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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0104

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BIBLIOGRAPHIE

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Bref, les uns et les autres, en dehors de certains partis pris, louent déjà,
chez Duplessis, les qualités de ressemblance, la pose naturelle, la présentation
du costume, traité avec un soin particulier mais sans mesquinerie insuppor-
table. Ils ne sont pas aussi unanimes sur le dessin, le bonheur de certains
raccourcis, les mains, et c’est ce qui nous gène encore dans quelques portraits
de Duplessis. Son temps le compara à van Dyck. 11 est loin de l’admirable
maître. Mais, à notre avis, il est très supérieur à Roslin, à Vestier et, s’il n’at-
teint pas le haut caractère des portraits de David qui vient, au reste, après lui,
il est, il demeure, le meilleur parmi les portraitistes d’avant, car il rompt avec
la manière de Michel Vanloo, ce « teinturier », et se recommande par des
qualités de sérieux qui manquent au délicieux Tocqué.

Le pourquoi de tout cela, M. Belleudy nous le fait connaître. Duplessis n’est
pas un élève de l’Académie Royale, il n’a pas la manière des maîtres à la mode
de Paris. Fils d’un chirurgien — ou d’un chimiste — qui abandonna le bistouri
pour la peinture, Duplessis fait son éducation à la Chartreuse de Villeneuve-lès-
Avignon, sous la direction d’un religieux, le frère Imbert, qui était élève de
Le Brun. — C’est le frère Imbert qui avait guidé le président de Brosses lors de
sa visite à la Chartreuse, en 1739. Né à Marseille en 1699, il était donc en pleine
maturité lorsque le jeune Joseph-Siffred lui fut confié. Aussi, lui donna-t-il ce
métier solide, lui inculqua-t-il ce souci de la perfection qui devaient faire de
Duplessis non seulement un maître peintre, mais aussi un technicien si scru-
puleux, par suite si lent à exécuter, que la Fortune impatientée dédaigna
d’emplir d’écus sonnants les coffres du portraitiste officiel de Louis XVI.

Un moment, Duplessis atteint la petite aisance. Mais il place mal ses fonds,
qui disparaissent dans la banqueroute du prince de Rohan-Guéménée. Aussi, à
côté de l’histoire de l’artiste, de la nomenclature de ses Salons glorieux, qui
vont de 1769 à 1789, avec réapparition momentanée en 1801, M. Belleudy a-t-il
tenu à rappeler la vie de gène de son héros, en des pages abondamment docu-
mentées où alternent suppliques, lettres et réclamations. Cette partie offre un
intérêt soutenu, car Duplessis ruiné est plus intéressant que bien d’autres.
Assez tôt ses yeux s’étaient affaiblis. Ceci, joint à une surdité précoce et
à des atteintes de paralysie, en fait un bien pauvre homme. Il bénéficia heu-
reusement de la sympathie de M. d’Angiviller, le surintendant, qui fut à son
égard le meilleur des cœurs.

Mais survint la Révolution. Duplessis ne cacha pas ses sentiments royalistes;
il se montra surtout hostile aux réformes davidiennes, comptant parmi les
académiciens intraitables qui défendaient, et par la parole et par la plume,
les privilèges de la Compagnie. Cependant, on ne lui en sut pas mauvais gré.
Appelé àCarpentras, il devient le correspondant de la Commission temporaire
des Arts, préside à l’inventaire des richesses littéraires et artistiques du district
et réussit, au reste, à merveille dans la mission qui lui est confiée. Aussi,
revenu à Paris, est-il nommé le 3 thermidor an IV (21 juillet 1796), conjointe-
ment avec le peintre Durameau, le sculpteur Roland et l’architecte Le Roi,
conservateur du musée de Versailles. Malgré son grand âge, il se signale par
son activité, restaurant des tableaux très compromis, nettoyant les statues
du parc maltraitées par les intempéries. Mais, ainsi que le fait malicieusemen t
remarquer M. Belleudy, il avait appris de l’ancien régime, à quémander. Pour
 
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