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Greene, J. B.
Fouilles exécutées à Thèbes dans l'année 1855 — Paris, 1855

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https://doi.org/10.11588/diglit.6446#0019
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STATUE DE SCHAP-EN-AP. l X

Nous avons cru devoir ajouter à nos planches les textes de trois monuments du musée du Louvre, qui
se rapportent aux princesses Améniritis et Schap-en-ap. Ces textes se trouvent sur deux gonds de porte en
bronze (Pl. IX), et sur deux statuettes de granit gris veiné de rose, portant les nos A. 84 et 85 (Pl. IX, X
et XI). Ces monuments se rapportent à des personnages qui ont rempli des charges importantes dans les
premiers temps de la dynastie Saïte et qui se qualifient de parents (?) royaux, souten rech.

La statuette n° 84 représente un homme accroupi, nommé Haroua, portant sur ses épaules les cartou-
ches de la reine Améniritis. Le texte nous apprend quel rang élevé il occupait. C'était le noble chef rem-
plissant le cœur de sa régente, habitant avec elle, celui qui garde la face de la déesse céleste, de la divine

épouse, garde (?) de la divine main Améniritis la justifiée, prophète dans son temple.....celui que la régente

a mis à la téte des prêtres de la déesse céleste. Haroua est probablement le personnage dont Champollion
décrit le tombeau sous le n° 54 de ses Notices (p. 551).

La statuette n° 85, dans la même attitude que la précédente, porte le nom de Roua, fils de la dame
Mareschons. Les inscriptions nous apprennent qu'il fut attaché à la personne d'Améniritis, et plus tard à
celle de sa fille Schap-en-ap.

Arrivons aux gonds de porte (Pl. IX). Ces deux gonds en bronze sont dédiés par une dame nommée
Schap-en-ap, comme la fille de Pionchi, et fille d'une surintendante du palais, nommée elle-même Améni-
ritis. C'était, comme on le sait, la coutume des hauts fonctionnaires, à toutes les époques, de donner à
leurs enfants les noms des personnes royales auxquelles ils étaient attachés.

Dans les deux inscriptions, la reine Nitocris est mentionnée comme fille de la divine étoile Schap-en-ap
et du roi Psammétik. Nitocris fut l'épouse du roi Psammétik II; elle est citée dans un tombeau de Thèbes
(voir Champollion, Notices, page 553, tombeau n° 56) comme fille de Psammétik Ier, d'où il suit que
Psammétik avait épousé Schap-en-ap, fille du roi Pionchi et d'Améniritis. Psammétik réunit donc à ses
droits ceux du sang d'Améniritis, tandis que Pionchi était partout proscrit et que son souvenir était sou-
mis aux plus grands outrages, nouvelle preuve de l'importance des droits qu'apportait Schap-en-ap.
Nitocris, leur fille, épousa Psammétik II, qui suivit à son égard la même politique que Psammétik Ier à
l'égard de la fille d'Améniritis. Nous voyons en effet Nitocris rappeler son origine dans toutes les occasions,
et le roi lui accorder les honneurs du double cartouche. Améniritis avait joui du même privilège, mais
cette circonstance peut s'expliquer en supposant qu'elle ait régné seule et en vertu de son droit propre, à
Thèbes. La reine Hatasou avait fait de même pendant sa régence ; mais le martelage auquel son nom fut
condamné par Thoutmès III nous prouve que cette princesse avait dépassé la limite des honneurs que les
lois lui attribuaient. Aucune de ces circonstances ne se présente pour Nitocris ; ses légendes, partout res-
pectées, sont citées avec les plus grands honneurs ; un fonctionnaire thébain lui donne même dans son
tombeau (tombeau n° 56, déjà cité) une légende royale complète, avec le nom d'enseigne et le titre de fille
du soleil; sa fille réclame sa descendance comme un titre de ses droits souverains, et cela du vivant de
l'époux de Nitocris, Psammétik II, alors que soixante-dix ans de durée et deux règnes glorieux avaient
affermi la dynastie Saite sur le trône.

Tous ces faits semblent établir d'une manière à peu près évidente que les rois Saïtes n'avaient de droits
reconnus sur la Thébaïde que comme époux des princesses descendant d'Améniritis.

Psammétik II n'eut qu'un règne très-court; on ne connaît pas d'une manière certaine la reine qui par-
tagea le trône d'Apriès et qui fut mère de la princesse Nitétis.

Nitocris et Psammétik laissèrent une fille nommée Anch-s-en-ra-nofré-het, dont le musée britannique
possède le sarcophage. Amasis, après qu'il eut détrôné Apriès, s'empressa d'imiter l'exemple des premiers
princes Saites. Il épousa Anch-s-en-ra-nofré-het, qui fut traitée avec autant d'honneur que l'avait été Nito-
cris. On se l'appelle qu'Amasis envoya en Perse Nitétis, fille d'Ajiriès, au lieu de sa propre fille que Cambyse
lui avait demandée.

Sans entrer dans une discussion approfondie des trois versions qu'Hérodote nous donne de ce fait, remar-
quons seulement que, outre les motifs d'affection paternelle qui avaient pu engager Amasis à substituer
Nitétis à sa fille, il avait des raisons politiques de la plus haute importance. En effet, une fille d'Amasis et
de la reine Anch-s-en-ra-nofré-het, qui était de la race d'Améniritis, aurait pu , surtout aux yeux des habi-
tants de la haute Egypte, disputer à Psammétik III, fils d'Amasis et d'une autre épouse, ou peut-être d'une
concubine, ses droits à la couronne et y faire participer le roi de Perse. Apriès, au contraire, n'ayant
point épousé, du moins à notre connaissance, une princesse du sang thébain, sa fille n'apportait pas à
Cambyse ces droits rivaux qu'Amasis pouvait redouter pour lui ou pour son fils.
 
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