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52

qui n’y soit mouvementée et vivante. On voit,
à la pleine réussite de la peinture, que Yan
Dyck était en présence de son ami et de son
Mécène, et qu’il voulait se surpasser. Le car-
dinal Bentivoglio n’avait pas voulu à Rome
que l’artiste eût une autre résidence que son
palais; il avait été légat du Saint-Père en Flan-
dre, et sa protection s’étendait sur tous les
Flamands. Il est aisé de s’apercevoir aussi, ne
connût-on pas la date du portrait, que Yan
Dyck l’a peint à son retour de Venise. Il usait
d’abord du procédé de Rubens, de ses ombres
frottées, de ses vifs accents de cinabre, en
Italie, il apprit à peindre dans la pâte comme
Titien, tout en restant infiniment plus écono-
me des glacis. Son Cardinal Bentivoglio fait
honneur aux leçons des Vénitiens, ces beaux
peintres du plein jour. Titien aurait sans doute
construit plus solidement la figure, il en
aurait mieux accentué les plans et l’aurait
modelée d’une façon plus précise; mais Yan
Dyck rachète tout ce qui lui manque de ce
côté à force de souplesse, d’esprit et de dis-
tinction.

Un autre portraitiste flamand presque aussi
remarquable, mais qu’on n’apprécie pas et
qu’on ne voit guère qu’à Florence, est Juste
Sustermans, dont je parlais au début de ce
chapitre. C’était un élève de Guillaume De
Vos. Il était venu à Florence sous Côme II et
resta le favori des Médicis jusqu’à la fin du
règne de Côme III. Rubens l’estimait au point
de lui avoir fait hommage d’un de ses tableaux
d’histoire; il était aussi en rapport d’amitié
avec Yan Dyck, et les deux rivaux, selon la
mode courtoise de l’époque, avaient voulu
échanger leurs portraits. On est frappé de la
ressemblance de leurs manières. Sustermans
est un autre Yan Dyck, avec moins de charme
peut-être dans la couleur, moins de verve et
d’esprit dans la facture, mais avec un dessin
plus ferme et plus mâle, des types plus sévè-
res et plus arrêtés. On sent que ce Flamand
a vécu dans la ville de Michel-Ange. Il avait,
dit Lanzi, la coutume d’étudier et de donner
à chacun son mouvement naturel et caracté-
ristique, de manière qu’en couvrant les visa-
ges des portraits, les spectateurs en devinaient
l’original sans se tromper, à la vue seule de
l’attitude et des mains du personnage. L’ap-
préciation est un peu flattée, mais il y a du
vrai, et la qualité dominante, en effet, des
portraits de Sustermans, c’est leur individua-
lité parfaitement nette et décidée.

Il serait trop long de les décrire tous. Je
me contenterai de donner la nomenclature,
brièvement commentée, des principaux :

Portrait de Galilée. Un des chefs-d’œuvre
de l’artiste. Moustache et barbe blanche ; tête
rude, honnête, énergique; la candeur du
savant absorbé par l’étude. Fermement touché
et d’un vigoureux relief. Malheureusement la
peinture a poussé; ombres noires; le pour-
point n’est plus qu’une tache noire.

Frédéric III, roi de Danemark. C’est un roi
adolescent, portant un grand col de dentelles
au dessus de sa cuirasse, avec de longs che-
veux coupés droit sur le front et descendant
jusqu’aux sourcils. Charmant. Infiniment de
morbidesse. Ceci pourrait passer pour un
Van Dyck et des meilleurs.

Ferdinand II, empereur, et sa femme,
Eléonore de Gonzague. Bons portraits, peints
en pleine lumière.

La Vierge et l’enfant Jésus sous les traits
de la grande duchesse Victoire de la Rovère
et de son fils, Corne III de Médicis. Il est
fâcheux que la toile, mal tendue, flotte un |
peu sur son châssis, car la peinture est excel-
lente. La grande duchesse est une femme
brune, blanche et grasse — grassota, dirait
le joli diminutif des Vénitiens, — dont la
beauté a ce plein épanouissement qui carac-
térise l’approche de la trentaine. Une expres-
sion aimable et ferme; un sourire et des yeux
pleins d’esprit.

La même Victoire de la Rovère. Robe de
satin gris violet très décolletée ; cheveux flot-
tants sur l’épaule. Très beau. Plein de nobles-
se et de caractère.

Elle F, commandant d’une galère toscane.
On dirait un Jordaens; type pansu et trivial
du modelé le plus énergique.

Le prince Mathieu de Médicis. Type de la
même famille que le précédent et qui répond
bien à la vie licencieuse du personnage. Nez
rouge, pas de sourcils , traits que la débauche
a déformés et grossis. Des ombres très uoires,
mais aussi quelle puissance et quelle largeur
de modelé !

Jean Rousseau.

(La suite au prochain numéro).

Teniers, le jeune,

SA VIE, SES ŒUVRES.

(Suite).

IX.

Ainsi que nous l’avons dit plus haut, la date
de mort du grand peintre est incertaine et
sa coïncidence probable avec le célèbre pro-
cès, a donné lieu à des suppositions malveil-
lantes que nous n’admettrons que les preuves
en main.

Houbraken et Weyerman ne donnent pas
de date; Immerzeel, Miehiels, De Rentre,
Waagen, Burger, Kramm et plusieurs autres
le font mourir en 1694 (G- Des recherches fai tes
dans les Archives de l’Académie royale d’An-
vers , par M. Théodore Van Lerius, firent ad-
mettre à ce savant l’opinion de Descamps et
Fiorillo qui placent la mort de l’artiste le 25
Avril 1690. Il s’appuyait de plus sur un re-
gistre de la Gilde de St. Luc mentionnant le
paiement de la dette mortuaire du peintre,
sur des notes généalogiques de feu M. Valider
Straelen ainsi que sur la lacune que présen-
taient les registres d’enterrement, à Bruxel-
les depuis 1683 à 1694. Par ces arguments
très sérieux, M. Van Lerius répondait à un
article du ISavorscher réimprimé dans le
Ilaarlemsche Courant et dont l’auteur place la
mort de Teniers II en l’année 1685, basant
son assertion sur l’affiche d’une vente de ta-
bleaux remarquables qui se fit à Bruxelles,
dans la maison (in t’huys) de feu Teniers le
jeune (de jonge) rue Haute (op de Hoogstraat).
Le journal hollandais en concluait que cette
vente n’avait pu se faire qu’après la mort de
notre artiste. Au commencement de 1864,

(i) Papebroehius le fait mourir en 1649. 11 est évident
que cet historien a confondu Teniers I avec Teniers II.
(Ann. Antv. t V, p. 57)

M. De Brou, bibliothécaire de S. A. le duc
d’Aremberg, releva l’article du ISavorscher
et attaqua l’opinion de M. Van Lerius, c’est-à-
dire la date de 1690. « M. Van Lerius est
dans l’erreur, dit-il, (t) car, à ma demande,
M. Pinchart a fait des recherches dans les
actes mortuaires de la paroisse de la Cha-
pelle et y a trouvé la note que voici : » le 11
février 1685 sieur David Teniers (inhumé)
dans l’église de Coudenberg demeurant rue
Haute à côté de la porte rouge. » Le savant
critique examinait également la réplique où
M. Van Lerius prétend que le ISavorscher ne
citait pas le nom propre du mort. M. Génard
mit fin à cette polémique par un article qui
parut dans les journaux et par lequel il prou-
va d’abord, que ce fut David Teniers III, fils
du grand peintre et non celui-ci, 'qui mourut
à cette époque; ensuite que ce fut ce même
David Teniers III qui demeurait rue Haute,
son père habitant la rue des Juifs. Ainsi tomba
l’assertion du ISavorscher et de quelques
auteurs qui, à propos de la susdite vente de
tableaux, avaient prétendu que Teniers s’était
fait passer pour mort. La date la plus certai-
ne connue jusqu’ici, est donc toujours celle
donnée par M. Van Lerius, c’est-à-dire 1690;
car, dit fort bien ce savant : « l’acte de par-
tage des biens existe; or, dans ce temps,
comme maintenant, le partage ne se faisait
pas durant la vie du testateur. » C’est ainsi
que dans cet acte de 1692 on lit : (a) « ten
» eynde aen de gedaegden (de kinderen Te-
» niers) soude worden geordonneerd met
» d’impetranlen te procederen tôt scheydin-
» ge ende deijlinge van de vaederlyke goede-
» ren op den voet hierboven vermeld. »

Par contre, une requête trouvée dans les
Archives générales du Royaume, à Bruxelles,
et datée du 29 Novembre 1692, semble pro-
noncer en faveur de ceux qui admettent la date
de 1694, puisqu’elle prouve que Teniers s’a-
dressa à cette époque à S. A. pour obtenir un
bénéfice en faveur de sa mère. Voici celte
pièce curieuse :

« David Teniers Pintor de V. A. SSerm Re-
» présenta a V. A. muy humilmente como
» la abadia de mongus de San Bernardo de
» Snvlbeque junto a Terra munda esta va-
» cante, y como tiene, una probe hermana
» de Edad de 40 anos, nombrada Anna
» Teniers qui serve a su pobre madere vinda
» en la villa de Amberes Hollandose sin
» medios para podesto hafer comas comodi-
» dad porloqual Tide p. suplica muy hurnil-
» mente a V. A. SSerm sca servuade de ha-
» cerla merced de sena Caria alguna pension
» para su mantenimiento solre la dicto Aba-
» dia vacante para poder mefor avdar y ser-
» vira su poire nadue que es de Edad de
» cerea de ro Anes, que en Ello Recivisa

(G De Brou. Quelques notes concernant David Teniers
le jeune, Jacob Van Ruysdael et Nilcolaes Berchcm.

(G Cette pièce appartient à M. le Chevalier de Bur-
bure, qui a eu l’obligeance de nous la communiquer.
Dans ce même acte on lit encore : in prejuditie vande

voors transaclie bv viylen David Teniers den Ouden.

geauthorisecrt etc.
 
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