Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Claretie, Jules: Du Ier au XXe: les arrondissements de Paris; vingt eaux-fortes originales de Eugène Béjot
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0428

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
392

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Et c’est pourquoi tout ce qui peut fixer une minute de la vie de
Paris, un décor de la Ville-Protée, un paysage, un carrefour, un
horizon, un type, devient précieux aux enamourés de cet îlot d’esprit
et de charme jeté dans le monde pour la joie des raffinés et le plaisir
des flâneurs. Les amateurs de beaux livres d’art ont eu l’idée d’un
album de choix, d’un volume qui serait comme un musée portatif à
la gloire de Paris, et ils ont demandé des vues diverses de nos arron-
dissements — ruelles de pauvres ou jardins de luxe — à l’héritier
direct de Méryon, M. Eugène Béjot, dont les œuvres déjà sont
recherchées parmi les plus rares et les plus attirantes.

11 est Parisien sans nul doute, M. Béjot, et fanatique de Paris,
épris de tout ce qu’il recèle d’intimités, de visions pénétrantes,
d’infini vivant. Il l’a déjà, en ses œuvres précédentes, Squares et Jar-
dins, recueil précieux de lithographies, Entr actes de pierres, com-
mentés par Maurice Guillemot, Les Bateaux de Paris, exécuté en col-
laboration avec M. Ch. ITuard, et dont le texte est de Gustave Geffroy,
oui, il a admirablement exprimé les aspects de ces ponts, des quais,
des berges de la Seine, des allées des Tuileries ou du Luxembourg.
Il a ajouté, comme l’a fort bien dit M. Roger Marx1, à Piconographie
parisienne de Lepère ou de Buhot une suite d’images très person-
nelles, qui sont d’un maître tout à fait supérieur. Je ne crois pas que
le cuivre nous ait donné jamais de paysages plus puissamment écrits,
des impressions plus alertes, inoubliables en vérité, et dénotant un
tempérament plus viril à la fois et plus charmeur.

De maîtres, en effet, M. Eugène Béjot n’en a pas eu. Il a travaillé
chez Julian, passé par l’atelier de Gustave Boulanger, mais de rensei-
gnement de ces moniteurs académiques je ne vois nulle trace dans
les œuvres du pârisianisant. Même le personnage humain ne semble
qu’un comparse dans ces planches. Le véritable héros, l’acteur du
drame, c’est Paris en personne, et le décor suffit à la pièce. Henri
Guérard, le japonisant Montmartrois, mort trop tôt, et Félix Buhot
enseignèrent peut-être quelques moyens techniques et pratiques à
Eugène Béjot; mais nul n’influa sur lui, — si ce n’est le modèle
vivant, Paris en marche, Paris en action, Paris, celui de la Samari-
taine et du pont d’Arcole, le Paris de la Sainte-Chapelle et le Paris
de Montmartre, ce monde enserré dans les fortifications qui lui font
comme une ceinturé pittoresque et curieusement redoutable.

J’ai voulu voir l’artiste original et puissant dont les Amis des

1. Gazelle des Beaux-Arts du 1er novembre 1898.
 
Annotationen