Le Grelot: journal illustré, politique et satirique (12.1882)

12»» ANNEE, - N° 888

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LE RÉTABLISSEMENT DES TAMBOURS

LE PEUPLE

Air : Allons, chasseurs, vite en campagne!

Entendez-vous le bruit sonore
Des tambours que Farre exila?
Raflaflafla, raflaflaflafla!
En les rapp'lant, Billot s'honore;
C'est bien eux, tenez, les voilà!
Raflaflatla, raflafla,

LE TAMBOUR-MAJOR

Air des Pompiers de Nanterre.

Je subjugue, par mes manières,
Les nounous et les cuisinières ;
Superbe sous mes galons d'or,
C'est moi le beau tambour-major!
Lorsqu'habilement, en l'air,
J'fais tournoyer ma canne,
Sur nies nabots je piano,
Comme un vrai Jupiter !
Sitôt qu'dans la rue on m'voit apparaître.
D'admiration chacun reste coi ;
Servante et bourgeoise, ouvrant la fenêtre,
L'œil fixé sur moi,
Se disent, le cœur plein d'émoi :

« Cré nom de d'iii !

« Cré nom de d'ià !
« Le beau militaire ! , ^.

« Cré nom de d'ià I

« Cré nom de d'ià !
« Que c'militaire-là !

LES TAP1NS

Air du Roi d'Y veto t.

Du tambour les tiers roulements
Ont fait le tour du monde.

A la tète des régiments,

Comme un tonnerre il gronde!

Avec lui, le conscrit l'plus sot

DTHymalaya ferait, d'un saut,
L'assaut!

Rafiatlafla, raflaflafla!

Quel utile instrument c'est là,
La, la!

LES ANES EN PLEURENT COMME DES VEAUX

LES LAPINS

Air des Gueux

Vengés de mesur's iniques,
Aux bazars, dans les faubourgs,
Les p'tits lapins mécaniques
Ont retrouvé leurs tambours!
Lapins, lapins,
Faits de cartons peints,
Nous r'dev'nons tapins,
Petits lapins !

LES ANES

Air : Au sang qu'un Dieu va répandre.

Horreur! quel vilain bruit frappe
Nos oreilles de velours !
Frères, c'est sur nous qu'on tape
En f sant r'venir les tambours !
Hélas ! ce n'était qu'un'trève
Qu'accordait notre bourreau !
Anes, mettons-nous en grève,
Pour défendre notre peau!

LE GÉNÉRAL FARRE

Air : Quel cochon d'enfant !

Qu'on m'absolve ou qu'on m'oondamne

C'est un d'mes dadas :
J'peux pas voir, sur la peau d'âne,

Frapper les soldats!
Quand, sur elle, sans vergogne,

Ils tap'nt comm'des sourds,
l'm'sembl'que c'est moi qu'l'on cogne!

J'aim'pasles tambours!

JULES JOUY.