QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LES SALONS Uï
pouvoir despotique, lançant les foudres d'un Olympe académique
contre les rebelles de toutes sortes. En vain, ardents à l’assaut, entas-
saient Pélion sur Ossa des combattants divers, d’une part Delacroix,
et d’autre part la vigoureuse race populaire des paysagistes. On se
massait pour la poussée au seuil des Salons, alors bien gardés; on
CROISSANT DE LUNE PAR UNE NUIT d’hIVER, PAU M. ÉMILE BRETON
(Société Nationale des Beaux-Arts.)
répondait aux coups de tonnerre par les coups de sifflet, par les rail-
leries, les satires et les injures. On en venait dans les deux camps,
comme il arrive dans toutes les luttes vraiment passionnées, non
plus seulement à déprécier le goût ou le jugement de ses adversaires,
mais à soupçonner leurs motifs, à incriminer leur honneur, presque
leur probité et leurs vertus domestiques.
On en était là aux environs de 1850, lorsqu’on chassait des Salons
annuels, avec ignominie, ces mêmes peintres qui, pacifiquement
pouvoir despotique, lançant les foudres d'un Olympe académique
contre les rebelles de toutes sortes. En vain, ardents à l’assaut, entas-
saient Pélion sur Ossa des combattants divers, d’une part Delacroix,
et d’autre part la vigoureuse race populaire des paysagistes. On se
massait pour la poussée au seuil des Salons, alors bien gardés; on
CROISSANT DE LUNE PAR UNE NUIT d’hIVER, PAU M. ÉMILE BRETON
(Société Nationale des Beaux-Arts.)
répondait aux coups de tonnerre par les coups de sifflet, par les rail-
leries, les satires et les injures. On en venait dans les deux camps,
comme il arrive dans toutes les luttes vraiment passionnées, non
plus seulement à déprécier le goût ou le jugement de ses adversaires,
mais à soupçonner leurs motifs, à incriminer leur honneur, presque
leur probité et leurs vertus domestiques.
On en était là aux environs de 1850, lorsqu’on chassait des Salons
annuels, avec ignominie, ces mêmes peintres qui, pacifiquement