DOI issue:
Nr. 5
DOI article:Bouchot, Henri: Les estampes: la collection Dutuit
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0446
4 U 6
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Je me suis un peu arrêté sur ce morceau de résistance; mais le
reste ne manquera pas; on verra là les quatre sujets pour un livre
espagnol en premier état, sur parchemin, le Rembrandt sur une
planche longue, exemplaire absolument unique, que pas un cabinet
d’Europe ne possédera jamais, les premiers états des Trois croix et
de la Grande résurrection de Lazare, Y Homme effrayé à la tête
nue : grave affaire que cette tète nue ou coiffée: coiffée, elle ne vaut
plus rien. On verra un Christ présenté au peuple, sur japon, de pre-
mier état; YEcce homo, en épreuve de remarque; le fameux por-
trait. du bourgmestre Six, payé 7 500 francs à la vente Ghambry; le
Rembrandt au manteau brodé, avant le fond; le Rembrandt dessi-
nant, avec la main blanche; plus de deux cents œuvres exception-
nelles, rarissimes, qu’on peut voir au Cabinet des estampes à peu
près toutes, mais non toujours en conditions aussi merveilleuses
et dans une sélection aussi purifiée. Je le répète : rien de ces admi-
rables estampes ne passionnera le gros public; les snobs iront parce
qu'on leur aura dit qu’il est de bon ton pour une personne de qua-
lité d’entendre à ces histoires; les autres bâilleront devant, sauf
que les prix indiqués n’attisent leur convoitise. Et il y aura, dans
ces conditions, l’œuvre de van Dyck, celui de Lucas de Leyde, de
Isaac van Ostade, sans compter les Français, les Allemands splen-
dides, les Italiens, et, de ceux-ci, les nielles surtout. Tout est re-
présenté là parce que le patron de ces belles choses ne retenait,
comme je l’ai dit, que le chef-d’œuvre reconnu.
M. Georges Gain a d’ailleurs une excellente idée : celle de montrer
successivement les plus belles pièces, en ne les gardant aux murs
que quatre ou cinq semaines chacune; un jeu d’étiquettes un peu
développées remplacerait le catalogue imprimé. Ce sera là une très
bonne action; il faut lui savoir gré d’avoir pris cette précaution,
qui rassurera les vrais amis de Rembrandt. Auguste Dutuit, qui
avait pensé à tant de choses, avait oublié ce détail d’importance.
Une très aimable lettre du conservateur nous a montré qu’on rem-
plissait les volontés du testateur au delà de ses espérances; le cas
est assez rare pour qu’on le note et qu’on le célèbre en tous lieux.
Il E X R I BOUCHOT
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Je me suis un peu arrêté sur ce morceau de résistance; mais le
reste ne manquera pas; on verra là les quatre sujets pour un livre
espagnol en premier état, sur parchemin, le Rembrandt sur une
planche longue, exemplaire absolument unique, que pas un cabinet
d’Europe ne possédera jamais, les premiers états des Trois croix et
de la Grande résurrection de Lazare, Y Homme effrayé à la tête
nue : grave affaire que cette tète nue ou coiffée: coiffée, elle ne vaut
plus rien. On verra un Christ présenté au peuple, sur japon, de pre-
mier état; YEcce homo, en épreuve de remarque; le fameux por-
trait. du bourgmestre Six, payé 7 500 francs à la vente Ghambry; le
Rembrandt au manteau brodé, avant le fond; le Rembrandt dessi-
nant, avec la main blanche; plus de deux cents œuvres exception-
nelles, rarissimes, qu’on peut voir au Cabinet des estampes à peu
près toutes, mais non toujours en conditions aussi merveilleuses
et dans une sélection aussi purifiée. Je le répète : rien de ces admi-
rables estampes ne passionnera le gros public; les snobs iront parce
qu'on leur aura dit qu’il est de bon ton pour une personne de qua-
lité d’entendre à ces histoires; les autres bâilleront devant, sauf
que les prix indiqués n’attisent leur convoitise. Et il y aura, dans
ces conditions, l’œuvre de van Dyck, celui de Lucas de Leyde, de
Isaac van Ostade, sans compter les Français, les Allemands splen-
dides, les Italiens, et, de ceux-ci, les nielles surtout. Tout est re-
présenté là parce que le patron de ces belles choses ne retenait,
comme je l’ai dit, que le chef-d’œuvre reconnu.
M. Georges Gain a d’ailleurs une excellente idée : celle de montrer
successivement les plus belles pièces, en ne les gardant aux murs
que quatre ou cinq semaines chacune; un jeu d’étiquettes un peu
développées remplacerait le catalogue imprimé. Ce sera là une très
bonne action; il faut lui savoir gré d’avoir pris cette précaution,
qui rassurera les vrais amis de Rembrandt. Auguste Dutuit, qui
avait pensé à tant de choses, avait oublié ce détail d’importance.
Une très aimable lettre du conservateur nous a montré qu’on rem-
plissait les volontés du testateur au delà de ses espérances; le cas
est assez rare pour qu’on le note et qu’on le célèbre en tous lieux.
Il E X R I BOUCHOT