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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Nr. 3
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Réau, Louis: L' œuvre d'Hubert Robert en Russie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0198

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L’OEUVRE D’HUBERT ROBERT EN RUSSIE

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Cette œuvre hâtive est nécessairement de valeur inégale. Nous
n’insisterons pas sur les tableaux de ruines qui ne sont, pour la plu-
part, que des répliques banales où l’artiste combine, plus ou moins
heureusement, les croquis de monuments romains : temples, palais,
aqueducs, qui constituaient son fonds d’atelier. Mais il y a chez
Robert, à côté du peintre de Ruines, un peintre de Jardins, un
peintre de Musées, et surtout, un décorateur qu’on peut étudier en
Russie mieux que partout ailleurs : car, à côté de tableaux isolés
et de pendants, on trouve encore dans les palais de la famille impé-
riale ou de l’aristocratie quelques-uns de ces grands ensembles déco-
ratifs, de ces « tableaux de place » comme on disait au xvme siècle,
qui ne conservent tout leur charme qu’à la condition de rester « à
leur place », sertis dans les boiseries blanches ou gris-Trianon d’un
salon Louis XVI.

Des trois grandes villes de la Russie : Pétersbourg, Moscou et
Varsovie qui se partagent ce butin, la capitale de Pierre le Grand
est de beaucoup la plus favorisée : on n’y compte pas moins de
80 toiles d’Hubert Robert, réparties entre le musée de l’Ermitage,
les palais impériaux et les collections privées. On peut donc pré-
tendre sans exagération que la connaissance des collections péters-
bourgeoises est aussi essentielle pour l’étude d’Hubert Robert que
celle des collections de l’empereur d’Allemagne à Berlin et à Potsdam
pour l’étude de Watteau.

Le Musée Impérial de l’Ermitage, qui n’est qu’une dépendance du
Palais d’Hiver, était resté à vrai dire jusqu’à ces dernières années
assez pauvre en tableaux d’Hubert Robert. Avant 1910, on n’y voyait
que deux petits pendants : les Ruines d'un temple antique et le Pont
de pierre1, achetés par Alexandre Ier en 1803 par l'intermédiaire du
comte Stroganov. Quatre autres toiles, provenant de la célèbre col-
lection Galitsyne, de Moscou, acquise en bloc par Alexandre III en
1884, sont venues récemment s’ajouter à ce fonds, portant ainsi
à six le nombre des Hubert Robert de l’Ermitage. Ce sont deux
tableaux d’architecture : les Ruines d'un temple et un Canal bordé
de colonnades, ayant figuré au Salon de 1783, et deux charmants
panneaux décoratifs, longs et étroits, qui représentent des jardins.

1. Ces deux tableaux portent les nos 1561 et 1565 du catalogue de Somov.
 
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