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relie qu’il intitule Tentative de réconciliation.
Elle nous représente cette vieille et toujours
neuve querelle d’amants, suivie de la boude-
rie de la jeune fille et de la soumission obli-
gée du jeune homme. La jeune villageoise
tourne le dos à son amoureux qui semble on
ne peut plus désireux d’obtenir son pardon.
Si le pauvre garçon pouvait voir comme nous
le visage de sa jeune adorée, il y mettrait
moins d’empressement, car bien certainement
l’orage est dissipé. Tout le monde sait le na-
turel et l’aisance qui constituent le fond des
œuvres de M. Madou. L’esprit et la vérité si
souvent signalées dans ses petites créations,
s’affirment une fois de plus ici et sa tentative
de réconciliation est, à coup sûr, la plus faite
de toutes les aquarelles exposées. Je n’aurais
que des éloges à lui donner si une main
malencontreusement emmanchée ne venait
nous rappeler pour la millième fois que tout
le monde est peccable.

Tout à côté de l’œuvre de M. Madou, nous
voyons deux guirlandes de fleurs d’un artiste
fort aimé de notre public, M. Angelo Rossi
de Milan. Combien de fois n’avons-nous pas
admiré les délicieuses peintures de cet artiste?
Nul ne s’entend mieux que lui à l’arrangement
harmonieux de ces groupes de fleurs, dont
la possession donne lieu tous les ans à de si
ardentes luttes entre les amateurs. Cette fois
M. Rossi a tressé une couronne de deuil à la
mémoire du premier de nos Rois et il l’a fait,
cela va de soi, avec ce goût et cette exquise
délicatesse qui caractérisent toutes ses œu-
vres. Une médaille suspendue au ruban noir
qui couvre la couronne, porte la date funèbre
du 10 Décembre 1865. Il y a aussi à l’exposi-
tion un Intérieur de l’église San Giulio à Per-
game, dû au pinceau du même artiste et qui,
sans offrir le même intérêt que ses fleurs, té-
moigne cependant éloquemment de sa pro-
digieuse dextérité.

L’œuvre capitale du salon est à mes yeux
une marine de M. Clays que son auteur inti-
tule le Calme. Pleine de grandeur et d’har-
monie, cette création, si petite qu’elle soit,
restera comme l’une des plus complètes de
la carrière de l’artiste dont chaque œuvre
signale du reste un nouveau progrès. Aucun
argument ne saurait prouver aussi éloquem-
ment que cette peinture de M. Clays, toute
la force que l’artiste doit trouver dans la
simplicité des moyens. Une vue de l’Escaut
près de Lillo et un souvenir de Heyst ne sont
guères moins réussies. Le fond de la premiè-
re de ces aquarelles est admirablement com-
pris.

Quel que soit le sujet qu’aborde M. Dell Ac-
qua, l’on peut être certain à l’avance qu’il
trouve le moyen d’intéresser. Ses deux aqua-
relles de cette année sont de beaucoup supé-

rieures à celles qu’il avait envoyées à l’expo-
sition de 1865. Le n° 55 qu’il intitule : un
bienfait nest jamais perdu et qui retrace un
épisode de la jeunesse de Métastase, est une
composition assez vaste, agencée avec intel-
ligence et exécutée avec infiniment d’habileté.
Métastase déclame des vers du Tasse dans les
rues de Rome pour soulager la misère d’une
pauvresse tombée de besoin à ses pieds. Le
jurisconsulte Cravina passant par là voit le
jeune homme, et, frappé de son talent et de
sa généreuse action, l’adopte. De là le titre de
l’œuvre. Ce qui fait parfois défaut dans les
peintures deM. Dellaqua, c’est la fermeté du
dessin et de la touche; avec moins de travail
il obtiendrait peut-être un résultat plus heu-
reux. Il semble que parfois, à force de vouloir
parfaire son œuvre, il l’émousse. Ce défaut,
quoique fort atténué dans l’aquarelle dont je
parle, y apparaît cependant encore en de cer-
tains passages. Les notables de l’endroit, du
même artiste, sont un souvenir dTtalie qui ne
manque ni de charme, ni d’intérêt. Les no-
tables, c’est le prêtre, c’est le médecin, c’est
quelque vieil officier pensionné vêtu de la
classique polonaise d’il y a trente ans. J1 sont
là, assis côte à côte sur le banc qui garnit la
devanture de l’officine du pharmacien de l’en-
droit. Le brave apothicaire, est là aussi, à la
porte, coiffé d’un bonnet grec, et un cinquiè-
me personnage, terriblement bossu, qui s’est
juché sur la borne, complète le groupe. Ces
respectables bourgeois semblent occupés
chacun de ses affaires et il n’y a guères que
le bossu qui, comme la plupart de ses sem-
blables d’ailleurs, paraisse en veine de lo-
quacité. L’ensemble de cette petite page est
des plus agréables et nous permet d’appré-
cier de nouveau la finesse d’observation de
son auteur.

Il est à l’exposition des aquarellistes une
œuvre qui attire dès l’abord l’attention des
visiteurs par l’étrangeté de son aspect. A
première vue, on ne distingue qu’une sorte
de tache noire sur un fond clair où se décou-
pe la massive silhouette d’une cathédrale go-
thique. Qu’est-ce donc que ce fouillis où n’ap-
paraît d’une manière un peu distincte qu’une
tête de femme coiffée d’un bonnet blanc. Vous
prenez le calalogue et vous y lisez : n° 414
Maris (M.) à La Haye. Les deux mères. Vous
cherchez et vous finissez par voir qu’il y a là
un simulacre de femme portant suspendu à
son cou un simulacre d’enfant; un artiste
complaisant a bien voulu m’expliquer que
deux taches que j’avais prises d’abord pour
des pierres, devaient représenter une vache
et son veau ou une brebis et son agneau , je
n’en mettrais pas la main au feu. En toute
conscience, je ne parlerais pas de cette œuvre
qui ressemble au rêve d’un cerveau malade,

si je n’avais rencontré au salon des personnes
qui en prônaient tout haut les qualités, s’il
n’y avait eu , dès le premier jour, un amateur
très-sérieux pour l’acquérir et si enfin elle ne
venait prouver, une fois de plus, qu’au temps
où nous sommes, il n’y a aucune excentricité,
quelle qu’elle soit, qui ne trouve ses admira-
teurs, tant est grande la soif de l’originalité
fausse ou vraie. Hélas! faudra-t-il donc sans
cesse torturer cette pauvre nature pour la
rendre aimable, et la simplicité est-elle chose
si haïssable que chacun se batte les flancs pour
être autrement que le bon Dieu ne l’a fait?
Que l’œuvre de M. Maris trouve ses admira-
teurs, peu m’importe; un fou trouve toujours
un plus fou que lui qui l’admire, dit-on, mais
pour l’amour du Ciel ! que faudra-t-il donc
faire désormais pour être digne des suffrages
du public et même des gens du métier, et où
s’arrêtera-t-on si l’on en arrive ainsi à admi-
rer et à confondre avec l’originalité de bon
aloi, qui seule fait le véritable artiste, le
renversement de toutes les règles, le mépris
des convenances esthétiques les plus élémen-
taires,

H.

Réponse à une question à propos du Congrès d’Anvers.

Le Journal des Beaux-Arts du 54 Mars
dernier, contenait un article intitulé « Une
question d'archéologie à propos du Congrès
d’Anvers. » Nous ne pouvons que nous rallier
aux savantes opinions émises par M. Guiffrey,
l’auteur de cette correspondance sur l’ogive
et sur le style dit ogival.

Mais qu’il nous permette une légère obser-
vation au sujet de l’étonnement où l’a jeté,
paraît-il, le programme du Congrès archéo-
logique international, organisé par l’acadé-
mie d’archéologie de Belgique. Cette obser-
vation est toute personnelle d’ailleurs, et
n’engage en rien l’académie, dont nous avons
l’honneur d’être membre, mais que nous n’a-
vons njême pas consulléeen cette circonstance.

M, Guiffrey ne peut comprendre cette va-
riété, cette multitude de questions. « On
parlera, dit-il, on discutera dans toutes les
langues, sur toutes les matières, de omni re
scibili et pluribus aliis. » La pointe est un
peu acérée, mais nul ne s’en fâchera : les
savants qui viendront de toutes les parties
de l’Europe seraient bien capables, en effet,
d’exécuter pareil tour de force. D’ailleurs le
baume est près de la piqûre, puisque l’au-
teur de l’article ajoute ; » Loin de moi la
pensée de blâmer et de critiquer l’idée pre-
mière de ce plan gigantesque; elle est noble
et louable. » Seulement il craint que l’exa-
gération ne vienne lui enlever son utilité et
 
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