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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Nr. 1
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Michel, André: La sculpture au Musée Jacquemart-André, 2, XVIIe et XVIIIe siècles
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0077

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

chancelier Maupeou le père (qui ne fut chancelier qu’un seul jour),
exposé au Salon de 1769 et portant au revers l’inscription : « René
Charles de Maupeou, chancelier de France. J. B. Lemoyne fecit
1768. Gabriel de Saint-Aubin l’a dessiné en marge de son livret du
Salon et Diderot l’a mentionné : « Il y a de Lemoyne un buste eu
marbre du chancelier de Maupeou le père. Le chancelier est beau,
c’est de la chair; arrachez-moi de dessus ses éqjaules ce vêtement
barbare et gothique, et j’admire et je me tais. » Cette protestation
contre la draperie barbare et gothique — si modérée pourtant et
relativement sobre — est significative ; nous avons là le Diderot
déjà retourné contre Boucher, qu’il rappelait au respect du « grand
goût sévère et antique ». La réaction « classique » est commencée :
le style Louis XVI est né avant que Louis XV n’ait disparu de la
scène. Le modèle avait quatre-vingts ans bien sonnés, quand il
posa pour ce buste. On ne le dirait pas à voir son visage encore si
ferme d’allure, de forme et d’expression.

M. Bertaux a reconnu dans l’autre buste, dont le nez a été malheu-
reusement restauré, le marquis de Marigny, le frérot de la Pompa-
dour, qui remplit si bien et avec tant d’intelligence et de tact les
difficiles fonctions de directeur des Bâtiments. L’identification est
vraisemblable. On ne sait malheureusement rien de l’histoire de ce
buste, mentionné par Damlré Bardon dans YEloge historique de
Lemoyne, et que M. Edouard André avait acquis en 1888 d’un mar-
chand parisien. C’est bien le port de tête, le menton et le front du
portrait de Tocqué.

Et voici une « rareté » : le portrait du prince Nicolas Repnine,
ambassadeur de Russie à Varsovie, que Jean-Baptiste Defernex, un
petit maitre resté en marge du monde académique, signa en 1764
et dont le plâtre figura à l’Exposition de T Académie de Saint-Luc.
11 porte sur son armure, avec le grand cordon négligemment jeté,
une croix suspendue à un large ruban et, brodée sur l’ample man-
teau doublé de fourrure qui enveloppe le torse, la plaque de Sainte-
Anne. Le bon diplomate ne donne pas l’impression d’un esprit
supérieur, mais il serre les lèvres et écarquille les yeux, comme
pour se faire une figure plus redoutable et justifier la peau de lion
qui pend sur son épaule et le déguise, de la façon la plus inattendue,
en un Hercule très inotïensif, cuirassé et décoratif. Le chef-d’œuvre
de Defernex reste encore le buste de Mme de Fondville de 1759, con-
servé au musée du Mans. Et voici, après l’acquisition du buste de
Mme Favart par le musée du Louvre, un nouveau document intéres-
 
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