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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
geait cette prédilection. Lorsqu’en 1782 il fit un voyage à Paris sous
le transparent pseudonyme de comte du Nord, il ne manqua pas de
visiter l’atelier de Robert et il lui commanda quatre grands panneaux
décoratifs pour son palais de Gatchina1. Il écrivait au prince Iou-
soupov : « Vous pouvez commander sans crainte des tableaux de
Vernet et de Robert, sans lésiner sur le prix. » Le tsar Alexandre Ier
hérita, lui aussi, 'des goûts artistiques de sa grand’mère puisqu’en
1803 il achetait, par l’intermédiaire du comte A. Stroganov, huit
tableaux d’Hubert Robert.
Gomment les grands seigneurs russes n’auraient-ils pas suivi
l’exemple de leurs souverains? Le comte André Chouvalov, le
prince Nicolas Galitsyne demandaient à Robert des suites de pan-
neaux pour la décoration de leurs palais de Pétersbourg ou des
environs de Moscou.
Aucune consécration officielle ne manqua à la gloire de l’artiste en
Russie, car, en 1802, l’Académie des Beaux-Arts de Pétersbourg le
nommait « associé libre » : titre dont il n’était pas médiocrement fier,
s’il faut en croire l’inscription gravée sur sa tombe au cimetière
d’Auteuil :
HUBERT ROBERT
peintre, conseiller de l’Académie royale
de peinture
associé libre des Académies
de Pétersbourg.
* *
Cette vogue persistante pendant trois générations nous explique
que les œuvres d’Hubert Robert conservées en Russie soient en
nombre si considérable. Malgré les incendies, les actes de vandalisme
ou les ventes à l’étranger, on peut les estimer encore à une centaine.
Il est vrai que Hubert Robert a été un des peintres les plus féconds
du xvme siècle et qu’il a laissé la réputation d’un « Fa presto ». « Il
peignait un tableau aussi vite qu’il écrivait une lettre », nous dit son
amie Mme Vigée-Lebrun2. Quoi qu’il en soit, ces cent tableaux repré-
sentent une part trop importante de sa production pour qu’il soit
permis de les négliger.
1. L'Incendie dans la ville de Rome et la Réunion des plus célèbres monuments
antiques de la France furent exposés au Salon de 1785.
2. Vigée-Lebrun, Souvenirs, t. II, p. 328.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
geait cette prédilection. Lorsqu’en 1782 il fit un voyage à Paris sous
le transparent pseudonyme de comte du Nord, il ne manqua pas de
visiter l’atelier de Robert et il lui commanda quatre grands panneaux
décoratifs pour son palais de Gatchina1. Il écrivait au prince Iou-
soupov : « Vous pouvez commander sans crainte des tableaux de
Vernet et de Robert, sans lésiner sur le prix. » Le tsar Alexandre Ier
hérita, lui aussi, 'des goûts artistiques de sa grand’mère puisqu’en
1803 il achetait, par l’intermédiaire du comte A. Stroganov, huit
tableaux d’Hubert Robert.
Gomment les grands seigneurs russes n’auraient-ils pas suivi
l’exemple de leurs souverains? Le comte André Chouvalov, le
prince Nicolas Galitsyne demandaient à Robert des suites de pan-
neaux pour la décoration de leurs palais de Pétersbourg ou des
environs de Moscou.
Aucune consécration officielle ne manqua à la gloire de l’artiste en
Russie, car, en 1802, l’Académie des Beaux-Arts de Pétersbourg le
nommait « associé libre » : titre dont il n’était pas médiocrement fier,
s’il faut en croire l’inscription gravée sur sa tombe au cimetière
d’Auteuil :
HUBERT ROBERT
peintre, conseiller de l’Académie royale
de peinture
associé libre des Académies
de Pétersbourg.
* *
Cette vogue persistante pendant trois générations nous explique
que les œuvres d’Hubert Robert conservées en Russie soient en
nombre si considérable. Malgré les incendies, les actes de vandalisme
ou les ventes à l’étranger, on peut les estimer encore à une centaine.
Il est vrai que Hubert Robert a été un des peintres les plus féconds
du xvme siècle et qu’il a laissé la réputation d’un « Fa presto ». « Il
peignait un tableau aussi vite qu’il écrivait une lettre », nous dit son
amie Mme Vigée-Lebrun2. Quoi qu’il en soit, ces cent tableaux repré-
sentent une part trop importante de sa production pour qu’il soit
permis de les négliger.
1. L'Incendie dans la ville de Rome et la Réunion des plus célèbres monuments
antiques de la France furent exposés au Salon de 1785.
2. Vigée-Lebrun, Souvenirs, t. II, p. 328.