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Kerckhove, statuaires, à l’exposition. Tâchons
de ne pas nous tromper, car cette famille d’ar-
tistes vaut la peine qu’on s’y arrête.

Et d’abord voici une Eve délicieuse de pose,
de mouvement, d’aspect et d’intention. Elle
est de M. Jean-Baptiste Y. D. K. C’est sans
contredit, une des statues les plus fines et les
plus originales que nous possédions. Si on
était plus prophète dans son pays ou bien si
cette belle statue était signéed’un nom étran-
ger, nul doute que son succès eût été plus
grand.

De M. Joseph V. D. K. nous avons une Co-
quetterie, buste en plâtre, où le caractère voulu
est judicieusement rendu; de M. Godefroid
V. D. K. un Christ mort d’une effrayante vérité
cadavérique dans le dessin, mais d’apparence
trop moulée sur nature et manquant de la
divine poésie que réclamait le sujet; de M.
Louis V. D. K. un Amour voilé un peu lourd
d’aspect; de MM. A., Augustin et François Y.
D. K. des bustes très ressemblants, et des
médaillons travaillés avec une finesse exquise.

MM. Bouré et Cattier ont exposé, l’un un
Amhiorix et l’autre un Boduognat, destinés
tous deux à servir d’ornementation à des por-
tes monumentales d’Anvers. Cesontdeux puis-
santes sculpturesd’un jet superbe et d’une fière
allure. Grâce au ciel, cela sort un peu de ce
poncif consacré auquel depuis trente à qua-
rante ans nous sommes redevables de tant de...
choses quelconques. Merci donc à ces jeunes
révolutionnaires qui ont poussé un cri de li-
berté : il sera entendu.

M. Pickery, dans son Proméhèe, a montré
une prétention excessive et un talent dont on
avait le droit de mieux augurer. Cet artiste
se fourvoie.

M. Fassin est un statuaire sérieux qui fait
honneur au pays. M. Samain est également
une intelligence d’élite; il faut beaucoup at-
tendre d’une éducation artistique qui se déve-
loppe de cette manière et s’affirme si carré- |
ment. MM. Begas, Sussmann et Barbé n’ont
rien exposé cette année qui mérite de fixer
spécialement l’attention; on pourrait même
reprendre sévèrement beaucoup de choses à
leurs travaux, ne fut-ce que le manque de
grâce de la Baigneuse de Begas, le manque de
caractère du Frédéric de Sussmann dans les
détails et le manque de simplicité du Descar-
tes de Barbé, qui ressemble singulièrement,
pour la pose, au Duquesnoy de Van Oemberg ,
exposé il y a déjà quatre ou cinq ans.

A propos de M. Van Oemberg, remarquons
son Caïn, statue bien comprise, bien exécu-
tée et que nous considérons comme un des
meilleurs morceaux de sculpture du Salon de
1866. Un caractère étonnamment bien senti,
un mouvement très heureux, une vie étrange,
un je ne sais quoi vous remue dans ce Caïn

fratricide sorti de l’ébauchoir de M. Van Oem-
berg. L'Abel, du même artiste, impressionne
moins mais révèle aussi une étude très cons-
ciencieuse de la nature et une étude plus dif-
ficile, à coup sûr, du sujet. Les bustes de MM.
Chapelié et Fontainas sont d’une grande res-
semblance, prosaïque peut-être, mais exacte.
Ce n’est pas la faute de l’artiste, après tout,
si on exige de lui qu’il taille des habits bro-
dés dans le marbre.

Nous avons parlé, dans notre Journal, de
l'Amhiorix de M. Bertin, qui a valu, préma-
turément selon nous, la croix à son auteur.
Nous n’y reviendrons donc pas. Lesbustes de
Léopold Ier et de S. M. la Reine, parFraikin,
ont été également mentionnés par nous à leur
temps, ainsi que les travaux de M. De Plyn.

On voit à l’exposition des bustes d’une ex-
traordinaire faiblesse. D’autres sont plus heu-
reux; il en est même d’excellents signés des
noms de Breuer, De Haen , Ducaju, etc.

Le buste de Wiertz est moulé sur un mort ;
le Fra Angelico de M. De Vigne est beaucoup
trop long; le Joueur de guinbarde de M. Brac-
keveidt, est vulgaire quoique possédant des
qualités d’expression; le Retour d’Ulysse de
M. C. Jacobs, est uneœuvre distinguée, d’un
sentiment élevé et communique de l’émotion
au spectateur; le buste de Gorgone, par Mar-
cello, est empreint de hardiesse et d’exagéra-
tion ; les travaux de M. Melot ont de la soli-
dité mais manquent de naturel.

Une jolie statue de femme morte on plutôt
endormie est due à M. Halîeux. Ce n’est pas
précisément de la statuaire classique, mais
c’est correct et cela vous va à l’âme. Cela ne
vaut-il pas mieux que maint chef-d’œuvre
fouillé prétentieusement par un ciseau froid
et une main froide ?

M. Léopold Harzé, lui, fait de la carica-
ture humoristique avec de l’argile, le pouce,
l’ébauchoir, l’aiguille et aussi un peu avec un
instrument qu’il doit tenir d’une fée, croyons-
nous. Le tout est saupoudré d’un esprit in-
croyable. Les groupes de cet artiste sont na-
turellement disposés, mouvementés avec une
aisance et un aplomb peu communs. Il y a dans
sa manière de la grandeur et de la petitesse,
du large et de l’étroit, du goût et du débrail-
lé; il tient de Molière, de Hogarth, de Gran-
ville et de Dantan ; c’est d’un comique ache-
vé et d’une exécution merveilleuse. Sur un
i théâtre plus vaste, cet étonnant artiste ferait
école; ici... il passera comme tant d’autres et
l’herbe de l’oubli poussera sur cette humide
argile que ses doigts ont si spirituellement
façonnée.

Des médailles nous n’avons à mentionner
que celles déjà bien connues et bien appréciées
de Jacques et de Léopold Wiener ainsi que
celles du regretté Alexandre Geefs.

Il est bien difficile de parler des dessins
exposés par les architectes dont les véritables
travaux sont les monuments qu’ils ont con-
struits. Ces monuments ont tout à perdre à
être jugés sur des dessins et des plans où ils
perdent la majesté qui ressort de leurs con-
struction mêmejet de leurs dimensions. Reste
à apprécier le plus ou moins de mérite
du dessinateur; évidemment ce n’est pas là où
l’architecte veut être examiné, puisque le plus
souvent les dessins exposés n’émanent pas de
lui. Donc, encequi concerneleSalon, bornons-
nous à constater que vingt-deux architectes
belges y ont envoyé, soit des dessins de
monuments exécutés, soit de projets ou d’es-
sais. Parmi eux signalons les excellents pro-
jets de MM. Carpentier, De Man, Hosteet Trap-
peniers, (l’heureux auteur dn palais de l’U-
niversité) tous marqués au bon coin.

Parcourons maintenant la série des dessins,
gravures etc., auxquels on semble avoir ré-
servé tout ce qu’il y avait de plus défavorable
dans les divers compartiments de la baraque
des Beaux-Arts; nous procéderons pour ceci
alphabétiquement en suivant le catalogue.

Les gravures de M. Alkinson peuvent avoir
du succès en Angleterre; ici on les apprécie
faiblement, à l’exception toutefois des Trésors
du home qui aura du succès partout. M. Anne-
douche dans sa Cendrillon, est agréable mais
un peu mou. M.Ballin n’a pas rendu le fameux
Baptême de Knaus avec le charme voulu et
possible. M. Biot a montré trop d’habileté dans
son Miroir d’après Cermak. Les contours du
corps de l’enfant, entre autres, sont rudement
accusés. Nous avions du reste dans le temps,
donné notre opinion sur le tableau qui ne con-
venait aucunement à la gravure. Encore une
école !

M. Blanchard est un graveur de grand talent,
mais il s’est fourvoyé dans la gravure du
Derby, de Frith. Il se relève dans VAntiope qui
cadre mieux avec la nature de son burin un
peu froid. Dans les Joueurs d'échecs, d’après
Meissonier, il s’est montré fin et souple.

Signalons comme curiosité et habileté, les
dessins héliolithographiquesdeM.Cluysenaar;
les eaux-fortes colorées de M. Danse dont nous
avons déjà parlé ici et dont nous reparlerons
plus tard à propos de sa planche de Charles-
Quint, d’après Degroux; glissons sans appuyer
sur les belles formes rêvées par l’aquarelliste
Maxime David; applaudissons en passant les
croustillantes eaux-fortes de M. De Haes, les
gravures deM. Delboete, celle de M.Demannez,
une belle aquarelle deM. De Marneffe, une
très belle peinture sur faïence de M. De Mol,
de fines gravures de M. Desvachez, un impor-
tant dessin de M. Devaux qui agrandit sa ma-
nière et gagne un talent de plus en plus sérieux;
deux dessins de Doré, hardis mais trop corn-
 
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