LES ACQUISITIONS
DU DÉPARTEMENT DE LA SCULPTURE
DU MOYEN AGE, DE LA RENAISSANCE ET DES TEMPS MODERNES
AU MUSÉE DU LOUVRE
(deuxième et dernier article)1
A mesure que, sous l’influence de la Renais-
sance classique et de l’apport croissant des contin-
gents ultramontains, le marbre tendit à devenir la
matière par excellence de la statuaire, le bois,
comme la pierre, fut délaissé par les artistes ; on
le déclara moins « noble », bon pour les artisans
et les simples huchiers.
Il ne faudrait pourtant pas oublier que la sculp-
ture en bois resta jusqu’en plein seizième siècle
l’art expressif et vivant entre tous, le plus près de
l’imagination populaire, le plus imprégné de sa
verve primesautière et savoureuse. Une iconogra-
phie plus libre et plus pittoresque s’y développa, y
foisonna en images grouillantes, en scènes pathé-
tiques, transposition directe de ces représentations
des Mystères où se pressait, au parvis des cathé-
drales, la foule amusée et émue. Le Louvre a voulu
recueillir quelques témoins de cet art que ses collections semblaient
systématiquement ignorer. Un Apôtre endormi, provenant d’un
de ces Monts des Oliviers qui furent, comme la Mise au tombeau,
un des thèmes favoris de la sculpture religieuse et populaire au
xvc siècle, provient d’un de ces ateliers franco-flamands dont la
fécondité fut si grande; un Jessé assis, accoudé et sommeillant, la
1. Y. Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. XXIX, p. 299.
xxix. — 3e PÉRIODE.
47
DU DÉPARTEMENT DE LA SCULPTURE
DU MOYEN AGE, DE LA RENAISSANCE ET DES TEMPS MODERNES
AU MUSÉE DU LOUVRE
(deuxième et dernier article)1
A mesure que, sous l’influence de la Renais-
sance classique et de l’apport croissant des contin-
gents ultramontains, le marbre tendit à devenir la
matière par excellence de la statuaire, le bois,
comme la pierre, fut délaissé par les artistes ; on
le déclara moins « noble », bon pour les artisans
et les simples huchiers.
Il ne faudrait pourtant pas oublier que la sculp-
ture en bois resta jusqu’en plein seizième siècle
l’art expressif et vivant entre tous, le plus près de
l’imagination populaire, le plus imprégné de sa
verve primesautière et savoureuse. Une iconogra-
phie plus libre et plus pittoresque s’y développa, y
foisonna en images grouillantes, en scènes pathé-
tiques, transposition directe de ces représentations
des Mystères où se pressait, au parvis des cathé-
drales, la foule amusée et émue. Le Louvre a voulu
recueillir quelques témoins de cet art que ses collections semblaient
systématiquement ignorer. Un Apôtre endormi, provenant d’un
de ces Monts des Oliviers qui furent, comme la Mise au tombeau,
un des thèmes favoris de la sculpture religieuse et populaire au
xvc siècle, provient d’un de ces ateliers franco-flamands dont la
fécondité fut si grande; un Jessé assis, accoudé et sommeillant, la
1. Y. Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. XXIX, p. 299.
xxix. — 3e PÉRIODE.
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