbonne, expose dans son ensemble la doctrine de l’auteur. Il définit
la numismatique : la science qui étudie et classe les monnaies anciennes en vue
de les faire servir à la connaissance de l'histoire. 11 examine successivement ce
que les monnaies nous apprennent sur la chronologie, la géographie, les faits
politiques et la succession des dynasties; comment elles tracent en raccourci une
histoire complète de l’art; comment elles aident à reconstituer des œuvres per-
dues, à restaurer avec certitude des statues mutilées; enfin, de quelles idées
religieuses elles sont l’écho encore vibrant. Cette leçon, accompagnée de figures,
est certainement un des meilleurs résumés qui aient paru sur l’utilité de la
science numismatique. Elle mérite d’être lue par tous les jeunes gens qui se
destinent aux études archéologiques; elle leur démontrera la nécessité de ne pas
négliger un domaine aussi vaste de l’histoire ancienne.

Je puis apporter à l’appui de l’exposition si lumineuse de M. Th. Reiriach les
souvenirs de ceux qui ont approché de près un des plus fins connaisseurs de
notre temps, Adrien de Longpérier. J’ai souvent entendu dire qu’il se vantait de
posséder, avec la numismatique, un point de repère, une sorte de pierre de touche
pour juger toutes les antiquités qu’on lui apportait, de quelque nature qu’elles
fussent. Mis en présence d’une sculpture, d’un bronze, d'une terre cuite ou d’un
vase, il comparait mentalement les formes qu’il avait sous les yeux avec celles
des médailles qu’il connaissait à fond; il diagnostiquait ainsi, avec une sûreté
qui faisait l’étonnement de son entourage, la date ou la provenance d’un objet.
Comme Socrate, il avait son démon, qui lui parlait à l'oreille, et c’était le bon
génie de la numismatique.

Ce fait suggère pourtant une réflexion qui expliquera peut-être pourquoi les
archéologues manifestent une sorte d’indifférence pour ces petits disques de
métal. Je parle des historiens de l’art, car les éciivains de l’histoire politique
sont sans excuse quand ils négligent de recourir à des documents si précis.
Comme le remarque M. Th.Reinach lui-même, la gravure en médailles est, dans
l’antiquité, un art officiel contrôlé par l’Élat, astreint à des règles sévères. Non
seulement l’espace lui est très limité pour placer des figures, non seulement
toute composition un peu vaste lui est d’avance refusée, mais les marques mêmes,
les symboles, les représentations de dieux, de personnages ou d’animaux lui
sont imposés par des conditions qui dépendent de la cité elle-même, non de
l’artiste. C’est un art de commande et, par là même, un peu froid. Il n’a pas
beaucoup d’invention ni d’originalité. 11 est maître absolu de l’exécution; il peut
la rendre délicate, vigoureuse, pittoresque même et exquise, et il n’y manque
pas, puisque les Grecs ont produit là comme ailleurs des chefs-d’œuvre. Mais on
y chercherait vainement ces qualités d’indépendance, cet imprévu et cette liberté
qui charment dans tant d’autres œuvres de la plastique ou de la peinture. C’est
bien, comme on l’a dit encore, une « grammaire de l’art grec ». C’est pourquoi
Longpérier, qui savait cette grammaire sur le bout du doigt, s’en servait à
merveille. D'autres, moins avisés ou moins patients, trouvent ennuyeux de l’ap-
prendre. Je ne dis pas qu’ils aient raison.

Dans l’histoire des origines de la monnaie, l’auteur me paraît avoir élucidé
avec beaucoup de sens l’histoire du roi d’Argos Pheidon, qui a été embrouillée
et obscurcie à plaisir par des textes contradictoires. Les Grecs lui attribuaient
l’invention de la monnaie, tradition qui semble inspirée par une vanité argienne
 
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