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brillent que d"un éclat secondaire et il est tel
nom, à peine connu, que nous trouvons sur
des toiles qui se feraient remarquer dans
n'importe quel Salon.

C'est ainsi que M. Charles Emile Waulers,
qui débutait à la dernière exposition de
Bruxelles par une figure d'Ulysse, beaucoup
trop mal placée, se révèle avec un ensemble
de qualités artistiques du meilleur aloi dans
une toile, inachevée encore ; Edith au cou de
cygne, cherchant le corps d'Harold sur le champ
de bataille d'Hastings. — Cette œuvre dont
lesparties achevées ontà la fois la distinction,
la grâce, l'expression et le coloris qui font les
œuvres remarquables, nous semble destinée à
valoir à son très-jeune auteur un grand succès
lorsque, entièrement achevée, elle figurera
dans une exposition plus importante. Le por-
traitde jeunefemmevue de profil, par le même
artiste, est égalementdigne d'éloges par la fraî-
cheur du coloris et la finesse du travail. En-
fin, deux études de torses très-vigoureusement
charpentées et d'un travail fort consciencieux,
prouvent que M. Wauters possède, outre le
sentiment inné, les qualités acquises sans
lesquelles nul ne saurait prétendre occuper
dans l'art une place sérieuse. Lorsqu'à l'âge
de M. Wauters on fait des travaux delà valeur
des siens, mieux vaut s'attacher à développer
ses qualités personnelles que de se lancer sur
les traces de tel ou tel maître contemporain.
La guerre des Souliotes et la mort de Galba,
si adroites que soient ces esquisses, intéres-
sent bien plus comme réminiscences d'Eug.
Delacroix que pour leur valeur intrinsèque.

M. Isidore Verheyden a exposé de fort bons
portraits. Celui d'une dame vue de face, est
traité avec une maestria incontestable. Blo-
delé en pleine pâte, les plans largement ac-
cusés, très-harmonieux de ton, il se distin-
gue aussi par l'expression et c'est là encore
une de ces œuvres qui n'ont pas besoin d'une
exposition restreinte pour s'imposer à l'at-
tention des connaisseurs. M. Verheyden n'est
pas seulement un portraitiste de mérite, c'est
un paysagiste très-adroit et il y a de lui, à
l'exposition du Cercle, quelques petits paysa-
ges habiles par le travail et charmants par le
site.

M. E. Agneessens aussi se fait remarquer à
l'exposition par des travaux nombreux, de
genres et de dimensions variés, mais qui
sont autant de témoignages de la remarqua-
ble organisation du peintre. Pour nous l'œu-
vre capitale de M. Agneessens et l'œuvre ca-
pitale aussi de cette exposition, c'est un torse
de jeune homme assis la tête renversée. Ce
morceau de peinture qui révèle chez son
auteur une étude sérieuse des maîtres, est
traité avec cette délicatesse et ce sentiment
du vrai qui rendent si aimables certaines œu-

vres des anciens. C'est de l'art pour l'art. A i
côté de cette délicieuse étude nous devons
signaler, du même auteur, une toute petite
académie d'homme vu de dos, pleine de vie
et de sève, un spadassin en costume du sei-
zième siècle, peinture très-expressive et trai-
tée dans la gamme des portraits de Velasquez
et aussi une bonne esquisse d'après nature
d'un sculpteur eu blouse grise. Les œuvres
plus importantes de M. Agneessens n'ont
point cette fraîcheur qui rend si méritantes
ses diverses études. Un profil de femme, bien
dessiné et étudié avec grand soin est d'un effet
peu agréable; la sécheresse est le principal
défaut de ce portrait et la gamme des tons en
est peu distinguée. Tout au contraire, un por-
trait de vieillard du même artiste pêche par
l'absence d'accentuation. Jana est une figure
expressive de jeune femme moelleusement
couchée, éclairée d'un jour mystérieux et
chaud. Peinture large et facile d'un effet très-
original.

M. Henri Vanderhecht est un paysagiste
déjà connu par de bons paysages qui ont paru
à diverses expositions. S'il aime et comprend
la nature, c'est particulièrement sous ses as-
pects les plus simples qu'il s'efforce de la re-
produire avec une entière naïveté. Les œuvres
de l'exposition du Cercle n'étant point numé-
rotées, il nous est difficile de désigner parmi
les paysages plutôt telle toile que telle autre.
Disons que M. Vanderhecht voit juste et rend
fidèlement. Nous n'en saurions dire autant de
M. Haseleer, dont les qualités sont d'un autre
genre et qui semble remarquablement doué
pour la peinture de paysage dite historique.
Il accuse avec énergie les anfractuosités des
rochers, masse les nuages en lignes imposan-
tes et brosse vigoureusement les terrains. Ce
sont là ses qualités. Mais il a pour défauts une
extrême lourdeur de travail et ses œuvres
laissent à désirer sous le rapport du dessin.
Les arrière-plans manquent absolument de
légèreté et l'on se rend difficilement compte
des divers accidents de terrain, dont rien
dansleton n'amènela fuite et qui, très-impar-
faitement indiqués par la forme perdent tout
intérêt. A quelque distance les paysages de
M. Haseleer attirent. De près, il ne supportent
plus l'analyse..

M. E. Blancgarin est l'auteur d'une bonne
étude académique de grandeur naturelle trans-
formée en Enfant prodigue. Le peintre a eu
tort à nos yeux d'ajouter comme fond à son
étude des convives costumés à l'antique, mal
étudiés et qui déparent plutôt qu'ils n'ajou-
tent à la valeur de son étude correcte mais
froide. On dit que M. Blancgarin vient d'être
admis premier à l'Ecole des Beaux-Arts de
Paris. L'œuvre qu'il a exposée au Cercle est
une fort bonne étude; malgré les accessoi-

res que le peintre y ajoute, nous ne saurions
la prendre pour un tableau. Envisagée à ce
point de vue, elle serait incomplète.

M. Verdeyen est un ancien lauréat de l'aca-
démie. 11 y a remporté avec un certain éclat,
le prix de composition. — H ne nous fournit
guère l'occasion d'apprécier de nouveau ses
qualités de compositeur, si ce n'est dans une
esquisse très-peu faite de l'Annonciation aux
bergers, d'une mise en scène facile et simple,
et dans une autre esquisse datée de 1861, re-
présentant la Résurrection de Lazare; celle-ci
nous remet en mémoire la composition qui va-
lut à M. Legendre son prix de Rome. Il nous
paraît évident que l'un des artistes a dû s'inspi-
rer de l'autre. M. Verdeyen a exposé en outre
une tête de femme d'un style gracieux, d'un
coloris rosé au fond très-agréable mais peu
sérieux. Peut-être est-ce un effet de lumière
que l'artiste a voulu produire, car il a déposé
à côté de la main de son joli modèle, une lor-
gnette de théâtre. M. Verdeyen, ne nous sem-
ble point avoir tenu tout ce qu'il promettait.
Se laissant aller à sa facilité de composi-
teur, il collabore à diverses publications dont
ses dessins font un des principaux attraits
pour les amateurs de satyres politiques, mais
il semble avoir pris à ce genre de travaux
l'habitude de faire vite, toujours funeste aux
artistes. Les deux paysages exposés par M.
Verdeyen, montrent d'une manière frappante
où ce système regrettable peut entraîner des
artistes même de son intelligence. Les pein-
tures de M. David Oyens, frappent au milieu
de l'exposition du Cercle par un caractère
tout particulier d'originalité. Coloriste dans
la véritable acception du mot, M. Oyens trouve
des harmonies d'une étonnante richesse et
pourtant d'une sobriété pleine de goût. Dès l'a-
bord on reconnaît en lui un compatriote de
Rembrandt.

M. Oyens est né peintre de genre: un cro-
quis de scène biblique (Laissez venir à moi
les petits enfants), qu'il expose, le prouve au
moins autant que la supériorité de ses œuvres
peintes. Le travail interrompu est une petite
toile charmante dans laquelle, l'effet combiné
de la lumière naissante du jour et de la flamme
de la lampe qui s'éteint, est rendu avec une
habileté rare. Il manque à M. Oyens la pré-
cision du dessin que le travail lui donnera.
Mais chez lui comme chez M. Wauters et
chez M. Agneessens, la nature s'est montrée
prodigue de ces qualités que nulle pratique
ne donne et auxquelles l'on distingue les vrais
artistes de ceux qui ne connaissent que la
partie matérielle de leur art. Avant de se met-
tre à l'ouvrage, est encore un tableautin du
plus joyeux effet. Nous nous trompons fort,
ou M. Oyens est fait pour occuper un jour
une place distinguée parmi les peintres de gen-
re de la Hollande.
 
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