Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 171 —

nale agirait avec intelligence si elle faisait
étudier par un homme spécial et au profit de
tous, la partie archéologique de la commune ;
elle en vaut vraiment la peine.
Novembre, 1868. Ad. S.

{Correspondance particulière.)

Bruxelles.

Quoi qu'en disent les novateurs dont les as-
pirations tendent à créer, à côté de l'art dans
ses attributions les plus sérieuses et les plus
nobles, une branche nouvelle de production,
ayant le monopole de tout se qui s'écarte du
tableau proprement dit, nous en sommes
encore à nous demander où, et surtout com-
ment, s'élèvera cette barrière infranchissable
d'un côté pour les adeptes du grand art, de
l'autre pour ces créateurs de choses artisti-
ques auxquels il sera interdit de s'élever,
sous peine de déchéance. La solution natu-
relle de ce problème étrange ne réside évi-
demment que dans l'insuffisance des études,
à la base comme au sommet de l'échelle ar-
tistique, car le talent établira entre l'artiste
et l'ouvrier des liens si intimes, qu'ils se
trouveront forcément côte à côte.

Que l'on cherche à porter la pioche dans le
château-lort de la routine, à substituer à ce
mode vicieux d'enseignement qui fait que
dans le monde, sur dix personnes qui ont ap-
pris à dessiner, il n'y en a pas trois qui sa-
chent traduire leur pensée par le crayon, rien
de mieux; mais, quoi qu'on fasse, l'on n'em-
pêchera jamais que celui-là seul sera créa-
teur, dont le génie aura été fécondé par les
études les plus sérieuses et les plus appro-
fondies. Depuis la première page jusqu'à la
dernière, l'histoire de l'art est là pour l'at-
tester: dans tous les pays, c'est sous l'iufluen-
ceet par l'exemple des plus grands maîtres que
les objets, en apparence môme les plus hum-
bles, ont revêtu ce cachet de supériorité qui
les impose à notre admiration. On ne pensait
pas jadis à contester à l'artiste le droit d'ap-
pliquer ses études à l'embellissement de toute
chose, et, il faut le dire aussi, il pensait quel-
quefois lui-même à les étendre au delà de la
sphère de sa spécialité. Et c'est pour cela que
lorsque, dans les musées, une chose quelcon-
que nous frappe par une distinction particu-
lière, le nom de son auteur sera toujours ce-
lui d'un maître, peintre, sculpteur ou archi-
tecte.

Aujourd'hui, de toutes parts, on cherche à
limiter le champ artistique. Tantôt l'on con-
fine les artistes dans les bornes de la moder-
nité , tantôt on déclare d'avance frappés de
stérilité leurs tentatives d'applications indus-
trielles, si bien qu'il ne leur reste d'autre
ressource que d'emboîter le pas dans les voies

banales de l'art moderne. Si l'occasion leur
était plus souvent offerte d'en sortir, l'on se-
rait peut-être étonné de ce qu'ils savent pro-
duire. Je sais bien que l'on montre de médio-
cres travaux décoratifs signés de noms con-
nus, mais je sais aussi que les auteurs de ces
travaux ont plus de savoir faire que de savoir
et que leurs œuvres essentielles ne sont guère
plus à l'abri de la critique que leurs travaux
accessoires. En règle générale, j'établis que
chaque fois que l'on a songé à demander un
travail à un homme de talent, on a obtenu
une œuvre sérieuse, et quelle qu'elle fût, par-
faitement au niveau de ce que l'on était en
droit d'attendre de celui qui la produisait. Il
ne perdait point ses défauts, mais il conser-
vait ses qualités. Dans aucun travail artistique
l'on ne saurait exiger davantage.

J'ai sous la main une preuve immédiate de
I'exactitnde des lignes qui précèdent. M. J.
Stallaert, professeur à l'académie royale,
chargé d'exécuter pour l'hôtel du Comte de
Flandre un certain nombre de peintures dé-
coratives, vient d'exposer un plafond destiné
à la grande salle des réceptions de la demeure
princière. Le sujet choisi par l'artiste est la
Paix, donnée splendide, affectionnée par
les poètes et interprétée par eux de la façon
la plus diverse. Selon les époques et les pays,
l'idée delà paix se transforme, en effet, et,
depuis Rubens jusqu'à Edwin Landseer, en
passant par Lebrun, nous la voyons revêtir
une forme nouvelle, selon les aspirations du
moment. Notre paix à nous, ne réclame point
les attributs guerriers ni l'altière puissance
de la déesse encensée sous Louis XIV; elle
est bien plus conforme au rêve du chanson-
nier populaire, où elle descend du ciel dans sa
robe éclatante, et, « Semant des fleurs, de
l'or et des épis. » Telle aussi l'a conçue M.
Stallaert. Pour lui c'est la mère féconde de
tous les biens de l'humanité, l'inspiratrice des
arts, la source éternelle du progrès. Elle
plane au milieu du ciel pur, et, à son aspect,
se dissipent les nuages et se sèchent les lar-
mes des mères en pleurs. Elle n'est point en-
vironnée du cortège pompeux de la force et
des armes; la blanche colombe au rameau
d'olivier annonce sa venue, comme une trou-
pe joyeuse de gracieux amours la suit et
l'environne. Elle enchaîne de fleurs le lion
assoupi; sous son empire fleurissent les arts
et l'industrie, naît l'abondance, et, vers elle, le
travailleur des champs et celui de l'usine lè-
vent les yeux tandis que la science, de sa main
puissante, brise le glaive des luttes fratricides.
Voilà l'ensemble du vaste travail de M. Stal-
laert.

Forcé, par les exigences delà salle, de déve-
lopper sa composition dans un cadre fort al-
longé, l'artiste a su pourtant éviter ce que les

proportions de sa toile avaient de défavorable
et sauver, par une heureuse disposition des
groupes comme par la légèreté du ton, ce
que le resserrement de l'espace avait de pré-
judiciable.

Peut-être eut-il mieux fait de conserver
dans toutes les parties, même au premier
plan, les vaporeuses indications des profon-
deurs et l'unité pleinede grandeur du groupe
énergique de sa composition, la chute des
combattants au coin inférieur de gauche.
Mais il a dû, sans doute, travailler en vue d'un
ensemble décoratif et hausser son œuvre au
ton général de l'appartement. Sans recher-
cher la dangereuse ficelle des perspectives
plafonnantes, M. Stallaert a sagement évité
l'inconvénientqui résulte del'application dans
une voûte, d'un simple tableau, et, sans les
rechercher, admis les raccourcis autant qu'il
en fallait pour garder l'illusion. De tout cela
il faut le louer. Legroape des arts, intimement
unis, est un des plus heureux de son œuvre,
mais il mérite encore bien plus d'éloges
pour le caractère et la vigueur qu'il a su don-
ner aux lutteurs par lesquels il personnifie la
guerre.

Et maintenant, je le demande, M. Stallaert
s'est-il amoindri en peignant ce plafond?
Est-il sorti de son rôle d'artiste en abordant
un travail qui, aux yeux de certaines person-
nes, est une œuvre de décorateur! Il serait
absurde de le prétendre, et, s'il fallait formuler
un vœu, ce serait de voir souvent nos artistes
appelés à exécuter des travaux de ce genre.
C'est là pour eux l'école du grand effet et de
la grande composition, et ils trouveraient
pour les guider dans la voie, Véronèse, Ti-
tien, Rubens, le Guide, le Dominiquin et cent
autres portant les noms les plus illustres.
Mais les occasions sont rares chez nous et
quand il y en a, c'est trop souvent le pinceau
des artistes étrangers qu'on réclame, alors
qu'à l'étranger on demande nos artistes, ce
qui n'est pas une compensation suffisante.

Plusieurs de nos peintres ont travaillé de-
puis un an à décorer un palais de Florence et
M. Markelbacha dû se rendre tout récemment
en Italie, pour y terminer sur place une série
de panneaux charmants commandés par je
ne sais quel prince florentin. Cela prouve
pour le moins que l'art flamand jouit encore
à l'étranger de quelque renom.

Nous aurons avant peu le rapport du jury
de l'exposition de la gare du midi. Nul doute
que ce document n'offre un haut intérêt et ne
soit une œuvre littéraire d'un réel mérite,
confié à la plume de deux hommes de la va-
leur de MM. Rousseau et Max. Veydt. Malheu-
reusement ces messieurs devront être beau-
coup moins explicites que la circonstance ne
le comporte, ayant à parler au nom d'une as-
 
Annotationen