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rain. Cinq paysages intéressants, très fermes
de facture, très harmonieux de coloration
et d’une sincérité charmante.

Franck le vieux. Un seul tableau, mais
fort curieux : il nous représente l’intérieur
d’un salon au XVIme siècle. Une dame et un
gentilhomme dansent ensemble; une société
choisie devise tranquillement autour d’eux.
Grande table couverte d’un tapis turc; dres-
soir; tapisserie de cuir gaufré; deux ou trois
tableaux aux murailles. Je regrette d’ajouter
que la peinture est moins intéressante que le
décor.

Van Baelen. La Vierge, VEnfant Jésus et
des Anges, (salle de Rembrandt). Fait en col-
laboration avec Breughel de Velours, qui
peignait, comme on sait, la plupart du temps,
les fleurs et les sites des tableaux de Van
Baelen. Celui-ci est ici d’un fini aussi sec et
aussi lisse que son collaborateur. Beaucoup
de talent d’ailleurs, et d’habileté, comme
toujours.

Geldorp, Goltzius. (Salle de Wouwerman).
— Portrait de femme. Robe noire, guimpe
blanche strictement fermée par devant. Admi-
rable de fini et de souplesse, deux qualités
qui vont rarement ensemble, comme le prouve
le fini si renommé et si cassant d'Isaac Denner.

Paul Bril. Trois paysages. Médiocres. Où
Paul Bril est plus curieux à étudier, c’est
dans ses paysages à fresque, dont il a laissé
de beaux échantillons sur les murailles du
Vatican. Comment se fait-il qu’on ait fini par
abandonner aux cabarets ce genre de déco-
ration , à la fois si gai et si riche? Le paysage
à fresque n’a pourtant rien de vulgaire chez
PaulBril.il savait, avant Poussin, donner
du style à ses sites pittoresques, et il les
composait avec une poésie et une largeur
réellement historiques. Aussi Annibal Carra-
che l’avait-il en profonde estime. On sait que
le grand maître bolonais a peint plus d’une
figure dans les paysages de Paul Bril.

Pourbus le jeune. Portrait de femme. Le
caractère et la fermeté qui ne lui manquent
jamais; mais un ton un peu morne.

Antoine Sallaert. Une procession à Bruxel-
les (Cabinet XV, dit de Bruxelles). Ceci est
excellent, malgré le peu de popularité du
peintre. Point de grand élan, nulle visée au
style, un goût évidemment bourgeois; mais
de très sérieuses qualités d’exécution, une
facture à la fois grasse et précise, des phy-
sionomies vraies, des allures bien saisies.
La procession dont il s’agit défile sur deux
rangs à travers la place de l’Hôtel-de-ville.
Les maisons sont parées pour la circonstance;
le clergé et le saint Sacrement ferment le
défilé. Il va sans dire que, selon l’usage,
toutes les figures du premier plan sont des
portraits, et qu’elles ont soin de tourner, en
passant, la tête vers le spectateur.

Peter Neefs le vieux. Deux Intérieurs
d'église gothique, dont un charmant; vous
trouvez ce dernier dans la même salle que le
Sallaert. La nef principale se déroule devant
le spectateur; au milieu, un prêtre pronon-
çant un sermon du haut de la chaire. La
lumière vient du fond de la nef, c’est-à-dire
du côté du choeur et produit avec le demi-
jour de l’avant-plan un contraste délicieuse-
ment rendu.

Roland Savery. Un Paysage agrémenté d’a-
nimaux de toute espèce, depuis le lion jus-
qu’au perroquet. Ne sort pas de l’ordinaire.

Rubens. Il y a jusqu’à dix-huit toiles de
lui au musée de Turin ! Mais je ne les cite ici
que pour mémoire. Nous aurons à en repar-
ler en délail pour la fin et la conclusion de
cette étude.

Snyders. Il y en a six. Malheureusement ce
ne sont pas ses chefs-d’œuvre; ils pêchent
généralement par une certaine sécheresse; iis
n’ont pas l’entrain d’exécution et l’éclat de
couleur qu’on a le droit de chercher et qu’on
trouve si souvent chez l’élève et le digne
collaborateur de Rubens; ils ne se distin-
guent même pas par cet arrangement ingé-
nieux, qui est une des qualités habituelles de
Snyders et qu’il avait étudié à la grande école
de l’Italie. Ses deux meilleures toiles, à
Turin , sont Une chasse au Sanglier (salle de
Van Dyck) et une Chasse au cerf (salle de
Rembrandt).

Graver. Deux tableaux dans la salle de
Gérard de la Nuit : Le Christ au milieu des
docteurs et un Christ au tombeau. Médiocres.

Jordaens. Quatre tableaux. II n’y en a que
deux qui se fassent regarder, deux Bésurrec-
tions, ici (salle de Rembrandt), celle de
Lazare, là (cabinet de Bruxelles), celle du
Christ. La première toile, dont les figures
sont de grandeur nature, est assez impor-
tante, et la mise en scène n’y manque pas
d’un certain imprévu; toutefois elle n’éblouira
que ceux qui ne connaissent pas le chef-
d’œuvre du maître. Il ne s’y abandonne pas
encore à sa fougueuse exécution, à sa puis-
sante trivialité ; il y a je ne sais quoi d’acadé-
mique et d’emprunté qui sent l’école. Même
défaut, mais plus sensible encore, dans le
second tableau.

Van Dyck. Treize toiles! Réservé, comme
Rubens, pour la fin de cette notice.

Jean Miel. Il n’est guère, comme on sait,
flamand que d’origine; par le talent et les
tendances, il est bien plus italien. Il était
d’abord porté vers le genre burlesque et ce
que, de son temps, on appelait les Bambo-
chades; le Sacclii, dont il voulut suivre l’école,
en arrivant à Rome, ne voulut pas le garder,
ne le trouvant pas assez sérieux. Mais Jean
Miel se lassa bientôt de ce genre subalterne,

malgré le succès et les commandes multipliées
que lui valaient ses facéties peintes, et il
s’attaqua résolument à la grande peinture;
le moyen du reste de ne pas être pris de
| quelque noble ambition clans la ville de
! Michel-Ange? Jean Miel a laissé à Rome quel-
ques tableaux d’autel. C’est dans le Piémont
toutefois, comme le constate Lanzi, que sont
réunies ses œuvres capitales. Vous trouvez
un plafond et quatre tableaux de lui à Turin,
au palais du Roi (dans la grande pièce qui
était jadis la salle d’audience); ce sont des
sujets mythologiques, avec des allégories
à la gloire de la maison de Savoie. Dans la
salle du trône, il a peint aussi un grand pla-
fond d’une composition assez compliquée et
d’un sens profondément philosophique; on y
voit une banderolle portant cette devise ex-
plicative : Multis melior pax una triumphis,
— une seule paix vaut mieux que beaucoup
de victoires! Belle maxime qui n’est pas assez
appliquée pour le bonheur du genre humain.
Enfin les chefs-d’œuvre de Jean Miel étaient,
au dire de Lanzi, ceux qui tapissaient la
maison de chasse royale, située à une lieue
et demie de Turin? C’était la plus belle des
villas royales, avant que les rois de Sardai-
gne n’eussent arrêté leurs préférences sur
Moncalieri. Jean Miel avait peint dix sujets
de chasse pour la salle des Gardes, le tout
d’une touche libre et hardie, s’il faut s’en
| rapporter au jugement de Lalande. Mais, au
1 temps de Lalande déjà, ces tableaux avaient
| été troués par les hallebardes des gardes,
envahis par l’humidité, et avaient poussé au
noir; il y a un siècle de cela; que sont-ils
devenus depuis?

Si j’insiste si longuement sur les ouvrages
de Jean Miel, c’est qu’il est, avec Calvaert et
Sustermans, à la tête des peintres flamands
qui n’ont guère travaillé qu’en Italie, qu’on
ne connaît parfaitement que là, et qu’il est
si curieux pour nous d’étudier. Quelles per-
tes avons-nous faites dans ces maîtres qui ont
déserté notre école? Jusqu’à quel point ont-
ils été modifiés par ces influences étrangères
auxquelles ils se sont pliés de si bonne grâ-
ce? J’ai déjà constaté, en parlant de Suster-
mans, que ces modifications n’étaient pas
aussi radicales qu’on le pourrait croire ; Flo-
rence a légèrement ennobli son dessin et peut-
être a-t-elle un peu refroidi sa couleur flaman-
de : c’est tout. Chez Calvaert et Jean Miel
pourtant, la transformation est plus mar-
quée. Leur composition perd quelque chose
de ce pittoresque et de cet imprévu qui ca-
ractérise les écoles du nord, pour tendre
vers cette harmonie, cette pondération par-
faite qui semble le but de l’art classique, en
Italie aussi bien qu’en Grèce; leur plastique
s’empreint d’une beauté plus régulière; les
 
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