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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Nr. 1
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Dorbec, Prosper: La peinture française, de 1750 à 1820, [1]: jugée par le factum, la chanson et la caricature
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0099

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82

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

C’est qu’un seul ait fait tant d’ouvrage
Et rangé les morts par étage
Du haut en bas1.

Nous verrons la sombre série se perpétuer longtemps encore en
dépit de tous les sarcasmes, et malgré la vanité pourtant assurée de
tant d’efforts.

*

Qu’elles s’appuient sur des modèles du Midi ou du Nord, des
modèles antiques ou modernes, toutes les théories sont vaines tant
qu’on ne sort pas de l’abstraction ou du pastiche. On a beau en faire
application sur dévastés toiles, ces toiles le cèdent devant le moindre
morceau qui a le charme ou la saveur du vrai. Voyez-les, dans les
deux images que le burin de Martini nous a laissées des expositions
de 1785 et 1787, déployées aux hauteurs des galeries, comparables à
des compositions de rhétorique, y faisant figures de longs pensums,
quelques-unes sans cadre, toutes refoulées là par l’invasion de pein-
tures plus modestes, dont le nombre en effet va croissant. Sans doute
en était-il des professeurs et hauts dignitaires de l’Académie comme
il en est aujourd’hui de bien des « hors concours », qui s’ingénient à
faire chaque année une « grande chose » pour le Salon et croiraient
déchoir aux yeux du public s’ils se bornaient à ne faire parler que
leur sincérité dans des cadres moins ambitieux. Le résultat fut que
ces vastes « machines » finirent par lasser le visiteur, qui s’en
désintéressa; si bien que, dès 1783, nous pouvons entendre ce dia-
logue2 : « Le Français. Que de brillants portraits..., de paysages
charmants, et de ruines plus belles encore ! — Ü Anglais. Il y avait
moins de tout cela autrefois... »Et, tandis que le Français continue
de se délecter à regarder les tableaux moins importants, son. inter-
locuteur à plusieurs reprises veut le ramener à l’examen des grands
thèmes: « L’Anglais. Mais encore une fois, laissons là ces bagatelles,
et parlons d’Histoire. — Le Français (persistant). Ouvrez ces pêches,
il s’en exhalera une odeur délicieuse... »

L’auteur de ce dialogue avait ses raisons pour camper de la sorte
l’Anglais en appréciateur de la peinture d’histoire : comme nous le

1. Figaro au Salon (1785).

2. Les Peintres volants [c’est-à-dire ceux dont il faut que les regards aillent
chercher tout à fait en l’air les tableaux] ou Dialogue entre un Français et un
Anglais (1783).
 
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