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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
se trouve actuellement dans la collection Guillaume de Rothschild à
Francfort; on en voit une copie au musée de Berlin. Rien de plus
intéressant que la comparaison du projet très sagement, très correc-
tement arrêté sur une petite toile, et de sa réalisation à la fresque,
dans un espace agrandi, avec l’entrain d’une improvisation forcée,
rapide et chaleureuse, qui, entre des figures moins calmes et plus
souples, répand sans compter alors les transparences aériennes et
les vibrations lumineuses. A ce travail généreux l’œil et l’esprit du
peintre s’exaltent tellement qu’il ne craint pas de donner à ses pro-
tagonistes, les seigneurs de Mira, homme et femme, des proportions
surhumaines, une taille gigantesque, telles qu’au Moyen âge en
donnent les pieux imagiers aux effigies du Christ et des saints,
écrasant de leur stature colossale les petits donateurs agenouillés
à leurs pieds.
En redescendant du sommet où l’on a contemplé cette résurrec-
tion de la Venise élégante et pompeuse des xviB et xvme siècles,
on reste tout plein de son charme, et l’on ne pense qu’à revoir la
Piazzetta, San Marco, à rêver le long des canaux silencieux, sur les
campi ou sous les portiques traversés par des silhouettes de passants
et passantes ensoleillées. En attendant de le pouvoir faire, avant de
sortir, on en retrouvera les joyeuses clartés dans deux petits tableaux
de Canaletto, et surtout dans une gouache de Guardi, d’une légè-
reté particulièrement aimable et libre et qui semble bien illuminée,
dans quelque Coin de Venise, par un de ses soleils printaniers les
plus frais et les plus doux.
GEOKGES LAFENESTKE
(La suite ■prochainement.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
se trouve actuellement dans la collection Guillaume de Rothschild à
Francfort; on en voit une copie au musée de Berlin. Rien de plus
intéressant que la comparaison du projet très sagement, très correc-
tement arrêté sur une petite toile, et de sa réalisation à la fresque,
dans un espace agrandi, avec l’entrain d’une improvisation forcée,
rapide et chaleureuse, qui, entre des figures moins calmes et plus
souples, répand sans compter alors les transparences aériennes et
les vibrations lumineuses. A ce travail généreux l’œil et l’esprit du
peintre s’exaltent tellement qu’il ne craint pas de donner à ses pro-
tagonistes, les seigneurs de Mira, homme et femme, des proportions
surhumaines, une taille gigantesque, telles qu’au Moyen âge en
donnent les pieux imagiers aux effigies du Christ et des saints,
écrasant de leur stature colossale les petits donateurs agenouillés
à leurs pieds.
En redescendant du sommet où l’on a contemplé cette résurrec-
tion de la Venise élégante et pompeuse des xviB et xvme siècles,
on reste tout plein de son charme, et l’on ne pense qu’à revoir la
Piazzetta, San Marco, à rêver le long des canaux silencieux, sur les
campi ou sous les portiques traversés par des silhouettes de passants
et passantes ensoleillées. En attendant de le pouvoir faire, avant de
sortir, on en retrouvera les joyeuses clartés dans deux petits tableaux
de Canaletto, et surtout dans une gouache de Guardi, d’une légè-
reté particulièrement aimable et libre et qui semble bien illuminée,
dans quelque Coin de Venise, par un de ses soleils printaniers les
plus frais et les plus doux.
GEOKGES LAFENESTKE
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