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Nr. 5
DOI article:Michel, André: Les acquisitions du département de la sculpture, [2]: du Moyen Âge, de la Renaissance et des temps modernes au Musée du Louvre
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
bins qui accostent les écussons aux armes du chanceiier et de
Valcntine. 11 est très vraisemblable que le fragment acheté par le
Louvre provient du même monument et du même atelier. — Toutes les
fois que la chose a été possible, on a exposé à côté des monuments,
une photographie des anciennes gravures ou des dessins de Caignières,
permettant de se représenter l’état primitif et la place qu’occupaient,
dans l’ensemble détruit, les statues ou les bas-reliefs recueillis au
musée. C’est un moyen commode de comparaison et d’étude, offert
aux visiteurs curieux d’histoire... Il n’y a jamais encombrement.
Aucune occasion notable d’enrichissement ne s’est présentée pour
les salles du xviic siècle, et je n’y trouve à signaler que l’acquisition
récente d'un buste en bronze, simple et sobre d’exécution, comme
il convient, et même un peu austère, mais très véridique, du grand
Arnauld de Port-Royal. Il suffit, pour vérifier la vérité du portrait,
de le comparer au marbre de Girardon conservé à la bibliothèque
Sainte-Geneviève et au portrait de Philippe de Champaigne. Ces
portraits du grand Arnauld étaient gardés avec une dévotion sin-
gulière par les Messieurs et les amis de Port-Royal. Celui que Phi-
lippe de Champaigne avait peint et qui avait d’abord appartenu à la
mère Angélique de Saint-Jean, ayant passé après la mort de celle-ci
en des mains étrangères, une religieuse de Port-Royal écrivait, le
18 juillet 1691, à son nouveau possesseur: « Le petit tableau que
notre Mère vous a envoyé et qui a toujours esté dans la chambre
de notre feue Mère est un original de la main de Mr Champagne...
On avoit même promis qu’il demeureroit toujours dans la maison,
mais puisque Dieu a permis qu’il vous soit tombé entre les mains,
et que cela se soit fait de la bonne manière, il aura encore une nou-
velle bénédiction par-dessus les autres d’avoir esté à vous, si voulez
bien qu’il nous revienne après vostre mort. Nous laissons néan-
moins cela à vostre liberté et à vostre bonne volonté; nous le gar-
derons ensuitte avec une nouvelle dévotion. Usez-en librement,
monsieur, s’il vous plaît. »
Bien que cette prose janséniste ne se rapporte pas directement à
notre buste, il n’est pas sans à propos de l’en rapprocher, tant elle
lui ressemble et lui convient. Il est permis de croire, si l’on en juge
par sa monture économique et modeste, que le bronze du Louvre
habita longtemps, sinon une cellule de religieuse, du moins un
sévère cabinet de docteur janséniste. Quand il aura fait un stage
dans la salle des nouvelles acquisitions, il faudra lui chercher une
place dans le voisinage du Boileau-Desprêaux de Girardon. Les deux
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
bins qui accostent les écussons aux armes du chanceiier et de
Valcntine. 11 est très vraisemblable que le fragment acheté par le
Louvre provient du même monument et du même atelier. — Toutes les
fois que la chose a été possible, on a exposé à côté des monuments,
une photographie des anciennes gravures ou des dessins de Caignières,
permettant de se représenter l’état primitif et la place qu’occupaient,
dans l’ensemble détruit, les statues ou les bas-reliefs recueillis au
musée. C’est un moyen commode de comparaison et d’étude, offert
aux visiteurs curieux d’histoire... Il n’y a jamais encombrement.
Aucune occasion notable d’enrichissement ne s’est présentée pour
les salles du xviic siècle, et je n’y trouve à signaler que l’acquisition
récente d'un buste en bronze, simple et sobre d’exécution, comme
il convient, et même un peu austère, mais très véridique, du grand
Arnauld de Port-Royal. Il suffit, pour vérifier la vérité du portrait,
de le comparer au marbre de Girardon conservé à la bibliothèque
Sainte-Geneviève et au portrait de Philippe de Champaigne. Ces
portraits du grand Arnauld étaient gardés avec une dévotion sin-
gulière par les Messieurs et les amis de Port-Royal. Celui que Phi-
lippe de Champaigne avait peint et qui avait d’abord appartenu à la
mère Angélique de Saint-Jean, ayant passé après la mort de celle-ci
en des mains étrangères, une religieuse de Port-Royal écrivait, le
18 juillet 1691, à son nouveau possesseur: « Le petit tableau que
notre Mère vous a envoyé et qui a toujours esté dans la chambre
de notre feue Mère est un original de la main de Mr Champagne...
On avoit même promis qu’il demeureroit toujours dans la maison,
mais puisque Dieu a permis qu’il vous soit tombé entre les mains,
et que cela se soit fait de la bonne manière, il aura encore une nou-
velle bénédiction par-dessus les autres d’avoir esté à vous, si voulez
bien qu’il nous revienne après vostre mort. Nous laissons néan-
moins cela à vostre liberté et à vostre bonne volonté; nous le gar-
derons ensuitte avec une nouvelle dévotion. Usez-en librement,
monsieur, s’il vous plaît. »
Bien que cette prose janséniste ne se rapporte pas directement à
notre buste, il n’est pas sans à propos de l’en rapprocher, tant elle
lui ressemble et lui convient. Il est permis de croire, si l’on en juge
par sa monture économique et modeste, que le bronze du Louvre
habita longtemps, sinon une cellule de religieuse, du moins un
sévère cabinet de docteur janséniste. Quand il aura fait un stage
dans la salle des nouvelles acquisitions, il faudra lui chercher une
place dans le voisinage du Boileau-Desprêaux de Girardon. Les deux