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186

(Correspondance particulière).

Bruxelles.

La dernière acquisition du musée, l’esquisse
du plafond d’Eugène Delacroix, Apollon per-
çant de ses flèches le serpent Python, est aujour-
d’hui placée dans les galeries du musée mo-
derne, placée bien mal, j’ose le dire, à coté
d’un tableau de Bossuet, une Vue de Séville,
dont l’éclat ne lui fait nul bien. D’emblée on
sent le maître dans cette toile de deux ou
trois pieds carrés, qui en dit plus long que
bien des tableaux faits et dont l’harmonieux
éclat fait penser aux œuvres des grands Vé-
nitiens. Il fallait Delacroix pour affronter
impunément les splendeurs royales de la
galerie d’Apollon, comme il avait fallu Véro-
nèse pour trouer les plafonds d’or de St.
Marc, et le rapprochement des deux maîtres,
si souvent fait, ne fut. jamais plus permis que
dans le cas présent. Mais Delacroix n’a ni
copié ni même imité Véronèse, il l’a simple-
ment compris, comme Tiepolo l’avait com-
pris, mais avec plus d’indépendance. Nous
connaissons tous le plafond du Louvre dont
je n’ai pas à faire l’éloge à propos des quali-
tés de l’esquisse, et celle-ci n’a pas besoin du
grand nom de son auteur et de la célébrité
de l’œuvre même, pour être admirée. Sa
valeur artistique est bien réelle, elle peut
briller partout. Mais malgré toute l’admira-
tion qu’elle m’inspire, je ne puis m’empêcher
de la trouver un peu bien chère à vingRdeux
mille francs. Il manque à notre musée bien
des œuvres encore pour être complet, et il
n’est pas de ceux qui puissent se passer de
ces coûteuses fantaisies qu’il faudrait laisser
aux amateurs. Aujourd’hui comme hier, nous
en sommes à attendre un tableau de Delacroix
pour notre musée moderne.

Mon confrère d’Anvers vous a entretenu
déjà du tableau envoyé de Rome par M. Le-
gendre et qui représente La nymphe Pêrimèle
changée en île. La sévérité avec laquelle cette
œuvre a été appréciée dans vos colonnes n’est
point exagérée, et je crains fort pour l’avenir
de M. Legendre, s’il ne prend un vigoureux
parti. Mes craintes prennent leur source dans
les qualités mêmes de ces œuvres. Je préfé-
rerais de francs défauts à cette grâce affectée
et mignarde, à cet abus des petits moyens
indignes d’un talent sérieux , tels que l’em-
ploi de l’or et de l’argent pour peindre les
cheveux et les coquillages; ce serait à douter
que M. Legendre soit vraiment allé à Rome
et y ait séjourné pendant tant d’années parmi
tout ce que l’art a produit de plus puissant
et de plus glorieux.

Avant de quitter le Palais Ducal, je voudrais
bien demander quand la commission du mu-

sée jugera convenable d’arrangerle musée des
plâtres antiques et de permettre aux artistes
d’y avoir accès. Voilà bien des années déjà
que l’on aurait dû s’occuper de ce travail et
je connais de nombreux artistes qui se plai-
gnent de l’état de choses actuel.

Ceci me rappelle que j’ai à formuler deux
autres questions.

Pourquoi la Bibliothèque industrielle du
musée de l’industrie n’est-elle pas ouverte
aux heures officiellement indiquées et pour-
quoi M. le bibliothécaire n’est-il pas toujours
à son poste? Je connais des lecteurs qui n’ont
pu être admis à cause de l’absence du fonc-
tionnaire chargé de leur communiquer les
ouvrages, et cela aux heures réglementaires.
Autre question. Qu’est devenu le concours
ouvert, par arrêté royal, pour le meilleur type
de timbres-poste et qui est l’auteur des nou-
veaux et disgracieux timbres dont l’adminis-
tration vient de nous gratifier? Je pourrais
citer d’excellents graveurs en taille-douce qui,
voulant prendre part au concours, en ont été
empêchés parce que l’on exigeait un type en
relief. Aujourd’hui on a gravé, peut-être au
procédé Colas, un très médiocre profil du Roi
dans l’encadrement du timbre français. Est-ce
le résultat du concours que nous avons sous
les yeux? H.

FRANCE.

EXPOSITION
DES ARTS INDUSTRIELS.

Les œuvres modernes.

Nous nous proposions de donner, en même
temps qu’une énumération rapide des œuvres
les plus remarquables envoyées à l’exposition
moderne, quelques détails sur l'organisation
et les progrès de la vaillante société qui s’est
donné le noble but de doter la France d’un
musée d’art industriel. Ces développements
ne seraient pas inutiles ici, au moment où la
Belgique, inquiète de voir tous ses voisins
redoubler d’efforts pour perfectionner le goût
de leurs fabricants, songe à suivre le mouve-
ment général, et à créer aussi chez elle un
musée d’art industriel. Nous voulions montrer,
à l’aide des documents que la commission a
eu la bonne idée de placer en tête du livret,
par quels prodiges de dévouement et de per-
sévérance, l’élite de nos industriels est arri-
vée en peu de temps à créer et à propager
une association extrêmement utile aux indus-
triels comme aux artistes; nous voulions
énumérer toutes les ressources qu’en deux
ans l’intelligence et la volonté de quelques
hommes ont créées pour les artisans avides
de s’instruire et de se former le goût; nous

nous proposions de payer à ces fondateurs
le tribut d’éloges et de reconnaissance que
chacun leur doit, en développant leur œuvre
éminemment libérale, en prouvant, sans
nous contenter de le proclamer, qu’ils ont
bien mérité de la patrie; mais nous ne vou-
lons pas nous exposer à tronquer l’histoire de
la Société des arts appliqués à l’Industrie, et
puisque la clôture de l’exposition nous oblige
à parler sans plus tarder des exposants, nous
attendrons une meilleure occasion de racon-
ter la fondation et d’expliquer l’organisation
de la Société.

Voulant donner à sa seconde exposition
une solennité exceptionnelle, l’Union centrale
des Beaux-Arts appliqués à l’Industrie, avait
ouvert en même temps cinq expositions diffé-
rentes, tout autour de la grande nef où étaient
réunies les productions des industries d’art.

Nous avons rapidement promené nos lec-
teurs à travers ce musée rétrospectif qui
aura été une des plus grandes surprises de
l’année; on a parlé ici même des concours
ouverts par l’Union centrale et des prix pro-
posés, et, bien que les industriels et les artis-
tes n’aient pas répondu à l’appel comme il
eût été désirable, cependant le Jury a décerné
les prix aux plus dignes. Puis un immense
concours fut institué entre toutes les classes
de dessin de Paris et des départements,
concours fort utile et intéressant, non pour
les résultats qu’il constate, mais parce qu’il
indique les défauts de l’enseignement et les
modifications à introduire. Ces académies de
collégiens ne peuvent guère nous intéresser;
mais voyez comme on se fait illusion : nous
n’avions jamais cru que nous dessinions si
mal au collège. Une collection de peintures
décoratives, de dessins servant de modèles
aux industries d’art, de gravures, de litho-
graphies, de photographies, des plâtres,
des cires à reproduire en argent ou en bronze ;
enfin une réunion de dessins et de modèles
originaux pour l’industrie et la décoration,
laissés par les anciens maîtres, complètent
les six groupes dans lesquels la commission
avait rangé tout ce qui peut avoir rapport avec
les industries artistiques, depuis l’informe
ébauche du débutant jusqu’aux chefs-d’œuvre
des plus grands maîtres.

Nous n’en avons pas encore fini avec les
classifications de l’Union centrale. Le catalo-
gue divisait le premier groupe, l’exposition
des œuvres contemporaines, en neuf sections
que le Jury des récompenses a réduit à sept;
il a eu raison. On se noie dans les divisions
par trop multipliées, et rien ne ressemble au
désordre comme l’excès d’ordre.

Puisque nous nous occupons de la rédac-
tion du catalogue, nous remarquerons avec
plaisir que la plupart des grands industriels
 
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